En quelques semaines, la campagne pour les élections municipales va faire de ce méridional au visage ouvert, à l'accent de personnages de Pagnol une vedette de la politique. En s'attaquant à Gaston Defferre, maire de Marseille et ministre de l'Intérieur, pour essayer de lui enlever sa mairie, Jean-Claude Gaudin se lance dans une campagne pleine de pugnacité : n'a-t-il pas fait apparaître, dit-on, le ministre socialiste comme un notable d'ancien régime, un « privilégié », tandis que lui, le giscardien — au demeurant fils d'un modeste artisan maçon marseillais —, incarnait le type même du self-made man politique ?

Jean-Claude Gaudin, qui est né en 1939, jouit d'une grande popularité au sein de la famille UDF. On parle déjà de lui à propos de la succession de Jean Lecanuet à la présidence.

François Léotard : l'espérance nécessaire

Quand on le voit juché sur sa moto, on a peine à croire qu'il s'agit d'un honorable parlementaire et, de surcroît, du secrétaire général du parti républicain, un parti qui ne passe pas spécialement pour anticonformiste. Pourtant aux giscardiens historiques viennent s'adjoindre des hommes qui ont un style plus décontracté que leurs aînés : François Léotard est de ceux-là. Âgé d'un peu plus de quarante ans, il a été novice dans un couvent bénédictin avant de terminer ses études et de s'engager dans une carrière qui, à ses débuts, est celle d'un haut fonctionnaire, puisqu'il passe par les cabinets ministériels et préfectoraux. Mais ce romantique, lecteur de Kierkegaard, d'Eluard et d'Aragon, bifurque brusquement vers la politique. Membre du PR, il se fait élire maire de Fréjus en 1977, puis il devient député du Var l'année suivante ; il le restera en 1981 en dépit du raz de marée socialiste. Secrétaire général du PR depuis septembre 1982, il mène une campagne active pour l'opposition avant les municipales de mars 83 et il est lui-même facilement réélu maire de Fréjus. Libéral, viscéralement anticommuniste, il affirme que l'opposition doit « proposer une espérance ».

Anne-Dominique pain à peine 18 ans

Madame le ministre des Droits de la femme peut être satisfaite : les représentantes du sexe qualifié jadis de faible se lancent de plus en plus tôt dans la politique... Regardez Anne-Dominique Pain. On dirait une écolière bien sage, avec ses longues nattes et son air appliqué. Et, pourtant, elle est déjà conseillère municipale de Neuville-de-Poitou, chef-lieu de canton de la Vienne. Née en 1964, elle n'a que dix-huit ans et demi lors des élections municipales de mars 1983, ce qui fait probablement d'elle la plus jeune élue du pays. À l'âge où l'on ignore généralement ce qu'est une commune et comment elle est gérée, cette étudiante en lettres de Poitiers, qui veut devenir professeur d'anglais, a nommé sans hésitation les commissions auxquelles elle souhaiterait appartenir : celles des sports et de l'enseignement.

Monique Madier

Alain Duhamel