Le rapport du groupe d'Atlanta souligne que, chaque année, plus de 1 700 cas de cancers ovariens, qui figurent parmi les tumeurs les plus dangereuses et les plus difficiles à traiter, sont ainsi évités aux États-Unis. Les résultats sont encore plus spectaculaires, s'il est possible, pour les tumeurs de l'utérus (cancers de l'endomètre) : le risque est diminué de moitié chez les femmes ayant pris la pilule pendant au moins un an. L'effet protecteur persiste pendant au moins dix ans après l'arrêt de la prise des contraceptifs oraux. Selon les enquêteurs d'Atlanta, 2 000 cas de cancers de l'endomètre sont ainsi évités chaque année aux États-Unis.

L'effet protecteur est généralement attribué à la progestérone, l'hormone qui entre dans la composition de la plupart des contraceptifs oraux.

La troisième enquête, qui portait sur les cancers du sein, n'a pas montré de différence statistique entre le groupe des utilisatrices et le groupe témoin. Mais ce résultat suffit à infirmer la prédiction de certains gynécologues, qui, il y a dix ou quinze ans, affirmaient que les contraceptifs produiraient une explosion de cancers mammaires. Certains chercheurs se demandent si l'introduction de contraceptifs plus fortement dosés en progestérone ne diminuerait pas le nombre de ces cancers.

Génétique

Les travaux menés par plusieurs équipes britanniques et américaines ont permis d'identifier des séquences particulières d'acides nucléiques qui transforment in vitro des cellules normales en cellules cancéreuses. On dénombre actuellement 22 de ces structures « oncogènes ». Or, il se trouve que, identifiées initialement dans des virus, elles ont été retrouvées chez de nombreuses espèces vivantes ; elles pourraient avoir joué un rôle dans l'évolution.

Une modification minime de l'ADN du patrimoine génétique serait impliquée dans le processus préliminaire de cancérisation, mais, pour le déclencher, il faudrait l'action conjointe de deux facteurs : soit l'apparition de deux structures oncogènes, soit celle d'un oncogène et d'un cancérogène chimique. La chimie moléculaire apporte ainsi une contribution qui pourrait devenir précieuse au diagnostic et au traitement des cancers.

Michel Rouzé

L'inquiétant retour du paludisme...

Les campagnes de destruction massive par le DDT des moustiques vecteurs du paludisme avaient fait espérer, dans les années 1950, qu'on approchait de l'éradication définitive du fléau. Il a fallu déchanter. Devenus résistants au DDT et aux insecticides qui lui ont succédé, les moustiques réoccupent victorieusement le terrain. Par surcroît, le parasite lui-même, agent direct du mal, devient lui aussi résistant aux médicaments antipaludéens du type chloroquine, qui permettaient de traiter les sujets déjà atteints. En 1968, l'Organisation mondiale de la santé reconnaissait son échec. Depuis cette date, les malades sont devenus, d'après certaines estimations, deux fois et demie plus nombreux, et la situation s'aggrave d'année en année. Environ 40 % des habitants de la planète vivent dans des zones touchées par le paludisme, devenu la première cause de mortalité infantile. Les pays industrialisés pourraient à leur tour être touchés.

Vaccin

L'industrie pharmaceutique cherche fébrilement de nouveaux médicaments antipaludéens. En septembre, un congrès international a réuni à Annecy des chercheurs de la Fondation Mérieux, de l'Institut de parasitologie de Grenoble et de l'université de l'Illinois aux États-Unis. Plus que de la chimiothérapie, dont les découvertes sont toujours rattrapées par l'apparition de parasites résistants, on attend le salut de la mise au point d'un vaccin. Une vingtaine d'équipes y travaillent dans le monde, en particulier aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Australie et en France. L'Institut Pasteur a isolé chez le parasite la protéine qui déclenche chez l'homme la réponse immunitaire. Des essais sont menés en Guyane sur des singes. S'ils se révèlent positifs, l'objectif pourrait être de faire produire la protéine immunisante par des bactéries, grâce aux techniques de l'ingénierie génétique.

... Et de la maladie du sommeil

Causée par un autre parasite (le trypanosome) et véhiculée par un insecte buveur de sang (la glossine ou mouche tsé-tsé), la trypanosomose ou maladie du sommeil, répandue sur le tiers du continent africain, paraissait endiguée vers la fin de l'ère coloniale. Elle manifeste actuellement une dangereuse recrudescence au Zaïre, en Ouganda, au Soudan, au Cameroun et en Côte-d'Ivoire. On estime le nombre de cas nouveaux à vingt mille par an. Les recherches s'orientent vers une adaptation de l'action médicale aux nouvelles conditions socio-économiques des pays africains, vers une meilleure compréhension des causes de la persistance des foyers et des causes des flambées épidémiques, enfin vers une étude de la constitution génétique du parasite. Le trypanosome possède en effet la propriété particulière de changer constamment ses antigènes de surface, ce qui lui permet d'échapper aux défenses immunitaires de l'hôte.