Ce modèle laisse néanmoins de nombreuses questions sans réponse et ne fait pas l'unanimité. À n'en pas douter, d'autres hypothèses vont être avancées dans les mois qui viennent, afin de déterminer si l'on se trouve bien en présence d'une variété particulière de pulsars, ce qui obligerait les astrophysiciens à remettre en cause une partie de ce qu'ils croyaient savoir de ces étoiles, ou à se demander s'ils n'ont pas plutôt affaire à un type d'astre entièrement nouveau.

Philippe de La Cotardière

Deux comètes frôlent la Terre

Chaque année on repère dans le ciel dix à vingt comètes. Observables seulement au voisinage du Soleil, sur une portion généralement très petite de leur orbite, ces astres comptent encore parmi les objets les plus mal connus du système solaire. Aussi la découverte, à quelques jours d'intervalle, de deux comètes en passe de frôler la Terre a-t-elle constitué pour les spécialistes une véritable aubaine.

Observations

Détectée d'abord dans l'infrarouge, le 25 avril, par le satellite IRAS (Infra Red Astronomical Satellite), puis aperçue indépendamment, le 3 mai, par deux astronomes amateurs, le Japonais Genichi Araki et l'Anglais George Alcock, la première de ces comètes reçoit, conformément à l'usage, l'appellation de comète IRAS-Araki-Alcock ; comme elle est la quatrième comète découverte en 1983, on la désigne aussi par le matricule 1983 d.

Son déplacement rapide sur le fond des étoiles permet d'établir qu'elle décrit une orbite inclinée de 73° sur l'écliptique, qui lui vaudra de passer le 21 mai à moins de 150 millions de km du Soleil. Mais, surtout, elle fonce vers la Terre, dont elle s'approche le 11 mai à quelque 4 600 000 km, soit 12 fois seulement la distance Terre-Lune. Bien visible à l'œil nu, elle forme alors une nébulosité de plus de 3° de diamètre, dont l'éclat atteint la magnitude 2. Parmi toutes les comètes connues, seule la comète Lexell, en 1770, était venue plus près de nous.

À la faveur de cette circonstance exceptionnelle, de nombreuses observations ont tendu à mettre en évidence le noyau de la comète, à détecter les molécules qui s'en échappaient, ou à préciser les caractéristiques physico-chimiques de la région centrale de la chevelure. L'analyse des échos radar recueillis par le radiotélescope d'Arecibo, à Porto Rico, et par l'antenne de Goldstone, en Californie, devrait fournir de précieuses indications sur la structure et la rotation du noyau.

D'ores et déjà, des spectres de la chevelure obtenus dans l'ultraviolet grâce au satellite IUE (International Ultraviolet Explorer) établissent pour la première fois la présence dans une comète de soufre diatomique, et révèlent des émissions exceptionnellement intenses de sulfure de carbone.

À peine les spécialistes se sont-ils mobilisés pour étudier la comète IRAS-Araki-Alcock, qu'une nouvelle visiteuse de l'espace interplanétaire retient l'attention : la comète Sugano-Saigusa-Fujikawa, 1983 e. Découverte le 8 mai par trois astronomes amateurs japonais, elle est passée trois jours auparavant à sa plus faible distance du Soleil, 69 millions de km. Très différente de celle de la comète IRAS-Araki-Alcock, sa trajectoire la conduit cependant, elle aussi, à passer très près de la Terre : le 12 juin, elle en est à quelque 9 millions de km — soit moins de 25 fois la distance de la Lune — offrant ainsi aux astronomes l'occasion de répéter, en les améliorant, leurs expériences du mois précédent, avec l'espoir d'obtenir une confirmation de certains résultats nouveaux.

Philippe de La Cotardière

L'énigme du soleil noir

Peut-être le Soleil possède-t-il un compagnon obscur : une étoile plus lourde que lui, mais éteinte depuis longtemps, autour de laquelle il tournerait. Cette hypothèse est l'une de celles avancées aujourd'hui pour expliquer les incartades des planètes lointaines.

Déjà, au début du siècle, les irrégularités du mouvement d'Uranus et de Neptune — les dernières planètes du système solaire alors connues — avaient incité les astronomes à rechercher une planète encore plus lointaine. Celle-ci a été découverte en 1930 et dénommée Pluton. Mais, selon les plus récentes déterminations, sa masse ne dépasserait pas le 1/500 de celle de la Terre. Elle est donc tout à fait insuffisante pour rendre compte des perturbations du mouvement d'Uranus et de Neptune. Aussi les spécialistes sont-ils conduits à admettre l'existence d'un objet massif au-delà de Pluton, d'autant plus que le mouvement de cette planète présente lui-même des irrégularités.