Peu après son lancement, il a détecté plusieurs dizaines de sources IR dans le Grand Nuage de Magellan, petite galaxie annexe de la nôtre à quelque 155 000 années-lumière : il pourrait s'agir d'étoiles en formation (protoétoiles) encore enveloppées de leur cocon d'hydrogène et de poussières. Par ailleurs, on sait que la lumière venue des galaxies lointaines est décalée vers le rouge en raison de leur vitesse de fuite, liée à l'expansion de l'Univers. Pour les plus éloignées, ce décalage va jusqu'à l'IR ; elles ne sont plus observables en lumière visible. Les images que nous en recevons nous les montrent telles qu'elles étaient il y a des milliards d'années, temps que leur lumière a mis à nous parvenir. IRAS a donc exploré les époques révolues de l'Univers, lorsqu'il enfantait encore des galaxies nouvelles.

Ultraviolet

En mars, une fusée soviétique a mis sur orbite le satellite Astron, porteur d'un télescope de 0,80 m d'ouverture auquel est associé un spectromètre fourni par la France. Astron observe le ciel en UV lointain (longueur d'onde de 1 150 à 3 500 angströms). Grâce à une orbite très aplatie (périgée à 2 000 km, apogée à 200 000 km), il travaille presque tout le temps à l'extérieur de la ceinture de particules électrisées qui entoure la Terre et qui gênerait la réception de ce rayonnement.

Rayons X

Depuis 1970, l'astronomie des rayons X a engrangé une telle moisson de découvertes que les astrophysiciens ont qualifié cette période de « décennie prodigieuse ». Lancé à partir d'une plate-forme italienne ancrée au large du Kenya, le satellite Uhuru (liberté en swahili) a trouvé dans notre Galaxie des étoiles doubles dont l'une des composantes est une étoile ordinaire et l'autre un objet superdense (résidu de l'explosion d'une supernova), soit une étoile à neutrons, soit un trou noir, dont la gravité retient même la lumière. L'astre superdense aspire la matière de son compagnon : le jet atteint une vitesse de plusieurs centaines de kilomètres par seconde et une température de plusieurs millions de degrés, d'où le rayonnement X. Uhuru a également détecté, dans des amas de galaxies, des sources X probablement liées à des trous noirs dont la masse serait un million de fois celle de notre Soleil.

Toutefois, Uhuru ne focalisait pas le rayonnement reçu ; les sources étaient mal localisées et il était difficile de décider s'il fallait les identifier à un objet déjà connu. Le premier vrai télescope satellisé à rayons X, lancé en 1978, reçut le nom d'Einstein ; c'était l'année du centième anniversaire de la naissance de celui-ci. Il a été suivi de plusieurs autres. Le dernier en date, le satellite européen Exosat, lancé en mai 1983, possède des spectromètres capables de donner des informations sur les phénomènes physico-chimiques qui ont lieu dans la source émettrice.

Gamma

La longueur d'onde des pilotons étant inférieure aux distances inter-atomiques dans les corps solides, aucun dispositif matériel ne peut les focaliser. De plus, comme ils transportent beaucoup d'énergie, les sources même très puissantes ne les émettent qu'à intervalles espacés. Pour les détecter, il faut des appareils de grandes dimensions, donc une astronautique puissante.

Divers mécanismes peuvent émettre dans l'espace des photons. L'un d'eux, prévu par la théorie, résulte de collisions entre particules matérielles ultrarapides du rayonnement cosmique (protons ou électrons). Entrevu par un détecteur embarqué en 1968 à bord d'un satellite de la NASA, ce phénomène a été observé par le premier satellite spécialement destiné à l'astronomie γ, le SAS-2, lancé par les Américains en 1972. Avant de tomber malencontreusement en panne, 8 mois après son lancement, SAS-2 avait eu aussi le temps de retrouver un autre type de rayonnement γ, émis par les pulsars, ces étoiles à neutrons remarquables par la périodicité de leur émission dans le spectre radio. Outre le rayonnement γ émis par le pulsar dans la célèbre nébuleuse du Crabe, SAS-2 avait détecté celui d'un autre pulsar, dans la constellation des Voiles, et aussi, dans la constellation des Gémeaux, une source γ mystérieuse qu'on n'a jusqu'ici identifiée à aucun objet connu et qu'on a provisoirement baptisée « Geminga ». L'Agence spatiale européenne a lancé à son tour, en août 1975, un satellite astronomique γ, COS-B, qui a fonctionné jusqu'en avril 1982, recueillant une telle masse de données que leur dépouillement s'est poursuivi durant l'année 1983. Un premier bilan, publié en juin, fait état de la découverte de 25 nouvelles sources γ, dont 4 seulement correspondent à des objets connus. Les 21 sources non identifiées sont groupées autour de l'équateur galactique, ce qui fait problème si on veut les attribuer à des pulsars, car ces derniers sont répartis plus largement dans l'espace.