Automobile

Un effort de recherche qui porte ses fruits

« Nous sommes arrivés à une époque tournant de l'histoire de l'automobile, une époque de remise en cause profonde des compromis antérieurs », écrivent les constructeurs français dans une brochure qui fait le point de leurs activités dans la recherche et le développement. En effet, les contraintes concernant la pollution imposées par les administrations des pays développés, d'une part, et les économies d'énergie depuis octobre 1973, d'autre part, se sont révélées comme deux obligations majeures.

Technologie

Ce défi peut être relevé en raison de l'accélération de la technologie dans de nombreux domaines, et notamment dans celui des polymères (qui ouvre la voie à des matériaux nouveaux), dans l'électronique (avec toutes les possibilités de régulation qu'elle implique) et dans l'informatique, qui fournit aux chercheurs de nouveaux outils extrêmement performants. Dynamique des fluides, métallurgie fine, maîtrise des phénomènes de chaleur ont aussi, notamment, réalisé des progrès considérables.

« Dès lors, écrivent les constructeurs français, les conditions étaient remplies pour que la recherche développement fasse un bond en avant. Et c'est bien ce qui s'est produit. » Actuellement, 15 130 personnes sur les quelque 394 000 de la branche automobile, soit 3,8 %, se consacrent à la recherche et au développement. Cette proportion ne fait que croître : alors que les effectifs globaux ont tendance à baisser depuis 1976, ceux des chercheurs augmentent très régulièrement, quels que soient les aléas de la conjoncture.

Cette recherche porte déjà ses fruits. Sait-on, par exemple, que Renault a la gamme la plus sobre du monde — sa moyenne de consommation est tombée au-dessous de 7 litres, au début de 1982 — et que les constructeurs français, dans leur ensemble, fabriquent les voitures les moins gourmandes de leurs catégories ?

Retombées

Peugeot et Renault ont présenté, dans les délais, leurs laboratoires roulants d'innovations technologiques : Vera 01 et Eve, sur base 305 et R 18, dont la consommation à 90 km/heure est de 4,8 litres aux 100 km.

À Genève, Peugeot présente Vera 02 équipée d'un moteur Diesel spécifique (1 360 cm3 compressé de 62 ch DIN), cette voiture prototype de 3 CV fiscaux ne consommant que 3,5 litres à 90 km/heure, 5 litres à 120 km/heure et 5,2 litres en cycle urbain. Avec une vitesse maximale de 158 km/heure et des performances comparables à celles de la 305 essence normale.

Le client bénéficie plus rapidement qu'on ne le croit des retombées de ces efforts. Renault a été le premier, avec la R 5, à passer le cap des 5 litres à 90 km/heure. Peugeot paraît bien placé pour franchir celui des 4 litres, en 1983 ou 1984. Et on s'attend à ce que le seuil des 3 litres aux 100 km soit atteint en 1989-1990. Pour cela, les petits modèles pèseront moins de 500 kilos au lieu de 800 actuellement. Renault mise sur l'aluminium et les alliages légers, Peugeot sur les nouvelles matières plastiques. Ces voitures seront équipées de petits moteurs Diesel turbocompressés.

Offensive anti-japonaise des Européens

« En conduisant une européenne, vous sauvegardez des emplois, y compris en Suisse. » Ce slogan, apposé sur les stands et même sur les pare-brise de tous les exposants — non japonais — du 52e Salon de l'automobile de Genève (4-14 mars 1982), traduit bien la prise de conscience collective des Européens face aux dangers qui les guettent.

Dans cette période difficile pour l'automobile européenne, la dimension économique et sociale des problèmes ne peut être évacuée, même dans le cadre d'une manifestation internationale théoriquement neutre.

Innovations

Le Salon de l'automobile de Genève, qui s'affirmait de plus en plus comme la grande manifestation internationale, celle qui donne le ton, est assez décevant. Aucune nouveauté majeure n'y est dévoilée, à l'exception de la Volvo 760, grosse voiture destinée principalement au marché américain, pour lequel elle a été dessinée. On remarque les dérivés longs de la Peugeot 505 (break et familiale), qui sont très attendus à l'exportation, notamment sur les routes africaines.