Les régimes en place en sont réduits à envisager des compromis : les autorités, en Égypte et en Tunisie, ne réussissent pas à proscrire en septembre 1981 le port du costume islamique, et l'Assemblée populaire nationale algérienne doit ajourner une fois de plus, en janvier 1982, l'adoption d'un nouveau Code de la famille qui divise profondément le pays.

Frères musulmans

C'est en Égypte et au Proche-Orient — en Syrie notamment — que l'islam est devenu aujourd'hui la force politique la plus active, et la clé de bien des évolutions. C'est là que les organisations intégristes islamiques, qu'on regroupe sous le vocable de Frères musulmans, s'imposent comme les adversaires les plus résolus et les plus efficaces des régimes en place.

Le président égyptien Anouar el-Sadate, qui s'est longtemps appuyé sur les intégristes pour affronter et éliminer une gauche fidèle au nassérisme, s'aperçoit que ses alliés risquent de le déborder et de remettre en cause bien des aspects de sa politique.

Si le parti Baas est incontestablement, à l'origine, une force d'inspiration laïque et progressiste, le régime syrien, sous l'influence des proches du président Assad, s'apparente de plus en plus à un système autoritaire appuyé sur la minorité alaouite, qui a réussi à éliminer toute résistance organisée autre que celle des Frères musulmans.

Les organisations musulmanes exécutent d'audacieux attentats en plein centre de Damas (175 morts en novembre 1981, destruction du ministère de l'Information en février 1982) et encadrent en février 1982 le soulèvement de la ville de Hama, qui sera réprimé au prix de milliers de morts.

Chiites

Un autre front, qui embrase latéralement tout le Proche-Orient, est ouvert par une véritable Internationale chiite, que la révolution iranienne a fortement encouragée. Elle se manifeste dans le Golfe, où elle paraît menacer sérieusement certains régimes, contraints à la défensive depuis la tentative de coup d'État pro-iranien à Bahrein, à la mi-décembre 1981.

Le mouvement chiite joue également un rôle décisif au Liban, où l'organisation Amal se pose de plus en plus en rivale de la gauche palestino-progressiste, qu'elle affronte militairement, de plus en plus souvent. Depuis la disparition en Libye de son fondateur, l'imam Moussa Sadr, Amal multiplie en outre les représailles : attentats et détournements d'avions en août et en novembre 1981, et en février 1982, notamment.

On le voit, l'islam est de moins en moins ce puissant facteur d'unification du tiers monde afro-asiatique ; il est surtout devenu facteur de divisions.

Israélites

Les synagogues, comme les institutions juives de France, et plus particulièrement les écoles, continuent à être gardées. La présence quotidienne des CRS et des barrières de protection est sans doute le signe le plus évident du nouvel environnement des juifs de France. Ils sont profondément émus par l'attentat meurtrier du 3 avril 1982 contre Yaacov Barsimantov, conseiller de l'ambassade d'Israël à Paris. Un an après Copernic, le terrorisme épargne les institutions de la communauté juive. Les juifs sont cependant indignés et inquiets des attentats antisémites qui se produisent de plus en plus souvent dans divers pays voisins.

Ainsi, deux individus tirent, le 29 août 1981, sur les fidèles d'une synagogue à Vienne. Ils font deux morts et blessent dix-huit personnes.

Ils sont arrêtés par un hasard de circonstances. L'un d'eux est iraqien, l'autre est originaire de Naplouse (Cisjordanie). Dans ce cas précis, la preuve est faite que c'est le terrorisme arabe — télécommandé ou non par l'OLP —, qui s'attaque à la communauté juive.

Déjà, deux terroristes arabes avaient agressé, en juillet 1980, à Anvers, un groupe d'adolescents juifs (Journal de l'année 1980-1981).

C'est encore à Anvers que le terrorisme frappe à nouveau, le mardi 20 octobre 1981. Une explosion d'une grande violence fait dans le quartier juif trois morts et cent blessés. Le fait qu'en ce jour de fête de Simhat Tora l'office matinal ait été retardé a évité une véritable tragédie.