Dans un premier temps, les électrons et les positrons du LEP seront accélérés jusqu'à 50 GeV. L'énergie totale du choc sera donc de 100 GeV, mais ces deux particules pouvant s'annihiler complètement, leur masse donne alors un paquet d'énergie susceptible de se matérialiser sous forme de particules nouvelles. La formation des bosons intermédiaires de la force électrofaible sera beaucoup plus facile à détecter que dans les collisions protons-antiprotons. Dans une seconde étape, l'énergie des faisceaux pourrait être portée à 120 GeV.

Opérationnel

Si les travaux, comme l'espèrent les optimistes, commencent à la fin de 1982, le LEP pourrait être opérationnel en 1989. Entre-temps, un collisionneur de faisceaux de protons et d'antiprotons de 400 GeV sera probablement entré en service à Brookhaven (États-Unis), mais les Z et les W y seront difficilement observables en raison du bruit de fond d'autres événements.

Avec le collisionneur du SPS et la mise en construction du LEP, les physiciens européens prennent un avantage de plusieurs années dans une branche de recherche essentielle à la pleine compréhension des grandes forces de la nature.

L'homme

Archéologie

À Marseille, découverte des premiers vestiges de la cité

Nouvelles découvertes à Marseille : non plus dans un quartier proche du Vieux Port, comme durant les années 60, mais à la butte des Carmes, située environ 400 m au nord.

Dans cette zone, des sondages de reconnaissance engagés à la fin de 1981 par la direction des Antiquités historiques de Provence ont fourni quantités de restes remontant à une période toute proche de la fondation même de la ville.

Vers 600 avant notre ère, des Grecs venus de la cité de Phocée, en Ionie (Asie Mineure), fondent Massalia. Pendant plusieurs siècles, cette ville joue un rôle important en Méditerranée occidentale. Elle ne perd son indépendance qu'avec César. Jusqu'ici, les témoignages remontant aux premiers temps de la cité restaient pratiquement inexistants. Il en va tout autrement désormais. Les sondages dirigés par Guy Bertucchi à la butte des Carmes, dans un secteur où la municipalité prévoit des équipements collectifs, ont livré une masse de tessons de céramique remontant au vie siècle, le premier siècle marseillais.

Les dates sont sûres. On trouve là des styles de poterie bien connus en Grèce même et qui ont été datés avec précision : les coupes ioniennes, par exemple, ou les fragments de vases à décor de figures noires. L'un de ces fragments est l'œuvre d'un peintre connu par ailleurs pour avoir exercé son activité entre 585 et 570.

C'est dire — second point important — que ces objets ont vraiment appartenu aux premières générations de Marseillais. Beaucoup d'objets se trouvent en place, dans des couches homogènes et au contact du sol naturel. Il n'est pas exclu que des fouilles exhaustives ne découvrent même les traces laissées par les premiers occupants du site.

Enfin, ces restes abondants ont été trouvés dans un secteur où beaucoup d'archéologues ne les attendaient pas. La question de savoir si la butte des Carmes avait été urbanisée à l'époque hellénistique restait ouverte. On possède désormais la réponse. Comme l'écrit le rapport sommaire présenté aux Affaires culturelles et à la mairie de Marseille à la fin janvier 1982 : « Dès le deuxième quart du vie siècle, la ville occupait déjà toute l'étendue qu'elle avait au temps du siège par César, et qu'elle retrouve, à peu près, au Moyen Âge. C'est l'illustration la plus claire de l'ampleur de la vague colonisatrice phocéenne. »

Les sondages ont permis d'ailleurs de retrouver des parties du rempart médiéval, lequel avait utilisé le rempart de l'époque hellénistique (derniers siècles avant notre ère). Il reste évidemment à découvrir des structures remontant au siècle de la fondation. Au début de 1982, seul un angle de bâtiment en calcaire blanc avait été trouvé, réutilisé dans un ensemble postérieur. Pour en savoir plus, il faudrait étendre les recherches : la question de véritables fouilles, disposant du temps et des moyens nécessaires, s'est donc posée.