Lors des graves perturbations causées par l'incendie, le 11 novembre 1981, du central téléphonique principal de Lyon, les PTT ont utilisé les possibilités — certes limitées, mais, en l'occurrence, précieuses — qu'offrait le modeste satellite expérimental de télécommunications OTS, appartenant à l'ESA. Grâce à une antenne mobile de 3 m de diamètre installée à Lyon, 30 voies du relais OTS ont assuré des liaisons prioritaires entre cette ville et Paris.

Réseau

Depuis février 1982, une nouvelle organisation internationale, l'INMAR-SAT (International Maritime Satellite), dont le siège est à Londres, met au service des navires un réseau de satellites permettant de communiquer par téléphone, télégraphe, télex, fac-similé, transmission de données et, bien entendu, messages de détresse. Cette société regroupe 34 pays membres, dont la participation est très inégale : 23,38 % pour les États-Unis, 14,10 % pour l'URSS et 0,005 % pour les pays les plus pauvres du tiers monde. La part de la France, qui se situe au septième rang, est de 2,89 %. On prévoit l'éventuelle distribution de bénéfices au prorata du capital investi.

Les satellites demeurent la propriété de leurs fournisseurs, qui les louent à l'organisation. Il s'agit de 3 MARSAT américains, 2 MARECS européens, de l'ESA, et 3 INTELSAT V. De nombreuses stations terrestres, en France Pleumeur-Bodou, assureront le trafic.

Les armateurs qui le désirent peuvent, moyennant paiement d'une redevance, équiper leurs navires d'un terminal loué ou acheté. Un millier de bateaux se sont déjà équipés.

Le marathon de J.-L. Chrétien

Le premier spationaute français, Jean-Loup Chrétien, quitte Baïkonour le 24 juin 1982 en compagnie des deux Soviétiques Jabinekov et Ivantchekov. La mission dure jusqu'au 2 juillet. Pendant ces huit jours, le Français tiendra la vedette et accomplira, avec 400 kg d'instruments divers, 15 expériences pour le compte de 22 laboratoires français. En quittant le Soyouz après le retour dans la steppe du Kazakhstan, Jean-Loup Chrétien avoue, après une semaine passée en apesanteur : « J'ai les jambes fatiguées. C'est comme lorsqu'on vient de courir un marathon. » Ce marathon, en fait, représentait un parcours de plus de 6 millions de kilomètres.

Astronomie

Voyager 2 : une moisson de découvertes sur Saturne

Loin d'être une simple réédition de la mission accomplie en 1980 par Voyager 1, le survol de Saturne par Voyager 2, pendant l'été 1981, se solde par une moisson d'informations nouvelles.

Commencée le 5 juin, l'inspection du domaine saturnien par Voyager 2 se déroule jusqu'au 25 septembre. La sonde passe, le 26 août à 3 h 24 TU, à sa plus faible distance de Saturne : son altitude par rapport aux plus hauts nuages qui enveloppent la planète est de 101 000 km, inférieure de 23 000 km à l'altitude minimale atteinte par Voyager 1. Bien que l'engin, lancé quatre ans auparavant, ait parcouru plus de 2 milliards de kilomètres dans l'espace, le survol ne s'effectue qu'avec un écart de 2,2 secondes et de 50 km par rapport aux prévisions.

Les images de la planète elle-même se révèlent plus contrastées que celles transmises par Voyager 1, autorisant une étude plus détaillée de la circulation atmosphérique. Contrairement à ce que laissaient supposer les photographies prises par Voyager 1, Saturne n'est pas noyé dans la brume. Si les formations nuageuses qui ceinturent la planète apparaissent plus floues qu'autour de Jupiter, c'est en raison de la différence de température entre les deux astres : l'atmosphère de Saturne, parce qu'elle est plus froide, est le siège de réactions chimiques différentes.

Vents

Dans cette atmosphère sont mises en évidence des taches blanches ovales, analogues aux formations anticycloniques observées autour de Jupiter. L'une d'elles mesure 7 000 km sur 5 000 km et abrite des vents qui tourbillonnent à 400 km/h.

Les images transmises par Voyager 1 avaient, par ailleurs, révélé la présence, à l'équateur, de vents extrêmement violents, soufflant à 1 800 km/h, soit quatre fois plus vite qu'autour de Jupiter. Ils semblaient souffler tous vers l'est, alors que, autour de Jupiter, ils soufflent alternativement vers l'est et vers l'ouest, selon la latitude.