Au cours de son voyage européen, marqué du 2 au 11 juin 1982 par le sommet des pays industrialisés à Versailles et des visites à Rome, Londres, Bonn (où il assiste à la réunion de l'OTAN) et Berlin-Ouest, R. Reagan réaffirme son attachement à l'Alliance atlantique, dont les États-Unis n'entendent pas abandonner le leadership, et obtient le principe d'une limitation des crédits d'exportation accordés aux pays de l'Est.

Mais R. Reagan se montre inflexible dans le domaine monétaire, et décide le 18 juin l'embargo sur l'exportation vers l'URSS des équipements destinés au gazoduc sibérien. Cette initiative suscite le 22 juin une « condamnation de l'agression économique américaine » par les ministres des Affaires étrangères des Dix réunis à Luxembourg.

Salvador

Amplifier l'assistance des États-Unis au Guatemala, au Honduras et surtout au Salvador ; faire preuve d'une fermeté accrue vis-à-vis de Cuba ; s'efforcer de neutraliser le Nicaragua : telles ont été les grandes lignes de la politique de Washington en Amérique centrale.

Pour ce qui est du Salvador, la thèse soutenue par la Maison-Blanche et le Département d'État est simple : les guérillos ne sont forts que de l'appui des régimes castriste et sandiniste, qui sont eux-mêmes les fers de lance de l'expansionnisme soviétique. Il faut donc endiguer la révolution salvadorienne en la coupant de ses sources d'approvisionnement et en donnant à ceux qui la combattent les moyens de l'emporter.

Sanctions

Néanmoins, R. Reagan doit tenir compte de l'hostilité d'une large fraction du Congrès et de l'opinion américaine à toute intervention militaire, directe ou indirecte, des États-Unis dans ce secteur. Il indique le 18 février 1982 qu'il n'a « pas de plan pour mettre en action des troupes de combat américaines où que ce soit dans le monde ». Six jours plus tard, présentant un programme de développement à long terme de l'Amérique centrale et des Caraïbes, il met l'accent sur la nécessité de promouvoir la « libre entreprise » pour « sauver » la région.

Cependant, la recrudescence des opérations de guérilla à l'approche des élections salvadoriennes fait monter la tension, et le risque d'internationalisation du conflit ne cesse de se préciser. La victoire des partis de droite lors de la consultation du 28 mars 1982 est donc accueillie avec soulagement à Washington, et, dans les semaines qui suivent, le Département d'État fait savoir que les États-Unis sont disposés à maintenir leur aide économique et militaire au Salvador, en dépit de l'effacement des dirigeants démocrates-chrétiens auxquels ils accordaient leur préférence.

Soucieux d'amener les sandinistes à s'amender et de les éloigner de l'influence cubaine, Washington amorce un dialogue avec Managua en proposant en avril 1982 un plan en huit points pour la normalisation des relations entre les deux pays. Mais la promesse d'une reprise de l'aide économique est assortie de plusieurs exigences — interruption totale des livraisons d'armes aux maquisards salvadoriens, imposition d'un plafond aux forces armées nicaraguayennes — qui se heurtent aux réticences de Managua.

Le durcissement vis-à-vis de La Havane, enfin, se traduit le 14 décembre 1981 par un renforcement de l'embargo sur les relations commerciales, puis, au printemps, par la mise en route de deux trains de sanctions économiques, tandis que des pressions sont exercées sur divers pays commerçant avec Cuba.

Au printemps de 1982, le conflit des Malouines contribue à ternir l'image des États-Unis en Amérique latine. A. Haig entreprend, le 7 avril, une mission de bons offices auprès de la Grande-Bretagne et de l'Argentine qui se solde, vingt-trois jours plus tard, par un échec complet.

Washington décide alors, le 1er mai, de se ranger du côté britannique et de suspendre son assistance économique et militaire à Buenos-Aires. La politique des États-Unis est mise en accusation, le 29 mai, par l'OEA.

Les hésitations de la politique reaganienne à l'égard de Pékin et un projet de livraison de fournitures militaires à Taiwan — des pièces détachées d'avions, d'une valeur de 60 millions de dollars — ont été à l'origine d'un malaise sino-américain.