Le 25 mars 1982, en effet, la Chambre des lords adopte le Canada Bill. Le Canada est souverain. Il n'y a plus d'obstacle à la célébration royale du 17 avril, ni au grand rêve de P. E. Trudeau d'unifier le pays coûte que coûte.

Élections dans les provinces

Au Manitoba, après quatre ans de pouvoir, les conservateurs de Sterling Lyon sont défaits par les néo-démocrates de Howard Pawley, lors des législatives du 17 novembre 1981.

À Terre-Neuve, dernière province à se joindre à la confédération canadienne en 1950, le conservateur Brian Peckford, Premier ministre, est réélu le 6 avril 1982 avec une confortable majorité. En Saskatchewan, les conservateurs de Grant Devine se font élire dans 56 des 64 circonscriptions, au cours du scrutin du 26 avril. Les néodémocrates dirigés par Allan Blakemey retournent dans l'opposition.

Une obstruction éprouvante pour les nerfs

Pendant deux semaines, du 2 au 17 mars, la Chambre des communes est paralysée à Ottawa. À l'occasion du débat sur un projet de loi concernant la sécurité énergétique, les conservateurs du chef de l'opposition Joe Clark désertent la Chambre avant l'adoption de la motion d'ajournement. La sonnerie appelant les députés à revenir en séance retentit jour et nuit dans les couloirs du Parlement. Un compromis met fin, le 17 mars, à l'obstruction des conservateurs, qui a eu pour effet de canaliser l'intérêt des Canadiens pour une procédure parlementaire désuète.

Déchirements

Au sein du parti québécois du Premier ministre René Lévesque, dont la raison d'être est l'accession du Québec à l'indépendance, le rapatriement constitutionnel, perçu comme la preuve du rejet du Québec par le Canada anglais, attise les ferveurs nationalistes.

Les plus radicaux pressent le pas et souhaitent une action plus précipitée vers l'objectif à atteindre. Des déchirements idéologiques naissent alors, et René Lévesque fait taire les mouvements de contestation en se faisant largement plébisciter par les militants.

De son côté, le chef de l'opposition libérale, Claude Ryan, doit défendre son leadership fortement contesté par la majorité de ses députés et de ses militants. La défaite électorale du parti, le 13 avril 1981, et son attitude à l'égard de la question constitutionnelle lui sont reprochées.

Plein de ressources, il réussit toutefois à se maintenir à la tête du parti libéral, en assurant son entourage que les chances de vaincre le parti québécois s'améliorent proportionnellement à la médiocrité de la performance économique du gouvernement.

Chômage

Sur le plan économique, l'année aura été la plus difficile qu'ait connue le Canada. En avril 1982, le nombre des sans-emploi n'a jamais été aussi élevé depuis la crise économique de 1929 : 1 233 000 chômeurs attendent à la porte des usines. C'est 40 % de plus qu'au printemps précédent. L'industrie automobile, sérieusement touchée par les taux d'intérêt élevés et par l'importation des voitures étrangères, souffre beaucoup. Ailleurs, dans d'autres secteurs de l'économie, la multiplication des faillites souligne d'une façon dramatique les problèmes économiques du pays.

Quant au dollar, il plie l'échiné. Alors qu'il flottait autour de 83,25 cents US en mai 1981, il atteint, un an plus tard, à peine 80,57 cents US. Cette faiblesse du dollar canadien permet cependant à une entreprise québécoise, Bombardier, de vendre pour la somme de 1 milliard de dollars des wagons de métro à la ville de New York.

Mais d'autres projets sombrent, dont celui de l'exploitation des sables bitumeux albertains. En effet, au printemps, les compagnies pétrolières impliquées se retirent du méga-projet Alsands, ne pouvant assurer l'investissement nécessaire à sa réalisation, soit 13 milliards de dollars. Seule, une intervention gouvernementale pourra sauver ce projet sur lequel repose la politique autonomiste du Canada en matière énergétique.

Marathon de l'espoir

Le Canada est transporté par le courage d'un jeune unijambiste, Terry Fox, dont le nom est sur toutes les lèvres avant la fin de l'été 1981. Atteint d'un cancer du poumon, le jeune homme entreprend de traverser le pays à la course, sillonnant les routes, récoltant des fonds et sensibilisant la population à l'impératif d'une solution médicale au cancer. Parti de Terre-Neuve, il doit s'arrêter à Thunder Bay, en Ontario, en raison de la progression de sa maladie. Le matin du 28 juin, au terme d'une lente agonie, Terry Fox rend l'âme dans une clinique de New Westminster, en Colombie britannique. Tous les Canadiens ressentent ce deuil, qui prend une dimension nationale. En septembre, un marathon de l'espoir est institué, et c'est par milliers dans les villes importantes que les supporters du jeune Fox poursuivent son œuvre. En de nombreux endroits, la toponymie l'immortalise.

L'accident d'Ocean Ranger

Le 15 février 1982, submergée par des vagues démentielles, la plate-forme de forage Ocean Ranger, exploitée par la compagnie pétrolière Mobil Oil, au large de l'île de Terre-Neuve, dans l'Atlantique nord, sombre. Le bilan est lourd : 84 morts, soit la totalité des membres de l'équipe en poste.

USA

Washington. 227 660 000. 25. 0,8 %.
Économie. PIB (80) : 11 360. Productions (78) : A 3 + I 34 + S 63. Énerg. (80) 10 410. CE (78) : 7 %. P (78) : 168. Ch. (80) : 8 %.
Population active (80) : 97 270 000, dont A : 3,6 % ; I : 30,6 % ; D : 65,8 %. Prix à la consommation (évolution 80) : + 12,4 %.
Balance commerciale (1980) exp. : 220,7 MM$, imp. : 241,2 MM$. Productions (1980) : blé 64,5 Mt, maïs 170 Mt, coton 2,4 Mt, houille 671 Mt, pétrole extrait 485 Mt (262 Mt de brut et 76 Mt de produits raffinés importés), gaz naturel 570 Gm3, électricité 2 285 TWh (dont 265 d'origine nucléaire), fer 52 Mt, acier 101 Mt, aluminium 4,7 Mt, construction automobile 6,4 M de voitures de tourisme, 1,7 M de véhicules utilitaires.
L'inflation s'est encore légèrement accrue en 1980 ; le chômage également : il touche désormais plus de 8 millions de personnes. Le PIB a enregistré un recul de 0,75 %. Pour la première fois dans leur histoire, les États-Unis n'occupent plus la première place mondiale dans la production automobile. Déjà dépassés par le Japon pour les véhicules utilitaires, ils lui cèdent le premier rang pour la production de voitures de tourisme. Cette situation n'a pas contribué à faire disparaître le désormais traditionnel déficit de la balance commerciale, toujours grevée par d'importants achats de pétrole, malgré la légère progression de la production nationale de houille, de gaz naturel et même de pétrole brut.
Transports. (78) : 16 452 M pass./km, 1 250 000 Mt/km. (*78) : 117 147 000 + 31 921 000. (*80) 18 464 000 tjb. (78) : 64 386 pass./km.
Information. (77) : 1 829 quotidiens ; tirage global : 62 159 000. (75) : *402 000 000. (75) : *121 100 000. (77) : fréquentation : *1 565 M. (78) : 169 027 000.
Santé. (77) : 381 163. Mté inf. (79) : 13.
Éducation. (76) : Prim. : *25 928 000. Sec. et techn. : *20 355 000. Sup. (75) : 11 184 859.
Armée.  : 2 049 100.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution de 1787. Président et chef de l'exécutif : Ronald Reagan, élu le 4 novembre 1980 ; succède à Jimmy Carter.

Plus de 226 millions d'Américains

Selon les résultats provisoires du recensement publiés le 19 avril 1982, la population des États-Unis s'établissait en 1980 à 226,5 millions de personnes — 116,5 millions de femmes et 110 millions d'hommes (au lieu de 203 millions de personnes en 1970). On dénombrait 189 millions de Blancs, 26,5 millions de Noirs et 3,7 millions d'Asiatiques. Le revenu moyen par famille, pour l'ensemble de la population, était en 1979 de 16 830 dollars par an. Il était de 22 075 dollars pour les familles asiatiques, de 20 840 dollars pour les familles blanches, de 14 711 dollars pour les familles hispaniques et de 12 618 dollars pour les familles noires.

L'immigration illégale

Le président Reagan expose, le 30 juillet 1981, les grandes lignes d'une nouvelle politique de l'immigration. « Notre pays, souligne-t-il, est un pays d'immigrants », mais « aucune nation libre et prospère ne peut satisfaire tous ceux qui cherchent une meilleure vie ou fuient la persécution ». Le même jour, l'attorney général William French Smith déclare devant le Congrès : « Nous devons décourager de façon plus efficace l'immigration illégale aux États-Unis ». Huit cent mille immigrants ont été autorisés à entrer aux États-Unis en 1980, mais, selon le Bureau de recensement, 3,5 à 6 millions de personnes sont en situation illégale. Jamais le nombre des immigrants légaux ou illégaux n'avait été aussi élevé depuis le début du siècle. La moitié au moins des personnes en situation irrégulière viennent du Mexique.

Reagan achoppe sur l'économie et mécontente ses alliés

Ronald Reagan est demeuré fidèle aux deux idées maîtresses qu'il avait définies en accédant à la présidence : il s'est efforcé de limiter le rôle du pouvoir central dans la vie de son pays et de rendre à celui-ci la puissance et l'assurance qu'il avait, ces dernières années, progressivement perdues à l'extérieur.