Entre-temps, tous les spécialistes s'acharnent à découvrir la cause de l'accident d'Ariane 2 : des vibrations de haute fréquence, dont deux sources auraient été identifiées.

En attendant l'entrée en service du lanceur, l'infrastructure est mise en place. Au début de 1981, le CNES a lancé un appel d'offres pour la construction, à Kourou, d'une deuxième aire de tir pour Ariane. D'autre part, le Conseil de l'ASE a approuvé la structure de son propre réseau de poursuite, afin de rendre l'Europe indépendante pour toutes les opérations de trajectographie, contrôle et télécommande des engins pendant leur satellisation et exploitation. Ce réseau comporte les stations suivantes : Aussaguel (près de Toulouse), Kourou (Guyane), Malindi (Kenya) et Carnavon (Australie), plus deux stations dites « de soutien » à Redu (Belgique) et à Villafranca del Castillo (Espagne).

France : échanges de bons procédés

La France est de plus en plus engagée dans une politique spatiale tournée vers l'extérieur. Le principal effort porte sur le développement d'Ariane, lanceur européen, mais dont la France supporte le poids principal. Elle participe aussi à d'autres programmes de l'ASE, notamment au Spacelab. Lors de la première mission de ce laboratoire spatial, les astronautes auront à accomplir un vaste programme de recherches qui comportera onze expériences conçues et organisées en France. Les astronautes sélectionnés en vue de ce vol sont — outre les Européens Nicollier, Ockels et Merbold déjà cités — les Américains Garriott, Parker, Lampton et Lichtenberg, Du 1er au 5 décembre 1980, ils se sont tous entraînés au Centre spatial de Toulouse et au Laboratoire d'astronomie spatiale de Marseille pour se familiariser avec le matériel qu'ils devront utiliser lors de ces expériences.

Cosmonautes français

Aucun Français ne participera donc à cette première mission d'un Spacelab, mais, sauf contretemps, l'un d'eux aura devancé les trois élus sur la route de l'espace : Jean-Loup Chrétien ou Patrick Baudry aura déjà participé à une mission intercosmos et séjourné dans la station Saliout. Les deux hommes sont arrivés le 7 septembre 1980 à la Cité des étoiles, près de Moscou, pour y recevoir la formation des cosmonautes. Leur emploi du temps est très chargé : onze heures par jour dont une heure et demie d'exercices physiques. Outre l'apprentissage de l'astronautique, il leur faut maîtriser parfaitement le russe (pas d'interprètes à bord des Saliout et Soyouz !), connaître à fond leur vaisseau spatial et la station orbitale, et bien assimiler le programme de recherches établi pour eux par le CNES français.

La commission franco-soviétique pour la coopération spatiale s'est réunie à Bakou du 13 au 21 octobre 1980. Parmi d'autres programmes, il y a été question des deux Venera qui seront lancés en 1985. Ces engins doivent lâcher des capsules destinées à explorer l'atmosphère et le sol de Vénus, mais, après avoir survolé la planète, les deux véhicules porteurs s'en iront explorer la comète de Halley, près de laquelle ils doivent passer en 1986.

Les seuls grands programmes nationaux du CNES en cours sont ceux des satellites de télématique et de télévision directe. Encore faut-il savoir ce que national veut dire en matière d'engins spatiaux. Ces satellites font partie d'un programme où Français et Allemands, tout en construisant ceux qu'ils destinent à leur usage, mettent en commun leurs moyens (Journal de l'année 1979-80). De plus, il est impossible de réaliser dans des délais raisonnables des satellites aussi complexes sans faire appel à quelque technologie venue d'ailleurs. Enfin, il sied de pratiquer l'échange de bons procédés, tel modeste coopérant d'aujourd'hui pouvant devenir l'acheteur de demain. Lorsqu'on apprend que la firme américaine Ford Aerospace fournira à Thomson-CSF des répéteurs pour le satellite Télécom 1, on doit savoir que cette même firme française fournit à Ford des tubes électroniques pour les satellites Intelsat construits en Amérique. En fin de compte, les Télécom français sont construits avec la participation de 14 entreprises et organismes publics de 9 pays étrangers.