La Cour des comptes juge trop laxistes les conditions d'indemnisation des agriculteurs victimes de calamités, notamment celles relevant des inondations de 1977 dans le Sud-Ouest (Journal de l'année 1977-78). Depuis sa création en 1964, le fonds national de garantie contre les calamités a dépensé 2,3 milliards, dont 1,4 pour la seule année 1977. Qui plus est, le coût de la bonification d'intérêts passe de 86 millions en 1973 à 680 en 1978. La réforme du régime de garantie des calamités est rendue publique par un décret publié en septembre.

La bioagriculture

L'INRA, l'Institut Pasteur et le CNRS s'associent avec Elf-Aquitaine et le groupe Entreprise minière et chimique pour un programme de recherches sur les mécanismes de fixation naturelle de l'azote au niveau des plantes. Ce programme d'études sur cinq ans s'inscrit dans la ligne du rapport Sciences de la vie et société des professeurs Gros, Jacob et Royer. Faisant suite à ce rapport, le gouvernement décide, en février 1980, de créer quatre centres de microbiologie fondamentale et appliquée dans les domaines du génie génétique, des bioréacteurs, du génie enzymatique et de la bioagronomie. Il est également décidé d'introduire les derniers acquis des sciences biologiques dans l'agriculture pour améliorer la génétique animale et végétale ainsi que la lutte biologique contre les parasites.

Budget

Le budget de l'agriculture pour 1980 s'élève à 25 milliards (+ 13,6 % par rapport à celui de 1979). Le total des dépenses concernant l'agriculture et le monde rural atteint près de 61 milliards (+ 12 %). Les dépenses sociales cèdent la place aux dépenses d'équipement, notamment celles concernant le drainage et l'irrigation (+ 40 %) et celles de l'enseignement agricole privé (+ 31 %). Forte croissance de l'indemnité viagère de départ et des prêts d'installation aux jeunes agriculteurs. Les dotations aux plans de modernisation bovine et porcine croissent, elles, de 71 %.

Le BAPSA voit passer la participation des agriculteurs de 15,94 % (bloquée depuis 1975) à 16,71 % pour 1980, soit une augmentation, tout compris, d'environ 30 % des cotisations. Les subventions augmentent de 23 %, mais, en revanche, la compensation démographique versée par les salariés de l'industrie ne s'accroît que de 6,87 % au lieu des 18 % de 1979.

Le budget social dépasse 36 milliards contre 32 l'année passée. La plus grande partie (57 %) des dépenses va à l'assurance vieillesse, qui a été revalorisée de 290 % entre 1974 et 1979. 30 % des retraités français sont d'anciens agriculteurs. Les prestations familiales représentent 11,3 % du budget et, malgré leur alignement sur celles des autres catégories sociales, n'augmentent que de 1,6 % sur 1979, compte tenu de l'évolution démographique.

Plan décennal

Le président de la République présente, le 17 novembre, à Mazamet, le plan de développement qui, sur dix ans, comprend 27 programmes de mise en valeur de l'Aquitaine, du Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrénées. Il doit être mis en œuvre en 1980, avec 1 milliard de F supplémentaire (3 au total) et 15 milliards sur les cinq premières années. Ce plan bénéficie en priorité à l'agriculture régionale, qui se verra attribuer durant les dix prochaines années la moitié de la dotation nationale en faveur de l'hydraulique, l'objectif étant d'irriguer 250 000 hectares supplémentaires. La restructuration du vignoble, la modernisation du verger et des mesures ponctuelles pour l'élevage et la forêt sont également prévues.

Le Premier ministre envoie, en juillet 1979, aux dirigeants agricoles une lettre d'engagement prévoyant l'affectation d'une enveloppe globale de 5 milliards (crédits devant être dégagés grâce à une augmentation des cotisations sociales et une stagnation des prêts bonifiés) pour financer de 1980 à 1985 la mutation de l'agriculture. Raymond Barre s'engage également à augmenter, à partir de janvier 1980, l'indemnité viagère de 80 %.

Dès sa mise à l'étude, le projet de loi suscite des remous dans les milieux politiques. Les députés votent le projet en première lecture à la mi-décembre, malgré des réserves de tous les partis et les réactions mitigées des organisations professionnelles, notamment des industriels de l'alimentation. L'Assemblée nationale adopte, le 4 juin (282 voix contre 199), et le Sénat, le 5 juin (179 voix contre 103), le texte de la commission mixte paritaire sur les dispositions restant en discussion du projet de loi d'orientation agricole.

Hostilité

Compte tenu de la crise européenne, cette loi qui doit préparer l'agriculture de l'an 2000 ne suscite pas l'intérêt attendu. Les réactions sont toujours mitigées, alors que les propriétaires agricoles déclarent leur hostilité. Il est vrai que les préoccupations ne manquent pas. Toute l'année, les responsables agricoles ont protesté contre l'encadrement du crédit, qui laisse peser un doute sur le financement des récoltes. D'autre part, le crédit agricole dit ne pouvoir dégager immédiatement les moyens nécessaires en faveur des industries alimentaires, compte tenu de ses engagements dans le domaine du logement.