Deux firmes — Matra et Thomson-CSF — méritent toutefois une mention particulière, dans la mesure où leurs produits atteignent un degré très élevé de sophistication.

Ainsi, Matra (2,8 milliards de chiffre d'affaires, dont 50 % à titre militaire) est fort bien placé dans les engins guidés tels le Magic, qui équipe les Mirage III et IV, le Jaguar, le Super-Étendard ou le Super 530, destiné au FI et au 2000. Pour sa part, Thomson-CSF (13,2 milliards de F, dont un tiers à titre militaire) est spécialisé dans les systèmes d'armes sol-air et les réseaux de télécommunication ou de contrôle radar.

Les succès des entreprises françaises ne doivent pas masquer les difficultés croissantes qu'elles rencontrent à cause de la concurrence internationale. Cette concurrence est d'abord américaine : alors que la France ne dispose que d'un seul constructeur d'avions de combat, les États-Unis en alignent quatre (Lockheed, McDonnell-Douglas, General Dynamics, et Northrop). Compte tenu de l'importance de leur marché intérieur, les Américains bénéficient, avant même d'exporter, d'un effet de série considérable.

D'où des prix très compétitifs sur les marchés extérieurs. Ainsi la France vient de perdre un important marché australien (une centaine de chasseurs bombardiers) au bénéfice des USA, alors que, jusqu'à présent, la firme Dassault avait toujours été la mieux placée.

Le phénomène des compensations handicape également de plus en plus les entreprises françaises qui veulent faire affaire avec des pays industrialisés. Ces compensations contraignent le vendeur à sous-traiter au client une partie du marché ou à lui acheter du matériel en quantité équivalente. Le bénéfice matériel de l'opération est alors nul ou presque, mais il faut bien en passer par là pour alimenter les plans de charge et grossir la collection des références internationales de première grandeur.

La forme la plus évoluée de la compensation est la coopération. Compte tenu de l'envol fantastique du coût des programmes militaires, ces opérations — souvent qualifiées de mal nécessaire — se multiplient. Le dernier en date des programmes de coopération est celui annoncé conjointement par Bonn et Paris, en février dernier, pour le développement du successeur de l'AMX 30 français et du Leopard II allemand. Le marché est considérable (40 milliards de F), car l'armée française et la Bundeswehr envisagent de commander chacune 2 000 chars de combat. Ce nouvel engin blindé concurrencera directement le XM-I de Chrysler sur les marchés de l'OTAN, ce qui annonce une belle bataille. C'est vraisemblablement la France qui assurera la maîtrise d'œuvre du système d'armes, alors que l'Allemagne fédérale pilotera la partie mécanique.

Puissance des constructeurs américains, politisation extrême des marchés, contraintes de la compensation et de la coopération, les obstacles ne manquent pas. Pourtant, l'horizon reste (malheureusement ?) clair pour l'industrie française de l'armement. L'appétit de défense des nations et l'évolution technologique engendrent en effet un flux de commandes de plus en plus considérable. Par ailleurs, la France fait partie, avec l'URSS et les USA, du petit groupe de pays susceptibles d'offrir un catalogue d'armes complet, particulièrement dans le haut de gamme. Enfin, si la France reste un « recours politique », tous les espoirs lui sont permis, car, en se fournissant auprès d'elle, les pays du tiers monde ont conscience de garantir leur propre indépendance.

Électricité-électronique

L'explosion de l'informatique

Après avoir longtemps, et même au plus fort de la crise 1974-1975, bénéficié d'une croissance nettement plus rapide que celle de l'industrie dans son ensemble, la construction électrique (105 milliards de F de chiffre d'affaires, 508 000 salariés) a désormais rejoint le gros du peloton : en 1979, son taux de croissance était de l'ordre de 2,5 % ; en 1980, il ne devrait pas dépasser 2 %.

Ce tassement est dû pour l'essentiel à la faiblesse de la demande de biens d'équipement, tant sur le marché national qu'à l'exportation. Comme la mécanique, la construction électrique souffre de l'extrême prudence d'investisseurs plus soucieux de tirer le meilleur parti des installations existantes que de les développer. Sans doute peut-on noter ça et là quelques gros contrats, mais il s'agit de « coups » isolés, dus généralement à des commandes publiques. Coincées entre une activité nationale maussade et des concurrents étrangers de plus en plus agressifs, les entreprises françaises ne cessent de perdre du terrain, même si la légère amélioration intervenue fin 1979 et début 1980 a provisoirement retardé le processus.

Atouts importants

Dans les biens de consommation, la situation varie d'un produit à l'autre, mais, au total, c'est bien de stagnation qu'il s'agit. Ainsi, en 1979, on constate une progression pour les fours électriques (+ 38 %), les lave-vaisselle (+ 16 %) et les réfrigérateurs (+ 10 %), mais une baisse pour les congélateurs (– 5 %), et un véritable écroulement pour le petit électroménager. Quant au marché de la TV-couleurs, déjà médiocre en 1979, il a été frappé de plein fouet en 1980 par le boycottage des jeux Olympiques.