Faits divers

Sans mobile apparent

Feux d'artifice, bals musette, défilés et Marseillaise, ce 14 juillet avait été un

14 juillet comme les autres, soleil sur les plages et embouteillages sur les routes. Et puis, dans la nuit du 14 au 15 juillet, deux crimes sont venus tirer la France de sa torpeur.

Comme des milliers d'autres, un couple rentre du bal le 15 juillet 1979. Vers une heure du matin, à hauteur du village de Remoulliers, il s'arrête au bord de la RN 186. Le jeune homme est intrigué par une 104 verte garée sur le bas-côté un peu plus loin. Il s'approche.

Dans la 104, une jeune femme gît, poignardée sur le volant ; à l'arrière, un garçonnet baigne dans son sang, poignardé lui aussi. Les constatations des gendarmes sont rapides. Françoise Gérard et son fils Arnault, 9 ans, qui à l'évidence partaient en vacances, ont été tués il y a quelques heures par des balles à ailettes utilisées pour la chasse au sanglier, puis poignardés.

Horreur

Mais un bruit attire l'attention des gendarmes vers les taillis, à quelques mètres en retrait de la route. Dans le faisceau de leurs lampes torches, ils découvrent une jeune fille qui les regarde, terrorisée. D'abord, elle ne les laisse pas approcher, puis murmure : « Le monsieur a tué maman. » Laurence Gérard, 13 ans, est la seule rescapée du drame. Conduite à l'hôpital, elle reste longtemps prostrée. Puis, peu à peu, les enquêteurs reconstituent le drame.

La voiture s'est arrêtée. Laurence se rappelle une phrase de sa mère : « Allume le plafonnier, j'ai reçu un coup à l'épaule. » Puis l'horreur. Le sang, les cris, une silhouette qui la tire de la voiture, des bruits, des images confuses, enfin la fuite vers les sous-bois, la peur, avec pour point de mire la voiture devinée dans la nuit, où gisent sa mère et son frère.

Les gendarmes vérifient en vain l'emploi du temps des déséquilibrés et autres exhibitionnistes signalés dans la région. Le signalement établi à partir du récit de Laurence est vague : un homme jeune, plutôt grand, mince, aux cheveux très courts. En septembre, une vaste confrontation est organisée avec 250 chasseurs de la région : en effet le tueur a utilisé des armes de chasse très particulières. Laurence ne reconnaît personne.

Sa mère et son frère ont été tués sans mobile apparent, comme André et Christine Van Herren, deux touristes belges retrouvés dans un fossé près de Vilde-Guigalan (Côtes-du-Nord), exécutés d'une balle de 22 long rifle dans la nuque. Le tueur était peut-être installé sur le siège arrière de leur Toyota jaune, qu'on retrouve le lendemain 15 juillet. Les gendarmes n'ont comme indice que le rouleau de pellicule qui se trouvait dans l'appareil photo du couple. Sur les clichés, on voit Christine ou André. Une seule fois ils posent ensemble. Qui a pris cette photo ? L'assassin ? Un passant complaisant ? Malgré un appel à la population de la région, ces questions des enquêteurs restent sans réponse.

Vengeance

Toujours en juillet, à Saint-Germain-en-Laye, c'est un jeune visiteur de la Fête des Loges, Christian Jacques, 20 ans, qui tombe poignardé à la lisière de la forêt. Après une bagarre dans l'enceinte de la Fête, il avait été à l'hôpital se faire soigner. C'est en retournant prendre son auto au parking qu'une voiture s'arrête à sa hauteur. Un homme en descend et, sans dire un mot, le frappe au cœur d'un coup de poignard mortel.

Vengeance implacable aussi à Dijon, le 28 février 1980. Une algarade oppose deux voisins à propos... d'une savonnette que l'un d'eux aurait lancée sur l'autre. Quelques jours plus tard, on en vient aux mains, manivelle contre couteau. Jean-Paul Remondin, 18 ans, est frappé d'un coup de couteau à l'abdomen. Il meurt en quelques minutes.

Les établissements scolaires ne sont pas épargnés par cette violence. Un blessé à Grenoble, au lycée Jean-Bart, le 15 novembre 1979, à la suite d'une tentative d'extorsion de fonds sur un élève plus jeune. Un mort à Gaillon, dans l'Eure un adolescent est étranglé avec la ceinture de son imperméable. Son meurtrier a quinze ans.

Sans sommation

Au collège Jean-Moulins, à Aubervilliers, Pierre et Simislav, un jeune Yougoslave, se haïssent depuis la rentrée. Personne ne peut dire pourquoi. Le 19 octobre, nouvelle bagarre. Cette fois Pierre, 12 ans, sort un couteau de sa poche. Dans la bousculade, il tue le jeune Yougoslave.