Il s'ensuivra une réaction des dirigeants juifs français, alors que les médias s'emparent du conflit qui oppose bientôt la famille de Rothschild à Avi Primor. Guy de Rothschild reproche au représentant de l'Organisation sioniste mondiale en France d'avoir offert au Renouveau juif des structures d'accueil qui lui ont permis de réaliser avec une ampleur particulière les 12 Heures pour Israël et d'avoir ainsi donné au Renouveau juif une tribune du haut de laquelle il a préconisé un vote juif, la formation d'un groupe de pression au niveau politique et, last but not least, d'avoir critiqué avec autant de force l'establishment.

Pour qui connaît le suivisme des Juifs de France au point de vue institutionnel, il apparaît que l'ensemble des événements, qui reflètent incontestablement un ras-le-bol qui dépasse de loin un simple mouvement d'humeur, pourrait constituer à l'avenir de nouvelles coordonnées du judaïsme français.

Activités diverses

Pour le reste, les activités communautaires suivent leur cours, et l'antisémitisme est présent, lui aussi, à travers un certain nombre de manifestations classiques ; bris d'une plaque qui venait d'être inaugurée par la mairie de Paris en souvenir de 12 000 enfants juifs déportés ; graffiti sur diverses synagogues ; souillure du Mémorial juif inconnu à Paris ; cocktail Molotov contre le centre communautaire de Strasbourg ; profanations de cimetières. La plus spectaculaire : 22 tombes de soldats juifs dans le cimetière canadien de Cintheaux, dans le département du Calvados, sont brisées à coup de masse pour protester contre l'« invasion juive ». « Ce n'est qu'un début », proclame une inscription faite sur place.

Les Juifs de France se mobilisent, chaque fois que l'opportunité se présente, en faveur de leurs frères persécutés en URSS ou dans certains pays arabes. Diverses réunions, dont certaines sur la voie publique, sont organisées pour Ida Nudel, exilée en Sibérie, Yossip Mendelevich et ses deux compagnons condamnés à Leningrad en 1970, ainsi qu'en faveur d'Anatoli Chtcharansky dont la jeune épouse est l'hôte des communautés de l'est de la France, lors des manifestations commémoratives de la réunification de Jérusalem.

Sur le plan communautaire, Reims et Dijon fêtent leur centenaire. Mais, surtout, un nouveau grand rabbin de France est désigné, à la suite de la démission présentée par Jacob Kaplan, 84 ans, en la personne de René Sirat.

Quant à l'importante communauté parisienne, elle élit, le 22 juin 1980, Alain Goldmann grand rabbin de Paris.