Les projets d'équipement d'un million de logements français en chauffage solaire pour 1985 sont modestement ramenés à 200 000. En fait, seulement 20 000 chauffe-eau solaires ont été montés en 1979.

Le COMES consacre en 1980 le quart de son budget à cette forme particulière d'énergie solaire qu'est la biomasse. Il s'agit notamment d'expérimenter des gazogènes brûlant des déchets végétaux et pouvant être montés sur des tracteurs agricoles. Aux États-Unis, des véhicules consomment du gasohol, mélange d'essence et d'alcool éthylique (éthanol) de maïs. Le Brésil incorpore au carburant auto de l'éthanol de canne à sucre et de l'huile d'arachide au gazole ; l'Afrique du Sud s'apprête à utiliser de la même façon l'huile de tournesol. L'emploi, pour les moteurs, de substances propres à l'alimentation humaine risque de faire question. En France, on considère que le carburant alcool d'origine végétale reviendrait, à pouvoir énergétique égal, trois à quatre fois plus cher que l'essence.

Les accumulateurs cinétiques d'énergie

Le volant, dispositif mécanique classiquement utilisé pour régulariser, grâce à sa masse inertielle, les à-coups d'un mouvement rotatif (axe d'un moteur), connaît une fortune nouvelle comme accumulateur d'énergie. Depuis le début de l'année 1980, la direction générale des télécommunications expérimente une machine dont la pièce essentielle est une roue en acier de 66 cm de diamètre et d'un poids de 367 kg, suspendue magnétiquement dans une enceinte à vide. Ce rotor est actionné par un moteur électrique jusqu'à ce que sa vitesse atteigne 12 000 tours/minute. Le moteur est alors coupé, et la roue continue à tourner, prête à restituer, le moment venu, l'énergie emmagasinée à un stator électronique qui la transforme en courant électrique. La suspension immatérielle de la roue dans le vide élimine toute perte d'énergie par frottement mécanique ou aérodynamique.

L'énergie stockée — environ 1,6 kWh — alimente un central téléphonique pendant vingt minutes à une puissance continue de 3 kW, correspondant aux besoins du central.

Satellites

Le modèle expérimenté par le CNET est l'aboutissement de dix années de recherches menées par la SNIAS. Les premières commandes d'ACE (accumulateurs cinétiques d'énergie) ont en effet été passées par les organismes français et internationaux qui lancent des satellites. Les ACE remplaceront les batteries chimiques, qui stockent une partie de l'énergie fournie par les panneaux solaires pour la restituer pendant que le satellite traverse l'ombre de la Terre.

Beaucoup d'autres applications sont à l'étude. Installés sur des véhicules, des ACE d'une capacité de l'ordre du kilowattheure récupéreraient une partie de l'énergie dissipée dans les freinages et la restitueraient au cours des montées, des accélérations et des démarrages. Dans la gamme de 1 à 10 kWh, ils seraient associés aux ascenseurs, auxquels ils fourniraient un appoint d'énergie instantané pour les démarrages et qu'ils alimenteraient même totalement en cas de panne du secteur. Ils pourraient régulariser le débit des sources d'énergie intermittentes (solaire, éolienne).

Pour 1982, on prépare un ACE géant, d'une capacité de 1 MWh (mégawattheure), qui pourrait soulager l'EDF aux heures de pointe critiques, après avoir stocké l'excédent d'énergie produit aux heures creuses par les centrales nucléaires, dont l'inertie (lenteur de la montée ou de la baisse de débit) n'est actuellement compensée que par les centrales hydrauliques.

Le palier magnétique actif entre dans l'ère des applications

Après dix années de recherches et de développement technologique, un nouveau type de palier fait son apparition : le palier magnétique actif, commercialisé sous le nom d'actidyne par la Société de mécanique magnétique (S2M), filiale de la Société européenne de propulsion et du groupe SKF, spécialiste des roulements.

À l'origine de cette invention, les travaux d'une petite équipe d'ingénieurs du Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques (LRBA) de Vernon qui cherchaient à mettre au point un palier permettant de faire tourner à très hautes vitesses, sans contacts matériels, les gyroscopes des systèmes inertiels et les volants de stabilisation des satellites. Le fonctionnement d'un palier de ce type repose sur le principe suivant : le rotor est muni d'anneaux en matériaux magnétiques situés au droit de couronnes d'électroaimants portées par le stator. Des capteurs détectent en permanence les écarts du rotor par rapport au stator ; traités par un micro-ordinateur, les signaux émis par ces capteurs permettent de moduler le champ magnétique annulaire ; on obtient ainsi un centrage rigoureux du rotor, la forme de l'asservissement permettant même de contrôler la raideur et l'amortissement de la véritable suspension électromagnétique que matérialise un palier de ce type. Le travail de mise au point a porté sur les capteurs (détecteurs de position), sur les électroaimants et leur asservissement, sur le contrôle des effets gyroscopiques, sur l'influence des modes de flexion du rotor et sur leur amortissement, etc.