Ce sont d'ailleurs les observations sur l'activité même des peintres et graveurs (on a pu recenser environ 1 500 gravures) qui constituent le plus étonnant de la redécouverte. Leur matériel se trouvait encore là sous forme de colorants et d'outils à graver ; on a pu voir que les artistes préhistoriques utilisaient non seulement des couleurs pures mais aussi des mélanges. Les outils considérés comme ayant servi pour les gravures ne se rencontraient pas au pied des parois où se trouvent seulement des peintures.

Il y avait de nombreuses lampes, plus ou moins frustes, qui ont pu donner lieu à des essais d'éclairage. Des restes de bois et des trous apparaissaient dans certaines parois où la décoration était située en hauteur ; peintres et graveurs magdaléniens ont utilisé des échafaudages.

Mais certaines observations donnent à songer : ainsi le grand nombre de lampes trouvées dans le fameux « puits » où est représentée la scène bien connue de l'homme et du bison. Là se trouvaient aussi de nombreuses pointes de sagaies. Pourquoi ces moyens d'éclairage en surnombre ? Que se passait-il donc, il y a dix-sept mille ans, dans le fond de ce qui paraît bien avoir été un sanctuaire ?

Archéométrie

La recherche archéologique prend de plus en plus en compte l'organisation spatiale et sociale des civilisations et cultures anciennes. Cette tendance est apparue nettement au XXe Symposium international d'archéométrie, réuni à Paris en mars 1980. Dans le domaine de la prospection en particulier, l'emploi des technologies modernes n'a plus seulement pour but d'aider l'archéologue à trouver ou délimiter des sites. Elle est devenue une recherche des organisations territoriales anciennes, fossilisées dans les paysages actuels.

Déjà les grandes campagnes de prospection aérienne avaient fait surgir du sol les traces d'organisation de certains territoires à certaines époques : ainsi dans la Picardie, couverte de villas aux temps gallo-romains. Aujourd'hui, c'est le filtrage optique des photos aériennes verticales (du type IGN) qui met en évidence des sites et des structures antiques dans le paysage de plusieurs régions françaises. Mis au point, pour cet usage, à l'université de Franche-Comté, le procédé consiste à faire tourner progressivement la diapositive de la vue aérienne dans un dispositif traversé par un faisceau laser. Ainsi se dégagent éventuellement des directions dominantes dans les limites agraires. Apparaissent en particulier les traces des fameuses centuriations romaines, qui demeurent très visibles dans les pays arides, mais ont été occultées ailleurs.

Quadrillage

Ces structures, caractérisées par un quadrillage très régulier, ont été confirmées et surtout découvertes dans de nombreuses régions, de la Bourgogne au Languedoc. Par exemple, tout autour de la ville de Beaune, le tracé des remparts s'inscrit de façon frappante dans une des unités du cadastre antique ainsi retrouvées. Ou encore au sud-ouest de Valence, où le filtrage optique a fait découvrir, enchevêtrées dans les centuriations romaines, les traces d'un autre parcellaire de direction différente.

En Grande-Bretagne, on a publié tout récemment les résultats d'une vingtaine de recherches, menées cette fois sur le terrain, et qui avaient permis de découvrir des limites d'anciens champs allant du Moyen Âge au moins jusqu'à l'âge du bronze. Les restes les plus remarquables sont de longs murs bas, étudiés dans les landes du Dartmoor par Andrew Fleming, et qui peuvent avoir servi de limites entre les territoires de six ou sept groupes protohistoriques exploitant cette région.

Structures sociales

On recherche les témoignages des structures sociales elles-mêmes, parfois avec succès. En pays maya, le site de Copa a été étudié non pour ses monuments, mais pour la répartition des belles maisons, marquées par une plate-forme, par rapport aux vestiges ordinaires. Uns structure en anneaux concentriques est apparue, qu'a d'ailleurs confirmée l'analyse botanique du site : les arbres économiquement utiles sont — aujourd'hui encore — en pourcentage très élevé au centre, de plus en plus rares vers la périphérie. D'où la conclusion que les classes supérieures de la société, habitant surtout le centre, contrôlaient aussi une partie très importante des productions végétales dans la ville même.