Dans l'ouest du Delta, à Mendes, les campagnes des fouilleurs américains du musée de Brooklyn, dirigées par Karen Wilson, ont permis de trouver des sépultures et d'autres vestiges remontant aux premières dynasties et même à la période archaïque. D'après l'examen des nombreux restes de corps enroulés dans des nattes, il semblerait que les Égyptiens de ces époques anciennes aient été robustes et en bonne santé.

Les grands sites classiques continuent à être étudiés. À Saqqarah, une mission française (professeur Leclant) continue à étudier, à restaurer les pyramides et temples funéraires de rois de la VIe dynastie (v. -2200), ainsi qu'à réassembler les fragments des fameux textes des pyramides découverts dans ces tombes. Sur ce même site se poursuit l'immense œuvre de restauration entreprise par J. Ph. Lauer voilà plus de cinquante ans. Pour leur part, les archéologues britanniques ont trouvé d'immenses galeries souterraines, remplies parfois jusqu'au plafond, de momies d'animaux. Une expédition britannique et hollandaise (docteur G. Martin) a découvert et étudié la tombe que s'était fait construire le général Horemheb avant de devenir roi (v. – 1300) et où a été enterrée son épouse, la reine Moutnodjemet.

Parmi les nombreux travaux du Centre franco-égyptien de Karnak figure le démontage d'un des pylônes de cet ensemble, en vue de sa restauration. Or le remplissage de ce pylône s'est révélé constitué pour une très grande part des pierres d'un temple construit au temps du roi hérétique Akhenaton et démoli ensuite. Beaucoup de ces pierres sont gravées et peintes. Il y en a des milliers. Déjà, on a pu reconstituer une des parois décorées de ce temple : on y voit des maisons, des magasins, une procession et ses préparatifs dans la Thèbes du xive siècle avant notre ère. D'autres reconstitutions sont en cours.

Économie

L'étude de certains documents permet enfin de commencer à mieux comprendre le fonctionnement du système économique égyptien. Curieusement, ce sont les archives d'un temple funéraire royal (celui du roi Neferirkarê, de la VIe dynastie) qui projettent cette lumière nouvelle. Déchiffrées et étudiées par Mme P. Posener-Kriéger, elles révèlent d'abord la minutie extraordinaire avec laquelle étaient enregistrées toutes les activités : la fourniture du moindre volatile, les heures de service de tous les employés. Les comptes étaient quotidiens, décadaires et mensuels. Ils font apparaître une administration qui comprenait les domaines de ces temples funéraires, ensuite des organismes qui centralisaient et répartissaient les arrivages de chaque domaine entre l'ensemble funéraire et le palais du roi.

Le seul temple de ce roi, à Abousir, demandait l'abattage d'un bovin par jour : 365 par an. La preuve est faite que fonctionnaient alors, une cinquantaine d'années après la mort du roi, non seulement ce temple et ceux des rois ultérieurs, mais ceux aussi de rois morts depuis plusieurs siècles. Cela donne l'image d'une organisation fort importante, à plusieurs niveaux, dont le fonctionnement était contrôlé et régulé par l'administration centrale.

Et tout était enregistré — tout devait l'être — dans cette économie religieuse qui se révèle aussi complexe et tatillonne qu'efficace.

Lascaux

La célèbre grotte de Lascaux avait encore beaucoup à dire : c'est ce que fait apparaître le Lascaux inconnu d'Ariette Leroi-Gourhan et Jacques Allain. Il a fallu qu'une équipe pluridisciplinaire reprenne l'étude de tout le matériel découvert dans la grotte, reprenne aussi les notes de l'abbé Glory, qui y mena les dernières fouilles, pour que l'on arrive à connaître de façon plus précise à la fois cet ensemble archéologique et ce qui s'y est passé à l'époque des fameuses peintures.

Témoignages humains

La première constatation est l'unité des témoignages humains trouvés dans toute la caverne. Unité de l'outillage (un magdalénien ancien) ; unité de l'occupation, contrôlée par la stratigraphie et les pollens, qui révèlent une seule période d'occupation pendant un bref et léger épisode tempéré de la dernière glaciation, et par le radiocarbone, qui situe l'occupation pendant la première moitié du quinzième millénaire avant notre ère. Unité de l'art, enfin.