Utilisation possible : les radios locales ou des radios thématiques.

Depuis de longs mois, Radio-France s'y prépare.

Au début de l'hiver 1979, Radio-France a dans ses tiroirs 5 projets de radios temporaires et locales dans les Alpes pour la durée de la saison de sports d'hiver. Une seule verra le jour, autorisée par le ministre de tutelle : Radio-Valmorel, qui, dans une jeune station située en bordure de Tarentaise au-dessus de Moutiers, arrose les auditeurs du bassin d'Aigueblanche. De janvier à avril 1980, Radio-Valmorel, animée par des personnels de Radio-France, établit le dialogue dans la vallée.

Autres projets élaborés à Radio-France : des radios thématiques pour les jeunes et pour le troisième âge.

Le 3 décembre, en séance de nuit au Sénat : coup de théâtre. Jean-Philippe Lecat, ministre de la Culture et de la Communication, annonce « l'expérimentation, dans le cadre du service public, d'un réseau autonome de radio qui rende compte de l'actualité régionale et locale, qui donnera la parole aux associations et aux municipalités... »

Il n'en faut pas plus pour qu'éclate au grand jour l'antagonisme latent créé en 1974 lors de l'éclatement de l'ORTF ; la radio était alors confiée à Radio-France, mais la gestion des radios régionales étaient aux mains de FR3 dans le cadre des stations régionales TV (Journal de l'année 1974-75).

Qui donc aura la responsabilité des trois radios locales expérimentales annoncées pour 1980 ? et où ?

La bataille est rude, compliquée par la pression des politiques et les inquiétudes de la presse régionale.

Radio-France l'emporte finalement lorsque, le 27 février 1980, le gouvernement fait connaître sa décision : ces expérimentations auront lieu à Lille, en Mayenne et à Melun, sous la responsabilité de Radio-France. Pour Lille, où existait une station régionale FR3, Radio-France sera associée à FR3, dans le cadre d'un groupement régional d'intérêts économiques.

À Lille, Fréquence-Nord ouvre son antenne le 19 mai. À Laval, c'est le 16 juin. Melun doit émettre en septembre. Véritables radios régionales qui viennent supplanter les radios de FR3 qui, parentes pauvres de la TV régionale, n'ont jamais su s'imposer.

Dans la foulée, le 2 juin, Radio-France lance sa première radio thématique pour les jeunes de la région parisienne : Radio 7 (septième radio lancée par Radio-France après France-Inter, France-Musique, France-Culture, Radio-France Internationale, FIP et Fréquence-Nord).

Le monopole

Radio-France, dans cette affaire, va vite. Objectif : occuper le terrain et, puisque la voie de l'expansion commerciale lui est, en tant que service public, fermée, miser sur l'expansion géographique et démultiplier le réseau. Adversaires déclarés : les radios pirates, dites radios libres, qui depuis 1978 ont investi les créneaux inoccupés de la modulation de fréquence et, malgré de nombreuses saisies et assignations en justice, n'ont pas baissé les bras. Pirates, ces radios, qui bravent le monopole de radiodiffusion, sont : écologiques (Radio-Fessenheim), politiques (Radio-Riposte pour le Parti socialiste, Radio-Gennevilliers en février 80 puis Radio-Vivre et Travailler en Seine-Saint-Denis, RVT 93, pour le Parti communiste), syndicales avec les antennes de la CGT (Radio cœur d'acier à Longwy, Radio Quinquin dans le Nord, Radio mon païs à Toulouse).

Un point commun pour toutes ces radios pirates : la lutte contre le monopole de radiodiffusion. La technique de brouillage utilisée par Télédiffusion de France s'avère, avec le temps, peu efficace : du fait, d'une part, de l'habileté des radios libres à slalomer entre les fréquences brouillées ; du fait, d'autre part, de l'opposition des personnels syndiqués de TDF.

Par ailleurs, les tenants de cette forme de liberté d'expression attaquent le monopole sur son propre terrain : Radio Monte-Carlo, station périphérique, disposant depuis 1973 d'un émetteur implanté en territoire français, à Romoules, se trouve depuis lors en situation de violation du monopole. Sur plainte — qui date de 1973 — du syndicat des cadres des organismes de radio et de télévision, le SCORT, tribunal administratif de Paris, le 6 février 1980, déclare illégale l'autorisation donnée en 1973 par l'État à RMC. Mais RMC appartient à la SOFIRAD, dont l'État est propriétaire. Et RMC continue d'émettre, sans être inquiétée, à Romoules.