Pour la première fois depuis longtemps, Europe 1 prend, fin 1979, la tête de l'audience générale, avec 9,6 millions d'auditeurs ayant écouté la station au moins une fois dans la journée. Deuxième : RTL avec 8,5 millions d'auditeurs. RTL conserve l'avantage à l'indice du quart d'heure moyen.

À l'issue de la première vague, RTL reprend la tête au printemps 1980 avec 10 millions d'auditeurs (26 %), devant Europe 1 (9,7 millions, 25,1 %), France-Inter (7,4 millions ; 19,2 %) et RMC (3,8 millions ; 9,8 %). Situation confirmée par de nouveaux sondages, fin juin.

L'information tient une place importante dans la bataille engagée dès avant 9 heures du matin. L'analyse du Centre d'études d'opinion de décembre 1979 donne ; RTL en tête de l'écoute avant 7 heures et après 8 h 30, Europe 1 entre 7 heures et 8 heures, et France-Inter de 8 heures à 8 h 30. France-Inter prend également le pas sur ses concurrents après 19 heures avec, en particulier, l'émission Le téléphone sonne de Claude Guillaumin.

Côté programmes, peu d'innovation. RTL reste fidèle à son image de radio-service ainsi qu'à des animateurs confirmés, Anne-Marie Peysson, Philippe Bouvard. Europe 1 mise d'abord sur l'information, avec l'équipe de Philippe Gildas le matin, André Arnaud à midi, et Jean-Claude Dassier pour le journal de 19 heures. France-Inter, soucieuse elle aussi depuis quelques années des classements du CESP (malgré son statut de service public dégagé des contraintes de la publicité), colore de mimétisme sa différence : une femme le matin, Eve Ruggiéri qui opère une belle percée en faisant plus que doubler l'écoute en quelques mois ; des jeux, du rire avec l'équipe de Thierry le Luron ou l'Oreille en coin pour les week-ends, de la musique pop en fin d'après-midi.

Signe de temps de récession économique ? Les grandes stations sont plus discrètes que par le passé sur les opérations de prestige.

Après le train forum du printemps 1979, France-Inter poursuit ses expériences de radio locale itinérante en suivant le Tour de France à la voile durant l'été 1979.

Europe 1, qui veut se faire une spécialité de la voile, après avoir patronné la Transat en double au printemps 1979, patronne, avec l'Observer britannique, la Transat anglaise en solitaire en juin 1980, mais se fait damer le pion en avril par France-Inter qui organise Le défi de l'Atlantique, en mettant deux voiliers, le monocoque Cardiofrance et le multicoque Kawasaki générateurs, sur les traces du record de traversée de l'Atlantique, invaincu depuis 1905. Concurrence des ondes...

Pour l'essentiel, cependant, les coups restent plus modestes. À la suite de Jean-Louis Foulquier et Carole Pither sur France-Inter l'été 1979, on joue la chanson française avec, en particulier, Le Mai de la chanson française sur RTL. On joue les radioguidages pour les départs en vacances. On joue les déplacements en régions au gré des manifestations, festivals, fêtes qui le justifient.

À l'ombre des quatre stations qui se partagent l'essentiel de l'audience, deux périphériques connaissent la difficulté d'être petits : la rédaction de Sud-Radio, à Toulouse, fait les frais d'un accord de jumelage avec RMC au sein de la SOFIRAD, leur société mère. L'existence même de Sud-Radio et de Radio-Andorre est remise en question, début 1980, par une décision du Conseil général des vallées d'Andorre de ne pas renouveler leurs concessions en mars 1981.

La mêlée

Une idée qui a fait son chemin : l'avenir de la radio, c'est la régionalisation, ce sont les radios locales. Idée suggérée par le désir même du public d'une communication plus étroite et d'une meilleure information sur ce qui concerne sa vie quotidienne et locale. Idée imposée par une nécessité : celle d'attribuer avant 1984 les fréquences 100 à 104 Mhz, et avant 1990 les 104 à 108 Mhz, fréquences mises à la disposition des radiodiffuseurs par la Conférence administrative mondiale des radiocommunications réunie à Genève en 1979. Qui utilisera ces fréquences ?

Dans la situation de monopole qui est actuellement celle de la France, seules les sociétés nationales sont en droit d'émettre sur ces fréquences. « Et si nous ne les utilisons pas, dit Jacqueline Baudrier, P-DG de Radio-France, d'autres s'en chargeront ! »