À Saint-Denis, les fouilles urbaines (O. Meyer) sont conduites en liaison avec la municipalité et avec la rénovation urbaine. Après sondages, plusieurs sites ont été sélectionnés au nord et à l'est de la célèbre basilique. Quatre d'entre eux sont fouillés ou en cours de fouille. Les plus intéressants sont certainement les moins spectaculaires : ceux où s'enchevêtrent restes de caves, fosses à détritus, couches d'occupation et de destruction. Les fouilles ont déjà fourni la céramique médiévale la plus abondante trouvée jusqu'à ce jour en Île-de-France, ainsi qu'un grand nombre de vestiges en matières périssables : cuirs, textiles et bois.

Dans d'autres villes (comme Lille et Saintes), on commence à recenser les sites « à risque archéologique ». Mais ce qu'il faut surtout souligner, c'est que la plupart de ces réussites locales sont essentiellement dues à l'action persévérante d'une ou de quelques personnes. On attend toujours le grand mouvement d'opinion qui forcerait les verrous budgétaires.

Les beaux restes gallo-romains découverts à Arles, notamment des mosaïques, ont été sauvés grâce à un effort financier exceptionnel venu à la fois du ministère de la Culture, de la municipalité et du Crédit agricole (un des aménageurs). Reste à ne plus faire seulement une archéologie d'exception...

En Grande-Bretagne, les crédits accordés aux fouilles de sauvetage ont été multipliés par huit au début des années 70. En France, le budget de l'archéologie de sauvetage a doublé depuis 1976. Reste donc à le multiplier encore par quatre : tel est, selon les milieux compétents, l'ordre de grandeur des besoins si l'on veut sauver plus que des miettes du patrimoine archéologique.

20 siècles avant les Scythes

Le Grand Palais, quatre ans après l'éblouissante exposition des trésors scythes (Journal de l'année 1975-76), bénéficie à nouveau (7 février-30 avril 1979) d'un prêt exceptionnel du musée de l'Ermitage de Leningrad. Cent cinquante-quatre objets donnent un aperçu de l'art et de l'artisanat sur le territoire actuel de l'URSS au cours des vingt siècles qui ont précédé les Scythes.

Le musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye y a ajouté une centaine d'objets funéraires de la fin de l'âge du bronze, rapportés du Caucase à la fin du siècle dernier. Préhistoire en pointillé qui est loin de couvrir tout l'immense territoire soviétique : les pièces présentées ont été sélectionnées soit pour leur originalité, soit parce qu'elles proviennent de fouilles effectuées au cours des deux ou trois dernières années.

En URSS comme ailleurs en Europe, il semble que l'art a débuté au paléolithique supérieur (30000 av. J.-C.) et qu'il faut l'attribuer à l'Homo sapiens. Les artistes sibériens du paléolithique ont laissé peu de peintures et de gravures sur roches. Leur matériau de choix est l'ivoire du mammouth ou, à défaut, le bois du renne.

Les figurines en ivoire du gisement de Malta, à l'ouest du lac Baïkal, datant d'environ 22000-24000 avant notre ère, témoignent d'une totale maîtrise des formes : oiseaux en vol stylisés, statuettes féminines aux fines silhouettes hiératiques. Ces effigies de femmes, dont la forme est très différente de celle des Vénus stéatopyges préhistoriques d'Europe occidentale, préfigurent peut-être le culte néolithique de la Grande Déesse, l'un des plus répandus dans l'Asie Mineure protohistorique.

Néolithique

Le mésolithique est aussi mal connu en URSS qu'en Europe : l'exposition saute les siècles pour présenter quelques aspects de l'art de vivre des chasseurs et pêcheurs de cette période. De la région à l'ouest de Leningrad proviennent poinçons, harpons, silex taillés et une idole masculine en bois d'élan.

Sur des roches plates de Carélie près de la mer Blanche, on a trouvé des ensembles importants de gravures piquetées, représentant des scènes très réalistes de chasse à l'arc ou de pêche à la ligne, très semblables à ceux des larges affleurements de granité des landes de Suède méridionale. De la même époque, deux magnifiques poissons de pierre sculptée montrent que les habitants néolithiques du lac Baïkal ne le cédaient en rien pour l'art et l'habileté à leurs contemporains méditerranéens et occidentaux.