Parallèlement, la démocratisation piétine dans l'enseignement supérieur. Le nombre des bourses s'est stabilisé depuis 1968, alors que le nombre d'étudiants s'est accru, et leur montant n'a pas suffisamment augmenté pour compenser la hausse des prix. Mais les étudiants sont préoccupes par les débouchés. Avec la crise, la hantise du chômage s'accroît, d'autant que le recrutement d'enseignants continue de diminuer.

Grandes écoles

Ce sont les élèves des grandes écoles qui semblent reprendre le flambeau de la contestation. Même les plus huppées n'échappent pas à ce mouvement. Après ceux de l'École nationale supérieure d'agriculture de Toulouse, les élèves d'HEC, par exemple, font une grève de quatre jours en janvier : comme leurs camarades de l'École supérieure de commerce de Paris (Sup de co) l'an passé, ils réclament une participation aux décisions de l'école (notamment la création d'un comité d'enseignement où ils seraient représentés à côté des enseignants et de la direction) et un enseignement plus ouvert de l'économie (avec la participation, notamment, d'économistes marxistes).

À l'Institut national des sciences appliquées de Lyon, une grève dure plusieurs semaines. Les étudiants en grève craignent que l'on ne sépare de rétablissement les deux premières années d'études qui y sont actuellement intégrées : l'INSA recrute sur dossier aussitôt après le baccalauréat.

Mais c'est surtout l'École polytechnique qui est touchée par l'agitation : une grève d'une semaine, au début de décembre, à la suite de sanctions prises pour des questions de tenue. En fait, les élèves remettent en question le règlement de l'école, voire son statut militaire, et contestent la nouvelle grille des études appliquée depuis la rentrée 1976, qui entraîne, affirment-ils, une surcharge de travail. Après avoir refusé toute concession, l'autorité militaire lève les sanctions et met à l'écart le directeur général adjoint, principal artisan de la réforme des études.

Ces mouvements ne sont que la partie apparente d'une agitation discrète (épreuves d'examen boycottées, assemblées générales, etc.) de plusieurs années. Les élèves des grandes écoles se rapprochent des étudiants des universités. Si la plupart d'entre eux restent à l'abri du chômage, l'entrée dans la profession est moins facile. Même les élèves des écoles de commerce ne veulent plus devenir seulement « de jeunes cadres dynamiques et disciplinés ». Les groupes de gauche et en particulier l'Union des grandes écoles, proche de l'UNEF, y gagnent parfois une certaine audience.

Confiance

Cependant les grandes écoles gardent la confiance de l'Administration comme celle des chefs d'entreprise. On compte y développer certains centres de recherche technique. Pour améliorer la formation professionnelle des étudiants, le programme de Blois, présenté par le gouvernement avant les élections législatives, prévoit de doubler l'effectif des grandes écoles d'ici à 1983. Il propose d'y faire entrer, en beaucoup plus grand nombre qu'aujourd'hui, des diplômés de l'université — titulaires d'une licence ou d'une maîtrise — recrutés sur titres et non sur concours et des salariés exerçant déjà ou devant exercer des fonctions d'ingénieur, mais n'en ayant pas le diplôme. Ce projet provoque quelques inquiétudes chez certaines associations d'anciens, qui redoutent une dévalorisation des titres.