Le président de la République se rend dans la Meuse le 18 août et il souligne l'importance de l'agriculture pour la nation. Il insiste sur la nécessité de mieux valoriser les produits agricoles et redonne du crédit à l'objectif du VIIe Plan : 20 milliards de F d'excédent extérieur en 1980. Le but est de parvenir à payer la moitié de la facture pétrolière grâce aux exportations de produits agricoles et alimentaires.

Valéry Giscard d'Estaing reprend le même thème à Vassy dans le Calvados en décembre. Il réaffirme que l'agriculture doit être le pétrole du pays. Rappelant que la production agricole a doublé en vingt ans, il souligne que la France et l'Europe n'ont pas atteint leurs pleines capacités de production. Ce qui nécessite une expansion vers l'extérieur. Il cite, de nouveau, l'objectif des 20 milliards d'excédent pour 1980. Et, pour y parvenir, il annonce la mise à l'étude d'une loi-cadre d'orientation et d'organisation des marchés.

Pour V. Giscard d'Estaing, il est nécessaire de passer d'une politique agricole à une politique alimentaire. Un décret paraît le 10 mars 1978 qui crée un groupe interministériel de politique alimentaire, chargé d'étudier les politiques de développement, de la promotion de la qualité sanitaire et nutritionnelle des denrées alimentaires, de l'information des consommateurs et de la répartition des ressources alimentaires disponibles.

Loi-cadre

Le ministre de l'Agriculture annonce, en janvier 1978, les cinq axes de la future loi-cadre, qui devrait être présentée devant le Parlement lors de sa session du printemps 1979 : conditions de développement et d'orientation des productions ; amélioration de la productivité (organisation économique, valorisation des productions, interprofessions et liens entre production et consommation) ; financement des structures et du foncier ; correction des disparités par l'aide aux personnes ; aménagement et revitalisation du monde rural. Sept groupes de travail se livrent à une réflexion approfondie. Mi-avril, le ministre de l'Agriculture révèle qu'avant le dépôt du projet de loi il dressera le bilan des grandes lois agricoles de 1960 et 1962.

Bien qu'il soit contesté par une vingtaine de départements à propos de la constitution des GIR (Journal de l'année 1976-77) et de la taxe laitière, le président de la FNSEA, Michel Debatisse, est réélu (52 voix sur 56) en février à l'issue du congrès de son organisation. La fédération de la Loire-Atlantique est exclue. Certains opposants reprochent à Michel Debatisse de s'engager, de nouveau, politiquement lorsqu'il avertit que, si la gauche gagne les élections, le syndicalisme demandera certainement des hausses plus fortes que prévu pour les prix agricoles.

Pierre Méhaignerie, le meilleur élu de France lors des législatives, conserve son poste de ministre de l'Agriculture. Jacques Fouchier, vétérinaire et ancien président de la commission de la production et des échanges à l'Assemblée nationale, est nommé secrétaire d'État.

La taxe laitière

Après de longues tergiversations, les Neuf décident de lever une taxe, que certains appellent la vignette à vache, de 1,5 % sur le prix du lait. Objectif : financer notamment la promotion de la consommation de produits laitiers et la recherche de débouchés extérieurs afin d'éponger les excédents.

Certains producteurs n'acceptent pas ce prélèvement souhaité par les organisations professionnelles représentatives. Ils font remarquer que la France n'a plus d'excédent (beurre : à peine 20 000 t ; poudre de lait : 90 000 t, contre 300 000 t en 1976 et 385 000 t en 1975). Plusieurs manifestations se déroulent à travers le pays. Le conflit se politise, la gauche prenant la défense des opposants, avant les élections législatives.

Des entreprises, coopératives et privées, refusent de prélever la taxe qui ne peut toucher que 60 % des livraisons de lait. Des coopératives sont pénalisées pour n'avoir pas effectué le prélèvement. Lors du marathon sur les prix, en mai, les Neuf décident, devant les difficultés de perception qui s'accroissent en Europe, d'abaisser le taux de la taxe à 0,5 %

Problème foncier

Les SAFER sont durement critiquées à l'Assemblée nationale, qui modifie leur droit de préemption. Ces sociétés devront donner une certaine publicité à leurs opérations de rétrocession et motiver leurs décisions, sous peine de nullité des opérations entreprises.