Jusqu'à présent les maladies mentales sont classées en fonction de leur étiologie, souvent hypothétique. Le congrès a proposé une classification fondée sur les symptômes et non plus sur une étiologie, sauf dans les cas où la liaison causale est certaine.

« Ainsi cette classification, déclare le professeur Pichot, arrive à un système multiaxial : l'un de ces axes porte sur le diagnostic du syndrome, essentiellement corrigé par l'intensité ; un autre sur l'étude de la personnalité sous-jacente, normale, débile mentale, hystérique ; un troisième sur la présence d'un stress, d'un événement déclenchant essentiel. Ces classifications multiaxiales sont présentées autour de l'axe syndromique : par exemple dans le cas où on connaît le syndrome, la démence artérioscléreuse, où le premier axe est la démence et le deuxième axe la maladie causale. »

Endorphines

Cette tendance nouvelle permettra une approche plus précise et plus raisonnable des maladies mentales. Elle ne fait pas oublier les découvertes les plus récentes, soigneusement étudiées à Honolulu, comme les endorphines et les récepteurs spécifiques. Leur action commence à peine d'être connue ; elle paraît fort importante, encore que, du point de vue psychiatrique, « on ne sache pas encore très bien ce qu'il en pourra sortir ».

Schizophrénie

Comme d'habitude, les grandes psychoses, c'est-à-dire les psychoses maniaco-dépressives et la schizophrénie, ont suscité de nombreuses communications. Pour la schizophrénie, deux éléments paraissent acquis : la composante génétique et la présence d'un peptide anormal.

Pour L. Heston (professeur de psychiatrie à l'université du Minnesota), la maladie n'implique pas une mutation unique d'un gène schizophrénique, mais plusieurs mutations différentes pouvant ou non toucher le même locus. Quant au rôle de l'environnement, il est difficile à préciser, mais on observe que les enfants nés de parents schizophrènes encourent le même risque, qu'ils soient élevés par leurs parents biologiques ou adoptés par des individus normaux. Il s'ensuit que le conseil génétique peut être utilisé dans certains cas. Si, par exemple, les deux parents ont tous deux des antécédents familiaux de schizophrénie, le risque d'engendrer un enfant pareillement atteint est significativement plus élevé, quoique impossible à quantifier.

Frank Ervin (Los Angeles) et Roberta Palmour (Berkeley) ont isolé dans le sang des schizophrènes un peptide semblable à une hormone hypophysaire récemment découverte chez des sujets normaux, mais avec substitution d'un aminoacide par un élément anormal. L'administration intraveineuse du peptide semi-purifié à des animaux a entraîné des convulsions indiquant une excitation du système limbique cérébral. Peut-on dès lors parler d'une véritable « toxine de la schizophrénie » dont la connaissance pourrait déboucher sur de nouveaux traitements de la maladie (la thérapeutique actuelle est inopérante dans 25 % des cas de schizophrénie et permet d'en « contrôler » 75 %), voire sa prévention ? Ervin et Palmour sont restés très prudents dans ce domaine, le peptide identifié pouvant n'être qu'un « transporteur » de la molécule responsable ou qu'un « reflet » d'un désordre du métabolisme cérébral.

Le pancréas artificiel est opérationnel

Les premiers pancréas artificiels deviennent enfin opérationnels après plusieurs années de recherches expérimentales. Des malades atteints du diabète insulino-dépendant (ce type représente 20 % des diabétiques) ont déjà bénéficié de cette merveilleuse machine, aussi bien à l'étranger qu'en France, où plusieurs centres spécialisés (Pitié et Hôtel-Dieu à Paris, Montpellier, Nancy) sont déjà équipés d'un pancréas artificiel mécanique.

Pour le moment, il s'agit d'un appareil externe, ressemblant un peu au rein artificiel, sur lequel le malade est branché, par l'intermédiaire de deux cathéters intraveineux placés sur des vaisseaux du système de circulation périphérique

Le premier est relié à un capteur qui enregistre en permanence le niveau du glucose dans le sang, le second à un réservoir d'insuline qui délivre le produit à la commande, suivant les variations de ce niveau. Entre les deux, un micro-ordinateur traite l'information constamment reçue, en donnant l'ordre d'injecter l'insuline ou de stopper l'injection.