Ensuite, Gilles Béhat, qui, avec Haro !, a su trouver un ton original pour évoquer une tragédie sanglante dans un village des lendemains de la Première Guerre. On y a découvert Laurent Malet, nouveau jeune premier, qui donne aussi la réplique à Yves Montant dans Les routes du Sud.

Parmi les jeunes metteurs en scène, plus tout à fait débutants, mais qui doivent encore faire leurs preuves, Michel Vianey, dans Plus ça va moins ça va, fait un peu trop la caméra buissonnière. Mais il a le mérite d'avoir imaginé un tandem exceptionnel : Jean Carmet et Jean-Pierre Marielle, pitoyables et irrésistibles policiers bornés.

Benoît Jacquot, tenu en haute estime par la critique, a confirmé auprès de ses partisans le succès déjà obtenu par L'assassin musicien, en présentant cette année, dans Les enfants du placard, une belle histoire grave et pudique d'amour un peu incestueux. Enfin, reste, confiné dans ses recherches désincarnées, Jean-Luc Godard, qui ne convainc plus qu'un dernier carré de fidèles, avec Comment ça va ?, d'un ennui difficilement surmontable.

Terne

Une année, donc, terne. Relevée et dominée, heureusement, par deux très grands noms. Luis Bunuel, d'abord, qui jure toujours que ce sera son dernier film, s'est un peu pastiché lui-même dans Cet obscur objet du désir. Et ce film, qui montre un vieillard brûlant de désir pour une jeunesse (interprétée par deux comédiennes différentes), a un peu déçu. Et François Truffaut. Austère, très personnelle, exigeante, irritante, mais d'une beauté profonde, et d'une densité exceptionnelle, sa Chambre verte a été mal accueillie par le public, mais fera sans doute plus tard l'orgueil des cinémathèques. En attendant, ses cierges, brûlant éternellement en hommage aux amis disparus du héros (incarné, d'une voix monocorde, par Truffaut lui-même aux côtés de Nathalie Baye), veillent, symboliquement, sur le cinéma français. Malade, sans doute. Mais on l'espère, encore guérissable.

Statistiques 1977

– Production : 222 films, dont 190 intégralement français et 19 en coproduction à majorité française. Soit une augmentation par rapport à 1976, où l'on n'avait produit que 214 films, dont 170 intégralement français. À noter cependant : sur les 190 films français, 103 ont un devis inférieur à 0,60 million.

– Spectateurs : 168,683 millions. En baisse de 4,18 % par rapport à 1976.

– Recettes : 1 822 millions. En hausse de 4,47 % par rapport à 1976.

– Premières œuvres : 43 (contre 42 en 1976).

– Courts métrages : 484 (contre 432 en 1976).

– Salles : 4 410, contre 4 443 en 1976. Nouvelle diminution du nombre des fauteuils : 1 601 370, contre 1 684 736 en 1976. Soit une moyenne de 363 fauteuils par salle.

– Salles classées « art et essai » : 677 (contre 587 en 1976).

– Coût moyen d'un film : 2,70 millions (contre 2,75 millions en 1976).

États-Unis

Finis les films catastrophes, la violence pour la violence, la grande peur sur écran large. Sentant, lui aussi, venir la déroute, le cinéma américain a intelligemment changé son fusil d'épaule. Au centre de ses succès, trois grands thèmes : les étoiles, la danse et l'amour.

Spectaculaire

Les étoiles, ce sont celles du cosmos. Deux films, dans ce domaine, se partagent la palme du succès. La guerre des étoiles, de Georges Lucas, et Rencontres du troisième type, de Steven Spielberg. Le premier est une somptueuse bande dessinée, où un super-Tintin, taillé comme Tarzan, parvient, grâce à la Force, mystérieuse arme spirituelle, à venir à bout de tous les méchants du cosmos.

Un scénario, finalement, on ne peut plus simple, et rassurant. Mais une époustouflante réussite des spécialistes des effets spéciaux.

Parce que la plus grande partie du film se passe dans un univers très quotidien, et sur terre, les Rencontres du troisième type, de Steven Spielberg, ont pu paraître moins spectaculaires. À tort.

Passant des dents du requin aux OVNI, Steven Spielberg a su, lui aussi, magistralement utiliser les effets spéciaux pour montrer, en une longue séquence finale, en forme d'apothéose poético-technique, la première rencontre entre les hommes et les extraterrestres. La scène est très belle, après un suspense très bien mené. Et porteuse d'un message très rassurant : très savants, très sages, les homoncules des OVNI ne nous veulent que du bien... « Mince alors », dit en substance François Truffaut, qui interprète – drôle d'idée – le rôle du savant dans cette superproduction roublarde et superbe. « Mince alors »... c'est tout ce que l'on a, en effet, à dire devant les prouesses techniques réalisées, à coup de millions de dollars, par ces deux superproductions intersidérales. Sur ce plan, l'Amérique reste imbattable.