Le plus important de ces discours avait été prononcé à Angers, le 1er juillet 1976, pour les « Journées nationales du cadre de vie ». Ce jour-là, devant 700 fonctionnaires qui, de près ou de loin, ont à connaître de ces questions, le chef de l'État énonce les grands principes de sa politique. Renvoyant apparemment dos à dos les tenants de la « croissance zéro » et ceux de la « croissance sauvage », il affirme : « Il y a égalité de niveau entre l'intérêt économique et l'intérêt de l'environnement. »

L'instrument principal de cette politique est le ministère de la Qualité de la vie. Le 1er septembre, ce ministère change de titulaire pour la seconde fois en neuf mois. Vincent Ansquer y remplace André Fosset. Le secrétariat d'État à l'Environnement est supprimé. L'opposition et les écologistes ont beau jeu d'ironiser sur la faiblesse des moyens de ce département : malgré l'inflation, son budget de 1976 (356 millions de F) est simplement reconduit pour 1977. Pourtant, les services du ministère poursuivent activement l'œuvre entreprise les années précédentes afin de doter la France de l'arsenal législatif indispensable pour assurer la protection de l'environnement.

Business

Mais toute la politique de l'environnement a désormais une dimension internationale : la pollution et la protection de la nature ignorent les frontières. Du 7 au 11 décembre 1976. Paris est le siège de la première Semaine de l'environnement, ouverte par les ministères compétents de cinq pays européens et à laquelle participent deux cents conférenciers de vingt nations, dont le président du fameux Club de Rome. Tandis que des écologistes contestataires dénoncent ces assises comme « une monumentale imposture », les débats se cristallisent autour du thème de la « nouvelle croissance », qui se heurte au scepticisme des industriels.

Ceux-ci attachent, en revanche, beaucoup d'importance aux trois « salons » organisés au cours de cette Semaine de l'environnement. Les nombreuses firmes qui se lancent sur le marché de l'antipollution y exposent leur matériel, ainsi que les industriels spécialisés dans le nettoyage et dans l'entretien des espaces verts. Commentaire de Russel Petterson, ancien conseiller du président Ford : « Il y a beaucoup de dollars à gagner dans le business de l'environnement. »

Accords

Plus immédiatement efficaces apparaissent les travaux des neuf ministres de l'Environnement de la Communauté européenne, réunis à Bruxelles, le 10 décembre 1976. Deux conventions dont la CEE est partie prenante sont signées : l'une concerne la protection de la Méditerranée, l'autre consacre — enfin ! — l'accord sur le financement de la lutte contre la dangereuse pollution chimique du Rhin (Journal de l'année 1975-76). Diverses autres directives sont approuvées concernant, notamment, la protection contre la pollution par le plomb. En revanche, l'opposition des Britanniques empêche la conclusion d'un accord — attendu par beaucoup de marins-pêcheurs — sur les rejets de bioxyde de titane, les fameuses « boues rouges » déversées par la Montedison au large de la Corse et les « boues vertes » rejetées en baie de Seine et au large de Calais.

Au cours de la même réunion, les ministres approuvent un programme quinquennal d'action pour la protection de l'environnement concernant la période 1977-1981, assorti d'un budget de 40 millions de F par an. But : améliorer la qualité et le cadre de vie sans « casser » l'expansion. Parmi les nombreuses et souvent ambitieuses mesures retenues, on relève la décision de réaliser une carte de l'Europe permettant de mieux apprécier l'aptitude de chaque milieu à telle ou telle réalisation et le projet d'effort concerté entre les États européens afin de mieux recycler les déchets.

Pétroliers

La plus grande part du trafic pétrolier de l'Europe passe devant Ouessant et emprunte le pas de Calais. Ces lieux sont donc les plus exposés aux risques d'accidents, dont le taux le plus élevé est constitué par l'échouage ou la collision. Ces deux « fortunes de mer » se traduisent au pire par la déchirure de la coque ou d'une cloison de citerne. Elles provoquent un écoulement du pétrole, et l'or noir devient une nuisance diabolique. La couche de pétrole brut répandue sur la mer s'oppose à la photosynthèse nécessaire à la production du plancton et empoisonne celui-ci sous ses deux formes, animale et végétale, ce qui infeste toute la chaîne alimentaire dont il est la base. Après leur chute à travers la masse liquide, les métaux lourds recouvrent la couche sédimentaire et rejoignent la chaîne alimentaire par l'intermédiaire des crustacés.