Bordj Mellala, site d'environ 2 ha, est situé sur un plateau peu élevé, où les restes archéologiques sont très dispersés. Sur ce sol décapé par le vent, plus de 20 000 objets ont été recueillis.

Ramassage, fouilles et étude des plans ont conduit à distinguer d'abord divers espaces d'habitats et d'activités domestiques, à plus ou moins grandes distances les uns des autres : trois espaces d'habitats et trois ateliers de taille.

Habitats

Un espace d'habitat couvrant environ 1 400 m2 contenait 9 390 pièces de silex. Il montre une structure intéressante. Les limites de diffusion des objets sont très nettes vers l'est : les objets s'arrêtent brusquement, dessinant presque un demi-cercle, d'environ 60 cm de diamètre. Il y a là un « effet de paroi ». Cette courbe est soulignée par une ligne d'objets de silex particuliers : des trapèzes et des triangles courts. D'où l'hypothèse d'une sorte de haie artificielle, formée de branchages plantés dans le sol et contre laquelle on aurait appuyé armes et instruments.

Dans cet espace partiellement clos, on trouve plusieurs concentrations d'objets de caractéristiques différentes — débitage de nucleus (noyaux de silex), triangles et trapèzes —, une concentration de meules, une de coquillages, une de foyers. Il y avait aussi des œufs d'autruche : sept œufs percés, disposés en cercle et enterrés, la partie supérieure au ras du sol, auxquels s'ajoutent des fragments. Ils devaient servir de récipients. Certains portent un décor.

Foyers, ateliers, réserves : ainsi peut-on commencer à se faire une idée de la vie et des travaux à l'intérieur de cet espace. L'absence relative de vestiges dans la moitié nord le long de la paroi disparue pourrait même indiquer une zone réservée au repos.

C'était là le centre principal de l'habitat. À 60 cm se trouvait une autre concentration d'objets, moins étendue, moins riche et moins complexe, sans effet de paroi ni traces de foyers. Autre concentration à 110 m, au sud du centre principal : c'est là que la densité d'outillage est la plus grande. Les activités y apparaissent très diverses. Il a pu y avoir là un habitat satellite.

Ateliers

Trois ateliers distincts et spécialisés dans la taille ont été reconnus. L'un d'eux pourrait avoir été spécialisé dans la fabrication de petites pierres de formes géométriques, surtout des trapèzes. Un autre était réservé à la fabrication de pièces très particulières : les rectangles.

La reprise de la taille sur certains nucleus permet de se demander si ce ne sont pas là les traces des premiers essais d'« apprentis tailleurs » de silex... De plus, l'étude des liaisons entre pièces issues d'un même nucleus suggère que les différentes phases de la taille, depuis la mise en forme des nucleus jusqu'au dernier débitage des éclats, se déroulaient en trois points, très éloignés les uns des autres.

L'industrie relève de la tradition caspienne, une culture que l'on trouve dans ces régions à partir du VIIIe millénaire. Des fragments d'œufs d'autruche ont permis des datations : environ 5 000 avant notre ère. La faible densité des vestiges jointe aux dimensions et à la diversité du site suggère à J. Tixier qu'un groupe assez nombreux a séjourné dans cet endroit pendant un temps assez court.

L'opération Ramsès

Un hôte royal d'un genre particulier était accueilli, le 26 septembre 1976, à la base militaire du Bourget, près de Paris : la momie du pharaon Ramsès II, souverain d'Égypte au XIIIe siècle avant notre ère. On n'hésita pas à lui rendre les honneurs. La momie, confiée par le gouvernement égyptien au gouvernement français, est remise par ce dernier au musée de l'Homme, pour traitement ; elle est dans un état particulièrement désastreux.

Dégâts

L'alerte remonte à l'année précédente. Le docteur Bucaille obtient, au printemps 1975, l'autorisation d'examiner la momie du pharaon Mineptah. Le fils et successeur de Ramsès II est en très mauvais état. On ne s'en était pas aperçu, le corps étant recouvert d'une toile jusqu'au cou. Mais, cette dernière enlevée, on observe des trous, des pertes de substance au niveau de l'abdomen. Tous les orteils d'un pied ont disparu. Sur des photographies prises en 1912, les dégâts étaient beaucoup moins prononcés.