L'interféron excrété par ces cellules protège d'autres cellules en les induisant à synthétiser une protéine antivirale, qui bloque la réplication des virus dans ces cellules. Le gène contrôlant la production de la protéine antivirale est situé, lui, sur le chromosome 21. Et il semble qu'un élément répresseur de ce dernier gène se trouve encore situé sur un autre chromosome. La découverte de ces relations inter-chromosomiques ouvre un champ nouveau à la recherche en génétique. Ces relations pourraient expliquer, en particulier, les désordres liés à des aberrations dans le nombre des chromosomes : comme on le sait, les mongoliens sont porteurs d'un chromosome 21 supplémentaire, et ils sont justement très vulnérables aux infections.

Parasexualité

Une autre technique d'hybridation fait appel à une microchirurgie délicate. On prend deux cellules à leur phase de division, on les place côte à côte et, à l'aide d'une très fine aiguille, on les implante l'une dans l'autre. En quelques minutes, il se forme une cellule hybride. Dans ce cas, il n'est besoin d'aucun milieu sélectif pour sélectionner des clones hybrides, et il est virtuellement possible de fusionner n'importe quels types cellulaires. Au lieu de fusionner deux cellules entières, on peut aussi introduire dans des cellules vivantes des fragments d'ADN humain. Tous ces procédés évoquent les mécanismes de parasexualité, par lesquels des bactéries incorporent de l'ADN à d'autres bactéries. La parasexualité artificielle apportera de nouvelles informations sur la biologie des cellules humaines.

Homme-plante

Des chercheurs des départements de biologie et de médecins de Brookhaven (Harold Smith, Robert Meck) annoncent, le 30 juillet 1976, qu'ils ont créé des cellules hybrides homme-végétal. Cette opération est beaucoup plus difficile que la fusion de deux cellules animales : les cellules végétales ont une paroi rigide et elles sont plus volumineuses. Les premiers essais, tentés en 1975, avaient bien abouti à des cellules hybrides, mais celles-ci étaient incapables de se diviser. L'équipe de Brookhaven a réussi la fusion de cellules tumorales de tabac, préalablement débarrassées de leur paroi rigide, avec des cellules cancéreuses humaines. Dans un de ces hybrides, on a observé un commencement de division.

Les hybrides végétal-animal, si on arrive à les cultiver, constitueront, eux aussi, des instruments précieux pour l'étude des mécanismes génétiques et de la différenciation cellulaire. En outre, les cellules tumorales de tabac dépouillées de leur paroi (les protoplastes) conservent leur totipotence, c'est-à-dire qu'elles peuvent se différencier dans toutes les directions et même, à la limite, donner une plante. Cette propriété appartient aussi à quelques autres cellules végétales. On entrevoit ainsi la possibilité d'incorporer au génome d'une lignée végétale des chromosomes animaux. On obtiendrait, par exemple, des variétés de blé riches en protéines nobles.

Gène artificiel

Prix Nobel de médecine en 1968, le biologiste indien Har Gobind Khorana s'efforce depuis quelques années, dans son laboratoire du MIT (Institut de technologie du Massachusetts), de fabriquer chimiquement ces gènes, c'est-à-dire des séquences d'ADN codant la synthèse, dans la cellule, des ARN (messager et de transfert) et des protéines. En 1970, il produit ainsi un gène codant la synthèse d'un ARN de transfert dans une cellule de levure. Toutefois, ce gène n'était pas fonctionnel : il lui manquait les séquences initiale et finale, en quelque sorte la ponctuation qui autorise la transcription du message génétique. Un peu plus tard, Khorana s'attaque à la synthèse d'un gène codant la synthèse d'un ARN de transfert de la bactérie Escherichia coli. Le succès total est annoncé fin août 1976 : introduit dans la bactérie, le gène artificiel y remplit sa fonction comme un gène naturel.

La synthèse chimique de gènes ouvre des voies nouvelles à l'étude, au niveau moléculaire, des mécanismes génétiques. À bien plus long terme, elle ferait entrevoir la possibilité de corriger des aberrations héréditaires par introduction de gènes artificiels dans les cellules de l'organisme déficient.

Évolution

La coopération de spécialistes de disciplines diverses — chimistes, biochimistes, généticiens, physiciens — et l'emploi de microscopes électroniques à haute résolution ont permis, dans la toute dernière période, d'élucider le programme selon lequel les éléments constitutifs d'un virus s'assemblent, au sein d'une bactérie, pour former un virus entier. Dans une large mesure, ces découvertes peuvent être extrapolées à la genèse des organites cellulaires ribosomes, mitochondries, membranes, voire la cellule elle-même. En 1976, on a mis en évidence le rôle des acides aminés aromatiques (phénylalanine, tyrosine) de certaines protéines : en s'insérant entre les bases de l'ADN, ils assurent un ancrage des protéines le long de la chaîne d'ADN. Ces données n'éclairent pas seulement les mécanismes biologiques actuels ; elles aident à comprendre comment les macromolécules fondamentales se sont associées à l'aube de la vie terrestre et ont ensuite évolué vers des interactions et des systèmes toujours plus complexes.

Prévention et thérapeutique : les adjuvants de l'immunité

Tandis que l'OMS consacre, le 4 avril 1977, sa traditionnelle Journée mondiale de la santé à la vaccination, placée sous le slogan « Enfants vaccinés, enfants protégés », la tenue à Paris, en mars, de la 3e Journée internationale d'immuno-allergologie microbienne attire l'attention du monde savant et du public sur les immuno-adjuvants, dits encore « adjuvants de l'immunité ».

Bactéries

En bref, on appelle ainsi des substances, naturelles ou de synthèse, qui stimulent les réactions immunitaires de l'organisme dans le cas d'une maladie infectieuse ou amplifient ses réactions de réponse dans le cas d'une vaccination. Leur emploi permettrait, théoriquement, de renforcer les effets de la couverture vaccinale (action préventive) ou d'exciter ces défenses contre une agression infectieuse (action thérapeutique).