La troisième méthode est fondée sur les échanges gazeux entre les organismes vivants et l'atmosphère qui les entoure. L'échantillon est humecté avec un liquide nourricier. Après un temps d'incubation, l'atmosphère ambiante est analysée : la présence d'organismes doit avoir pollué cette atmosphère avec des corps tels que le gaz carbonique et le méthane.

Bien que n'ayant pas été prévu dans ce dessein, un autre dispositif du Lander permet aussi la détection de la matière organique : il s'agit de la combinaison chromatographe-spectromètre de masse servant à analyser la composition chimique du sol martien.

Perplexité

Viking 1 s'est posé le 20 juillet 1976 à 20° de latitude nord dans la région de Chryse ; le 3 septembre, Viking 2 atterrissait dans la plaine d'Utopie, à 48° de latitude nord, mais du côté opposé de la planète. Dans les deux cas, malgré des incidents mineurs, les analyses ont été menées à bien et même répétées un certain nombre de fois.

Après une première période d'exaltation, car certains résultats paraissaient positifs, d'autres expériences se sont révélées négatives. Mais d'autres encore ont donné des résultats inexplicables, sans doute inhérents à la nature particulière du sol martien. Finalement, l'opération laissera tout le monde perplexe : alors que les communiqués officiels concluent qu'aucun signe de vie n'a été détecté, sans que, toutefois, il soit possible d'affirmer que la vie n'existe pas sur Mars, certains des savants qui ont signé ces conclusions affirment dans d'autres lieux, à titre privé, que tel résultat ou tel autre peuvent signifier que de la matière organique a bel et bien été détectée...

Par exemple, lors des expériences sur les échanges gazeux entre l'échantillon et la micro-atmosphère ambiante, on a constaté que celle-ci s'était enrichie en gaz carbonique, oxygène et azote en provenance du premier. Mais une étude poussée de ce résultat, qui a paru anormal, incite les spécialistes à conclure à la probabilité d'une origine organique des gaz détectés.

Les résultats des recherches faites par pyrolyse sont, eux aussi, imprécis : en principe positifs, car l'échantillon du sol semble consommer du gaz carbonique et de l'oxyde de carbone, ils deviennent négatifs si l'on ajoute de l'humidité à la micro-atmosphère. Le communiqué officiel précise : « Une synthèse organique à partir du CO et du CO2 atmosphérique à lieu dans la matière provenant du sol martien. Mais cette synthèse est faible par rapport aux essais faits avec des sols terrestres biologiquement actifs et, à l'encontre de ce qui arrive avec ces derniers essais, elle est inhibée par la présence de faibles proportions d'eau. »

L'incubation du sol martien dans un milieu nourricier dopé au carbone radioactif dégage des produits radioactifs, ce qui devrait être interprété comme un signe de vie. Or, en fait, les spécialistes se sont aperçus qu'exposé au rayonnement ultraviolet de l'éclairage le sol martien peut se trouver activé et devenir radioactif, même si aucun micro-organisme n'a absorbé des gaz atmosphériques dopés. Mais le communiqué conclut : « ... On ne peut pas exclure, pour autant, qu'une activité biologique ait été détectée sur Mars. »

Il semble que le sol martien ne réagisse pas, chimiquement parlant, de la même façon que les sols terrestres utilisés pour la mise au point du matériel employé par les Viking. Mars est bombardé par la totalité du spectre ultraviolet du Soleil, y compris sa fraction la plus énergétique, laquelle ne parvient pas (heureusement pour nous) jusqu'à la surface terrestre, car elle est arrêtée par l'ozone de la haute atmosphère.

En outre, le sol martien semble contenir plus d'humidité qu'on ne l'espérait, et il se pourrait bien qu'il soit aussi plus riche en oxygène que ne le sont les roches terrestres similaires.

Les techniques de chromatographie gazeuse et de spectrométrie de masse mises en œuvre pour analyser la composition du sol de Mars n'ont pas révélé la moindre trace de composé organique, alors qu'elles sont capables de détecter une proportion de cette matière égale à une part pour quelques milliards de parts de substance inorganique. Essayés dans l'Antarctique, où les molécules de matière organique sont pourtant très rares, ces procédés y avaient détecté une vingtaine de composés organiques.

Mesures

La recherche de formes de vie extraterrestres constituait, certes, un but ambitieux. Mais les Viking en avaient d'autres, dans le dessein de mieux nous faire connaître la planète rouge.