Par son thème (les amours et les frasques d'un groupe d'adolescents), par sa modestie, et par sa réussite inattendue, aux États-Unis d'abord, en France ensuite, ce film d'un producteur indépendant évoque l'étonnant triomphe, l'an dernier, de nos petites Anglaises.

Mel Brooks, également situé dans le haut du tableau des entrées, a choisi la difficulté avec la Dernière folie de Mel Brooks, une parodie entièrement muette des films de la grande époque hollywoodienne. Une gageure et une jolie réussite comique. En même temps, Gene Wilder, naguère son acteur favori, se taille un beau succès de rire dans Trans-america Express, d'Arthur Hiller.

Le film-catastrophe disparaît presque totalement. Seule peut-être La malédiction, de Richard Donner, grand-guignolesque histoire d'un petit garçon possédé par le démon, s'y rattache en partie, sous-produit, en réalité, de L'exorciste de naguère.

Politique

Les Américains continuent d'explorer leur société avec toujours aussi peu de tendresse. Deux grands titres s'imposent dans cette dénonciation des tares de la démocratie américaine : Les hommes du Président, d'Alan J. Pakula, rigoureuse illustration du scandale du Watergate, où Robert Redford et Dustin Hoffman interprètent les deux journalistes du Washington-Post, Woodward et Bernstein. Et Network, de Sydney Lumet, une charge féroce de la télévision, de la toute-puissance du taux d'écoute et de la folie des programmateurs, prêts à tout pour le faire remonter. Aux côtés de William Holden et de Faye Dunaway, Peter Finch, pour ce rôle qui fut son dernier, a obtenu un Oscar très mérité.

Portant sur un point précis de l'histoire américaine, suffisamment récent et suffisamment peu glorieux pour avoir été jusqu'à présent passé sous un pudique silence. Le prête-nom, de Martin Ritt, rappelle ce que fut, sous le règne du sénateur Mac Carthy, la chasse aux sorcières dans les milieux de la télévision. Woody Allen, dans un registre un peu différent de ses films habituels, s'y montre remarquable. Couronné par une pluie d'Oscars, Rocky, de John Avildsen, histoire d'un boxeur minable qui accède à la gloire, tente au contraire de prouver que le rêve américain est toujours d'actualité. Quant au Dernier nabab, tiré du dernier roman de Scott Fitzgerald par Elia Kazan, c'est à la fois une dénonciation de l'emprise de l'argent sur le cinéma, une évocation nostalgique du Hollywood d'antan et une très romanesque histoire d'amour, magistralement interprétée par Robert de Niro.

Suspense

Le film policier se sophistique, John Schlesinger, dans Marathon man, fait courir à perdre haleine Dustin Hoffman traqué par un ancien bourreau nazi. Nicolas Gessner, dans La petite fille au bout du chemin, construit un suspense haletant autour d'une fillette de 14 ans, incarnée par Judie Foster, étonnante. La science-fiction n'inspire pas cette année de grande œuvre, mais, dans le domaine du fantastique, Brian de Palma s'impose définitivement avec trois films, Sœurs, Obsession et surtout Carrie, où se révèle une nouvelle actrice aux yeux froids dans un visage constellé de taches de rousseur, Sissy Spacek.

On la retrouve aux côtés de l'étonnante Shelley Duvall, récompensée à Cannes, dans Trois femmes, de Robert Altman. Un très beau film, déconcertant, très riche, né d'un rêve et qui nous emmène très loin dans les gouffres de la psychanalyse. Ces Trois femmes font oublier la déception (malgré la présence de Paul Newman) que fut, du même Robert Altman, Buffalo Bill et les Indiens.

À signaler encore un Hitchcock se pastichant malicieusement lui-même, Complot de famille, et, dans Missouri breaks, d'Arthur Penn, le fascinant face-à-face de deux monstres sacrés, Marlon Brando et Jack Nicholson. Du côté des stars, on note le retour de Raquel Welsh dans Ambulance tous risques, de Peter Yates, et dans Wild party, de James Ivory, et surtout celui de Jane Fonda, toujours aussi délicieuse, dans une comédie de Ted Kotcheff sur le chômage des cadres, Touche pas à mon gazon. Elles n'ont pas, cependant, éclipsé l'inaltérable superman Charlon Heston, condamné encore à l'héroïsme dans La bataille de Midway, de Jack Smight.