Sur cette toile de fond, les lignes d'action prioritaires dégagées par le préfet de région concernent deux secteurs spécifiques à conforter : l'agriculture et la recherche.

Agriculture

La revitalisation des zones rurales constitue l'objectif fondamental, puisqu'il intéresse directement 50 % de la population de la région. Il peut être atteint à la fois par la restructuration des exploitations et par l'implantation systématique, sur place, d'activités autres que purement agricoles. Un effort considérable est seul de nature à transformer un handicap en atout, en se fondant sur la persistance d'un fort exode rural, le développement d'une agriculture puissante et diversifiée.

L'organisation de la profession (en particulier sous la forme de groupements de producteurs capable : de participer à la commercialisation et à l'élaboration de leurs produits) conditionnera l'octroi des aides publiques. Enfin, l'émergence d'une agriculture moderne suppose, autour des nouvelles exploitations, des créations d'emplois techniques nombreux et diversifiés.

Recherche

Avec la capitale du Concorde et des satellites spatiaux Midi-Pyrénées bénéficie, à Toulouse d'un pôle scientifique extrêmement important. Mais certaines activités de recherche peuvent ne pas rester centralisées sur la métropole et être implantées dans d'autres zones diversifiées de la région. En effet, si la nécessité des liaisons avec l'Université impose à la recherche fondamentale de rester à proximité de Toulouse, il peut en être différemment pour la recherche appliquée, dont les liens nécessaires avec l'industrie ou l'agriculture permettent des implantations décentralisées.

En définitive, il s'agit donc, à parti de l'agriculture, d'une part, de la recherche et des industries sophistiquées, d'autre part, de développer une industrie banalisée, sous forme principalement d'entreprises de transformation de petite taille, susceptible : de s'installer sur l'ensemble du territoire régional et même en zone rurales.

Sur ces bases, à partir d'une agriculture puissante et d'une recherche diversifiée, Midi-Pyrénées espère pouvoir créer un environnement favorable au développement industriel, et en particulier aux secteurs qui paraissent prioritaires : les industries agricoles et alimentaires, la chimie et les industries mécaniques.

Languedoc-Roussillon

Derrière la crise viticole, le marasme économique

Les quatre PAP (Programmes d'action prioritaire) retenus pour le VIIe Plan suffiront-ils à tirer le Languedoc-Roussillon du marasme dans lequel il s'enlise et dont la crise viticole, marquée par les émeutes sanglantes du 4 mars 1976 au pont de Montredon, a révélé l'ampleur ?

Ces quatre PAP : industrialisation renforcée (avec le grand projet industrialo-portuaire de Sète), modernisation de l'agriculture (avec, bien sûr, la rénovation vinicole), mise en valeur du patrimoine naturel et modernisation des petites et moyennes entreprises, doivent en effet porter remède à une situation délicate, caractérisée par le chômage et la sous-industrialisation.

Si le paysan du Languedoc est condamné à cultiver la vigne, malgré tous les aléas de cette culture, c'est qu'il n'a pas d'autre alternative, sinon celle de s'expatrier ou de devenir chômeur. Les statistiques régionales sont, en effet, accablantes. Qu'on en juge par ces quelques chiffres, tirés d'un rapport de la mission régionale :
– le taux d'activité en Languedoc-Roussillon est sensiblement inférieur à la moyenne nationale 35 % au lieu de 41 % ;
– les créations d'emplois sont en diminution depuis quelques années. Aussi la région compte-t-elle, proportionnellement, le plus grand nombre de chômeurs inscrits. De 18 000 fin décembre 1972, on est passé à plus de 43 000 fin 1975, soit une augmentation de 38 %. Dans l'agriculture, la vigne, activité traditionnelle, mais aussi l'arboriculture sont touchées. Dans l'industrie, le vieux textile comme la jeune électronique sont en péril ;
– l'accroissement démographique (0,7 % par an entre 1968 et 1975) est lui aussi inférieur à la moyenne nationale. Mais un cinquième seulement des 82 000 nouveaux Languedociens provient d'un excédent de natalité. Les autres sont « des migrants, des enfants du pays qui reviennent au moment de la retraite, des étrangers séduits par le climat ». Et, pour achever ce sombre tableau, il faut dire que certains départements ont même vu leur population diminuer. C'est le cas de l'Aude (– 2,1 %) et de la Lozère (– 2,8 %). En revanche, c'est la zone comprise entre Sète et la vallée du Rhône qui a connu la plus forte expansion, avec 75 000 habitants de plus en sept ans. Entre l'est riche et l'ouest pauvre, la plaine prospère et l'arrière-pays déshérité, le fossé ne cesse de se creuser.