Pour bien comprendre les raisons de cette situation, il faut tenir compte d'un certain nombre d'éléments : tout d'abord, le développement industriel s'est opéré grâce à une diversification des activités. Aux industries traditionnelles (industries agricoles et alimentaires, matériaux, construction navale et armement, cuir), se sont ajoutées des activités nouvelles : automobile, électronique, chimie, plastique, etc. Cependant aujourd'hui la fabrication de biens de consommation représente encore un poids beaucoup plus important dans les Pays-de-la-Loire (44 %) que dans la France entière (39 %). La diminution de la consommation, apparue dès le début de la crise, a donc eu des effets négatifs.

De même, les secteurs des biens intermédiaires (27 % de l'ensemble) et des biens d'équipement (29 % de l'ensemble) ont été fortement touchés par la crise. C'est en particulier le cas de l'automobile et de l'électronique, tandis que le bâtiment et les travaux publics connaissaient des perturbations sensibles.

L'ouverture de l'Ouest vers l'extérieur, qui représentait un atout, est devenue une difficulté supplémentaire : les marchés étrangers se sont en effet fermés un à un. Et ce phénomène a encore accentué la faiblesse d'un certain nombre d'entreprises, qui, du fait de leur décollage récent, n'avaient pas encore pu consolider leur assise financière.

Enfin, le revenu agricole a connu une progression moins marquée qu'ailleurs : l'agriculture régionale est en effet fondée sur l'élevage et elle a plus souffert que celle des régions à céréales et à betteraves.

Tous ces phénomènes expliquent l'accroissement marqué du chômage : + 50 % au cours de l'année 1974. Fin juillet 1975, on comptait 35 000 demandeurs d'emplois, dont 48 % avaient moins de 25 ans et dont 53 % étaient des femmes.

Aussi la conclusion des experts est-elle teintée de pessimisme : « À l'horizon 1980, écrivent-ils, il ne semble pas que l'industrie régionale puisse seule trouver une solution au problème de l'emploi tel qu'il est désormais posé. En effet, en l'absence d'une opération d'envergure nationale, l'industrialisation de l'Ouest risque de créer un nombre d'emplois insuffisant par rapport à l'arrivée des jeunes au travail. »

Poitou-Charentes

Priorité au littoral

L'aménagement du littoral atlantique constituait déjà l'une des priorités définies dans le rapport d'orientation du Ve Plan. Cette volonté est à nouveau mise en avant dans le cadre de la préparation du VIIe Plan par les responsables de la région Poitou-Charentes.

Certes la région, comme la Bretagne, les Pays-de-la-Loire et l'Aquitaine (qui constituent avec elle la façade atlantique), a connu depuis quelques années un développement économique et démographique soutenu. Mais ce développement reste fragile, parce que l'industrie, d'implantation récente, est encore insuffisamment assurée et structurée et parce que ces régions sont mal intégrées dans le processus économique européen.

Par ailleurs, les problèmes d'aménagement découlant de l'urbanisation croissante de la zone côtière entre Loire et Gironde imposent de prévoir, à bref délai, une organisation d'ensemble susceptible d'assurer la protection du milieu naturel et des sites, en même temps qu'une expansion harmonieuse des activités littorales.

C'est pourquoi une organisation interrégionale, l'Atelier littoral Centre-Ouest-Atlantique (ALCOA), a lancé une recherche prospective, soumise aux élus et cherchant à imaginer tous les futurs possibles. Trois types de développement possibles pour la façade atlantique ont ainsi été étudiés :
– organisation d'un tourisme intensif, en s'appuyant sur la poursuite des tendances actuelles ;
– création d'une grande façade industrielle ;
– établissement d'un équilibre entre le tourisme et les autres secteurs de l'économie.

À la grande majorité, les élus de la zone d'études concernée se sont prononcés pour cette dernière formule, afin de « faire de ce littoral un ensemble économique cohérent et structuré tourné vers la mer et fortement solidaire de l'arrière-pays ».