Les problèmes de la presse sont évoqués à l'Assemblée nationale le 17 avril. André Rossi affirme la volonté du gouvernement de prendre en considération les propositions que lui feront les organisations professionnelles patronales et syndicales, tendant à élaborer un statut de la presse.

Dangers

Selon le rapport de l'Institut international de la presse (IIP), 125 journalistes ont été victimes de leur métier en 1974 : tués, blessés, enlevés, arrêtés, expulsés ou refoulés de 32 pays. Paul Léandri, journaliste de L'AFP, est tué à Saigon par un policier sud-vietnamien dans des conditions qui soulèvent l'indignation et la réprobation générales, et Michel Laurent, reporter-photographe de l'agence Gamma, est le 39e journaliste victime de son métier en Indochine.

Les journalistes en mission périlleuse bénéficieront désormais d'une protection spéciale dans le cadre de la Convention de Genève : ils devront être considérés par les forces armées comme des civils et protégés comme tels.

Le problème du secret de l'instruction trouve une nouvelle actualité à la suite d'un reportage publié par le Nouvel Observateur. Un juge de Lille, Hubert Dujardin, est sanctionné pour y avoir contrevenu et pour avoir manqué à l'obligation de réserve.

Procès

Le Point est condamné pour avoir publié la photo d'un inspecteur de la DST dans l'affaire des écoutes du Canard enchaîné. Jean-Paul Sartre et Maurice Clavel sont inculpés d'injures publiques et de diffamations à la suite de la publication d'un fac-simulé du Méridional-La France ainsi que Georges Montaron, Reiser, Wolinsky et Philippe Sollers. Le Monde et la Croix sont assignés par le président André Braunschweig et l'avocat général Langlois à la suite de la publication d'un communiqué émanant du comité « Justice pour Pierre Goldman. » La cour d'appel confirme la condamnation du Parisien libéré pour diffamation envers le professeur Guilmet. Louis Zollinger, conseiller à la cour d'appel, poursuit pour diffamation envers un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions Libération et le Journal des prisonniers, organe du Comité d'action des prisonniers (CAP), qui sont condamnés le 23 juin à des peines d'amende. La 17e Chambre correctionnelle relaxe l'hebdomadaire Satirix pour publication de dessins humoristiques que d'aucuns voulaient faire passer pour obscènes. Le professeur Louis Leprince-Ringuet obtient en référé la saisie de l'hebdomadaire La gueule ouverte. La cour d'appel de Grenoble réforme le jugement condamnant le directeur de l'agence AIGLES, considérant que ni le délit d'entrave au fonctionnement régulier du comité d'entreprise, ni celui d'atteinte à la libre désignation et à l'exercice des fonctions d'un délégué du personnel n'étaient établis. Enfin, parmi les multiples procès qui amènent chaque année la presse dans les prétoires, on retiendra l'assignation de Françoise Giroud contre la revue Emmanuelle pour utilisation abusive de son nom sur la couverture.

Étranger

Au Portugal, la publication de la loi sur la presse établit la liberté « sans subordination à aucune forme de censure », mais, cependant, les propos offensants pour le Mouvement des forces armées (MFA) seront sanctionnés. Après le boycott d'un hebdomadaire non communiste, l'occupation du quotidien Republica, dont le directeur et plusieurs journalistes sont séquestrés, est dénoncée par le parti socialiste comme une « nouvelle agression contre les moyens d'information ».

Le Quotidien de Paris ouvre ses colonnes aux journalistes de Republica.

En Grande-Bretagne, la crise de la presse s'étend, en corrélation avec l'inflation, qui provoque une forte augmentation des frais généraux et du prix du papier. Un projet de loi, qui obligerait les journalistes à être syndiqués au même titre que les autres membres de l'industrie, suscite l'inquiétude : que se passerait-il si les journaux n'avaient plus d'autres choix que de suivre les directives du syndicat ?

La presse italienne est toujours en proie à de nombreux conflits. Agissant avec l'appui du président de la Montedison, Eugenio Cefis, l'éditeur milanais Angelo Rizi (Il Mundo, l'Europeo) devient majoritaire dans le capital du Corriere della Sera. Une coopérative journalistes-typographes sauve la Gazetta del popolo, quotidien de Turin créé en 1848, dont les propriétaires menaçaient de cesser la publication.