Huit ans après la constitution du groupe Entreprise de presse n° 1 (EP 1), Jean-Charles Lignel demande la résolution des accords entre le Progrès et le Dauphiné libéré qui étaient intervenus à la suite d'un conflit entre les familles Brémond et Lignel.

L'achat de 49 862 actions (sur un total de 240 000) du capital de la société éditrice de l'Est républicain par la Société messine d'édition et d'impression (propriétaire du journal le Républicain lorrain) pose une fois encore le problème de la disposition d'une entreprise de presse « sans le consensus de son personnel, sans la moindre considération pour le public et en l'absence de toute justification d'ordre économique ». Le conseil d'administration du journal, comme la loi l'y autorise, refuse son agrément au Républicain lorrain pour l'achat des actions de la famille Vilgrain. C'est finalement le Dr Boileau (P-DG de la Chaudronnerie lorraine, déjà propriétaire de 12 % du capital de l'Est républicain) qui s'en rend acquéreur. Ce conflit provoque des inquiétudes aux Dépêches de Dijon (dont l'Est républicain détient 81 % des actions), où des grèves répondent aux licenciements prévus.

Jean Prouvost annonce, le 30 juin, sa décision de céder la majorité des actions du Figaro à Robert Hersant. L'assemblée générale de la rédaction réaffirme son attachement aux structures existantes dans l'entreprise qui garantissent, d'une part, l'indépendance de l'équipe rédactionnelle à l'égard de la société propriétaire et, d'autre part, les intérêts financiers des propriétaires. Elle déclare que toute atteinte à l'indépendance de la rédaction se heurterait à une riposte immédiate.

Une longue procédure trouve enfin sa conclusion : la Cour de cassation rejette le pourvoi interjeté par la société éditrice de la Voix du Nord, qui est condamnée pour avoir fait voter, après la Libération, par une assemblée générale extraordinaire, une résolution « évinçant purement et simplement toute une catégorie de membres du réseau la Voix du Nord ».

À France-Soir, après une baisse de diffusion et la chute des petites annonces (qui représentent une fraction importante des recettes publicitaires), la FEP (France-Édition et Publication) fait connaître son plan d'austérité. L'intersyndicale de l'entreprise s'élève contre les licenciements prévus et demande que soit envisagée l'abolition immédiate de tous les privilèges et des économies sur les dépenses non productives. L'arrivée de Jean Gorini à la direction de la rédaction provoque une grève de 48 heures (3-4 juin 1975).

Une menace de licenciement collectif au groupe SEPE (Société d'études et de publications économiques), qui édite Réalités, Connaissance des arts et Entreprise, provoque des mouvements de grève.

Une formule originale est cependant trouvée à Nord-Eclair, avec la création de la société Nord-Eclair édition, pour assurer l'indépendance de la rédaction et le maintien de la personnalité du journal lorsque le groupe Hersant en devient majoritaire.

À toutes ces difficultés d'ordre financier se greffent les problèmes propres à la presse. C'est le cas d'Europe I où le conseil de gérance décide de relever de ses fonctions de directeur général Maurice Siégel.

Aides

Le 9 décembre 1974, André Rossi, secrétaire d'État, signe le décret reconduisant pour 1975 l'aide exceptionnelle de l'État à la presse d'opinion : 3 200 000 F. Doivent en bénéficier : la Croix, l'Humanité et le Quotidien de Paris. Mais ce dernier y renonce. Quant à l'aide exceptionnelle à la presse quotidienne et aux hebdomadaires assimilés, elle s'élève à 60 millions de francs. Elle est destinée à compenser partiellement la hausse du prix du papier et sera affectée aux journaux en fonction de la diffusion et non plus du tirage.

Une table ronde s'ouvre, le 13 février 1975, à l'hôtel Matignon, sous la double présidence d'André Rossi et de Christian Poncelet. Ses travaux sont limités aux aspects fiscaux de l'aide que l'État peut apporter à la presse. La FFTL et l'Union nationale des syndicats de journalistes (SNJ, CFDT, CGT, FO) protestent contre le fait qu'ils n'y sont pas représentés.