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L'industrie de la presse, condamnée en quelque sorte à vendre un produit moins cher qu'il ne coûte en réalité, est frappée de plein fouet par la conjoncture économique. La hausse du prix du papier (près de 90 % en treize mois), l'augmentation des tarifs postaux (de 50 à 142 %), l'augmentation de la masse salariale et la diminution des recettes publicitaires bouleversent une stabilité déjà précaire quand elles ne compromettent pas l'avenir. Des entreprises cessent leurs activités, d'autres se débattent au milieu de difficultés dramatiques.

« Silence, on coule ! » : c'est la manchette du 9 376e numéro de Combat qui, trente ans après sa création, ne parvient plus à surmonter un déficit mensuel de 400 000 F. Dernier titre de la presse quotidienne issue de la Résistance, « Combat représentait quelque chose d'unique dans la presse française de l'après-guerre : un témoignage de liberté et de courage » (Philippe Tesson). La Nation, organe de parti, qui n'a pas réussi à trouver sa place dans l'éventail des quotidiens, mais n'en représentait pas moins un élément de la presse d'opinion, cesse également de paraître. Toujours en proie à des difficultés financières, Libération ouvre une souscription parmi ses lecteurs tandis que la Croix lance un cri de détresse : non distribuée à ses abonnés pendant les six semaines de la grève des PTT, son existence est menacée. Son appel s'adresse également aux syndicats et aux pouvoirs publics.

Mais c'est surtout le conflit du Parisien libéré qui va amener la presse à s'interroger sur ses propres structures. Avec 22 éditions régionales et un tirage de plus de 800 000 exemplaires, le quotidien parait être, sur le plan financier, une affaire saine. À la suite de la décision de son président, Émilien Amaury, d'adhérer au syndicat des quotidiens de province, le Comité intersyndical du Livre parisien (CGT) réplique que « la direction du groupe a décidé unilatéralement de mettre en cause les contrats de travail qui la lient avec la profession ».

C'est le début d'une guerre de communiqués, de grèves et d'actions diverses qu'auront des répercussions sur toute la presse avec quatre grèves générales (15 avril, 27 mai, 9 et 26 juin pour la presse parisienne) et des attentats dont l'un sera meurtrier. En fait, la direction du Parisien libéré constate qu'en raison du nombre de ses éditions elle doit verser en salaires deux fois un quart plus qu'un quotidien de type traditionnel à tirage égal. Ne parvenant pas à mettre au point avec le syndicat du Livre un réaménagement des annexes techniques de la convention, elle décide la suppression de ses éditions régionales et du grand format pour ne plus exploiter que le tabloïd. Une demande de licenciement collectif est adressée à l'Inspection du travail.

Fusion

Entreprise – Les Informations, accord du 21 mars 1975.

Se transforment

La Vie française – L'Opinion adopte le format tabloïd (juin 1974). Le Figaro : changement dans la forme, le fond et l'esprit (novembre 1974). La Croix : en devenant La Croix-L'Événement pour son 95e anniversaire, le journal se rénove (février 1975).

Les hommes

Serge July remplace Jean-Paul Sartre à la direction de Libération.

Michel Houssin remplace Georges Hourdin comme P-DG des publications de la Vie catholique ; Jean-Pierre Dubois-Dumée devient directeur des rédactions du groupe la Vie catholique.

Jean Méo remplace Christian Lobut au poste de P-DG de l'Agence Havas.

Jean-Jacques Servan-Schreiber redevient P-DG de l'Express, la société anonyme à directoire est reconvertie en société anonyme classique.

Pierre Sainderichin, ancien chef du service politique du journal Sud-Ouest, est nommé rédacteur en chef, directeur des services politiques de France-Soir.

Michel Bassi, ancien rédacteur en chef adjoint du Figaro, devient rédacteur en chef à l'Agence centrale de presse.

Le Père Jean Potin remplace le Père Lucien Guissard à la rédaction en chef de la Croix.

Jean-Jacques Gautier, critique dramatique du Figaro, est remplacé par François Nourissier.