Quatre réacteurs de ce type fonctionnent en 1974, avec une fiabilité très supérieure à celle des autres types de centrales (durées d'arrêt bien moindres).

Le Canada prend position d'exportateur de centrales, n'acceptant toutefois pour clients que les pays ayant ratifié le traité de non-prolifération des armes nucléaires, afin que le plutonium produit dans les réacteurs CANDU ne puisse servir à des fins militaires. La France, n'ayant pas signé le traité, ne peut acheter ces réacteurs. Ses techniciens prennent toutefois contact avec leurs collègues canadiens, afin de se tenir au courant des progrès de leur technique. Il existe du reste en France, à Brennilis, une petite centrale expérimentale modérée à l'eau lourde (le fluide caloriporteur étant du gaz carbonique et non de l'eau légère, comme chez les Canadiens).

Incinérateur

Il n'est pas question pour la France de freiner son programme, mais peut-être (comme la Grande-Bretagne) rouvrira-t-elle plus largement l'éventail de la recherche et de l'expérimentation sur d'autres filières, ménageant ainsi un avenir imprévisible. Pareille prudence s'observe même aux États-Unis. Devant l'American Nuclear Society, un chercheur de la NASA, Karlheinz Thom, relance l'idée, naguère étudiée pour la propulsion des vaisseaux spatiaux, de réacteurs brûlant un plasma d'hexafluorure d'uranium. K. Thom propose d'utiliser de tels réacteurs pour la destruction des déchets radioactifs à longue durée de vie. En recyclant ceux-ci dans le courant gazeux, on les soumettrait à un flux neutronique intense qui les transformerait en éléments inoffensifs. Non seulement de tels réacteurs ne produiraient pas (ou produiraient peu) de déchets actifs à longue période, mais encore ils se chargeraient de détruire ceux des autres centrales, jouant ainsi le rôle d'incinérateurs d'ordures nucléaires.

À l'heure où le stockage des déchets assombrit les perspectives de l'énergie nucléaire, la voie imaginée par K. Thom pourrait conduire dans l'avenir à une surprenante éclaircie.

Surgénérateurs

Les réacteurs à neutrons rapides apparaissent toutefois moins hypothétiques et plus recommandables par leur haut rendement et leur capacité de transformer tout l'isotope non fissile de l'uranium en plutonium fissile. Cependant leur sécurité, à l'échelle industrielle, n'est pas éprouvée.

Après le succès du surgénérateur expérimental Phénix (Journal de l'année 1973-74), la filiale d'ingénierie du CEA prépare Super-Phénix, surgénérateur, encore expérimental, de 1 200 MWé, qui serait exploité en commun par les organismes producteurs d'électricité de France, d'Italie et d'Allemagne fédérale, groupés (juillet 1974) dans la société NERSA (centrale nucléaire européenne à neutrons rapides). Ultérieurement, cette société construirait un autre surgénérateur expérimental, celui-là de conception allemande.

Les surgénérateurs en série industrielle ne sont envisagés qu'à partir de 1985. Pour que la production de plutonium soit réellement avantageuse, elle devrait être moins lente que dans Phénix et même Super-Phénix, ce qui pourrait exiger l'emploi, comme combustibles, de carbures d'uranium et de plutonium au lieu d'oxydes, et d'un gaz refroidisseur en place du sodium fondu : technologies à l'étude.