À une ou plusieurs de ces puces, on adjoint des mémoires MOS, qui sont en général de plusieurs sortes : les mémoires mortes, qui contiennent des programmes enregistrés une fois pour toutes par le constructeur ; les mémoires reprogrammables, sur lesquelles le constructeur et l'utilisateur peuvent effacer et écrire plusieurs fois ; les mémoires vives, que l'utilisateur peut effacer et récrire indéfiniment ; les mémoires vierges, sur lesquelles l'utilisateur peut écrire une unique fois ses programmes lui-même sans faire appel au constructeur.

Micro-ordinateur

Cet ensemble, de quelques centimètres de côté, constitue l'unité centrale des microordinateurs, qui doivent être distingués aussi bien des mini-ordinateurs que des calculatrices de poche.

Avec les mini-ordinateurs la frontière est imprécise ; on qualifie ordinairement ainsi des machines de conceptions diverses, dont la caractéristique commune est d'être peu encombrantes et qui sont réservées à des usages scientifiques ou à des applications très spécialisées qui requièrent une réponse instantanée (temps réel). Quant aux calculatrices de poche, elles ne possèdent (lorsqu'elles en ont) que des mémoires très réduites et des programmes élémentaires. L'unité centrale du micro-ordinateur fonctionne, elle, à plusieurs dizaines de milliers d'instructions par seconde, avec une mémoire centrale de plusieurs milliers de caractères. Elle est donc compétitive avec celle des grands ordinateurs, sauf pour la vitesse (encore que là aussi la technologie des microprocesseurs ne cesse d'avancer) et la possibilité de travailler en temps partagé ou en multiprogrammation. Elle revient au moins dix fois moins cher. Au total, elle garde l'avantage dans de nombreux domaines : direction de machines-outils, contrôle de feux de signalisation, automatisation des ascenseurs dans les grands ensembles. Aux États-Unis, le microordinateur supervise déjà le fonctionnement des pompes à essence libre-service avec carte de crédit.

Nanostar

Les unités périphériques des ordinateurs traditionnels, telles que les lecteurs de cartes perforées ou les dérouleurs de bandes magnétiques, sont d'un coût et d'un volume disproportionnés à ceux du microordinateur. Aussi, Jean-Pierre Bouhot conçoit-il ces derniers comme des machines conviviales, selon un terme à la mode, c'est-à-dire accessibles à tout utilisateur sans qu'il ait besoin de passer par les spécialistes. Dans cet esprit, il a entrepris de réaliser (début 1975) un microordinateur baptisé Nanostar, doté d'un clavier type machine à écrire, d'une visualisation semblable à celle des calculatrices de poche, d'une connexion avec un téléviseur ordinaire, d'une imprimante et d'unités de bandes magnétiques par petit magnétophone à cassette.

Les pièces de Nanostar seront assemblées par les utilisateurs eux-mêmes : établissements d'enseignement (pour qui une multitude d'utilisations sont prévues), bureaux d'études et entreprises.

L'apparition de la micro-informatique risque de remuer sérieusement un marché jusqu'ici occupé à 60 % par une seule firme (IBM), dont les concurrents n'ont guère réussi à ébranler le quasi-monopole, comme le montrent les difficultés de l'industrie française des ordinateurs.

Nucléaire : la bataille des filières n'est pas close

Après l'abandon de la filière française à uranium faiblement enrichi, EDF se lance dans un programme de centrales de type américain à eau pressurisée ou bouillante, consommant un combustible fortement enrichi.

Cette option – qui a soulevé il y a cinq ans des réticences au sein du CEA – place les pays qui l'ont prise sous la dépendance des États-Unis, actuellement seuls fournisseurs d'uranium enrichi. Ils y demeureront tant qu'ils n'auront pas constitué un stock convenable de plutonium (produit par les centrales en fonctionnement) ou installé chez eux une capacité suffisante d'usines de séparation isotopique. Le danger d'une telle situation est fortement ressenti dans le courant de 1974, quand il est question à Washington de suspendre l'exportation d'uranium enrichi.

CANDU

Dans cette conjoncture, l'attention est attirée, au commencement de 1975, sur les succès de la filière canadienne CANDU (Canada Deuterium Uranium), à eau lourde et uranium naturel. Ralentisseur de neutrons plus efficace que le graphite de la filière française, l'eau lourde entretient aisément la fission dans l'uranium naturel. Par suite de circonstances remontant à la dernière guerre mondiale, l'industrie canadienne se trouve en tête pour la production d'eau lourde (par séparation, à partir d'eau ordinaire, des molécules contenant du deutérium ou hydrogène lourd, qui s'y trouvent dans la proportion de 1 pour 7 000).