Les couches volcaniques sont ici des tuffites, c'est-à-dire des cendres qui doivent leur aspect et leurs caractéristiques au fait de s'être déposées dans l'eau. Il y avait donc de l'eau dans cette région, et de l'eau douce. L'extension des tuffites a permis de déterminer les contours d'un lac et d'en suivre les avancées et les reculs au cours des temps. C'était un lac allongé au fond d'un fossé d'effondrement, comme il en existe aujourd'hui en Afrique. Ces eaux calmes, à sédimentation très progressive, expliquent le nombre et la bonne conservation des fossiles, ainsi que la présence de multiples os en connexion.

Environnement

Lucie et ses contemporains côtoyaient au bord de ce lac des éléphants archaïques et cet étrange proboscidien disparu, aux défenses recourbées vers le bas, baptisé dinothérium. Ils voyaient des rhinocéros blancs ; des chevaux qui n'en étaient pas encore, les hipparions ; un giraffidé massif, énorme et malgracieux, le sivathérium ; des hippopotames assez archaïques, plusieurs sortes de cochons sauvages et, sans doute, un très grand nombre d'antilopes. Ils devaient se méfier de nombreux carnivores et des crocodiles. Ils côtoyaient aussi des singes, les colobes et les babouins.

Hominisation

Les pollens prélevés ont donné une idée du paysage végétal. Ils semblent déjà contenir une proportion importante de graminées. Les analyses polliniques sur les autres gisements d'Afrique orientale, par R. Bonnefille, montrent qu'il y a eu une extension des graminées, c'est-à-dire des savanes, et de l'aridité à partir de – 2,5 millions d'années environ. Or, une des hypothèses sur les origines de l'homme invoque une extension de la savane et un recul de la forêt : les ancêtres plus ou moins arboricoles des hommes auraient eu à s'adapter progressivement à un milieu nouveau. Ainsi seraient nées, avec la station debout, la chasse et peut-être les structures sociales propres à l'humanité.

L'étude des trois groupes d'hominiens apporte une masse de renseignements uniques dans l'histoire de l'homme. Selon Yves Coppens, qui a dirigé la mission française à l'Omo (Journal de l'année 1968-69), les restes d'hominiens découverts sur ce gisement se répartissent dans le temps de la façon suivante : dans les niveaux les plus anciens, on trouve seulement l'australopithèque gracile ; un peu avant le milieu de la séquence apparaît le robuste, et, enfin, l'homme. Le gracile survit un certain temps puis disparaît. Le robuste, lui, demeure encore plus d'un million d'années. On est tenté de raconter la naissance des hommes, ou ce moment de leur naissance, en faisant intervenir d'abord les plus anciens des graciles. Ce groupe de presque hommes aurait donné naissance aux hommes, qui, quelque temps après, les auraient supplantés. Les robustes seraient un groupe distinct qui représenterait une sorte de retour à l'environnement forestier primitif.

Arabie

Ces premières constatations et l'histoire qu'elles suggèrent demandent à être confirmées. C'est pourquoi les paléontologues attendent beaucoup de l'Afar, séquence très longue qui couvre la période de deux à quatre millions d'années.

Une nouvelle campagne internationale sous la direction de Maurice Taieb doit avoir lieu à l'automne 1975 : la recherche paléontologique sera placée sous la responsabilité d'Yves Coppens et de l'Américain Donald Johanson, du Museum de Cleveland. Mais déjà certains chercheurs rêvent à ce qu'ils pourraient trouver de l'autre côté de la mer Rouge, en Arabie : il y a trois millions d'années, les derniers résultats de la géologie l'ont bien sûr démontré, la mer n'avait pas encore envahi ce fossé. Le passage restait possible.

Les mégalithes et leur origine

Le vieillissement du phénomène mégalithique en Europe est une des grandes percées réalisées par la recherche préhistorique ces dix dernières années. Vers 1960 encore, l'opinion commune est que cette civilisation aurait débuté environ deux mille ans avant notre ère. Mais, grâce aux charbons de bois trouvés en fouillant les dolmens bretons, des dizaines de dates ont été obtenues par la méthode du carbone 14. Les plus anciennes, qui concernent souvent de grands monuments très élaborés, situent les premières constructions vers 3800 avant notre ère. L'ancienneté ne se limite pas aux dolmens de Bretagne. Le remarquable ensemble de Fontenay-le-Marmion, non loin de Caen, est daté de 3200, et l'un des dolmens de Bougon (Deux-Sèvres), de 3850 av. J.-C.

Origines

La date du dolmen poitevin est connue à la fin de 1974. Compte tenu des corrections à apporter aux résultats du C 14, on doit admettre que les premiers dolmens de l'Ouest français ont été construits vers 4400 avant notre ère.