Le groupe rostral du raphé est responsable de l'endormissement et du sommeil avec ondes lentes, dit sommeil profond ; le groupe médian semble responsable des phénomènes qui induisent le sommeil paradoxal, pendant lequel apparaissent les rêves.

Médiateurs

Mais pourquoi dort-on ? Vraisemblablement parce que, pour des raisons encore inconnues, ces structures sont stimulées par des médiateurs chimiques qui, libérés au cours du passage de l'influx nerveux, assurent le transfert de l'information d'un neurone à un autre, selon un programme déterminé.

Plusieurs médiateurs chimiques ont été identifiés dans le cerveau : l'acétylcholine, les monoamines (noradrénaline, dopamine, sérotonine), l'histamine, la glycine et la taurine.

Toutefois, environ 50 % des populations neuronales du cerveau transmettent leurs messages par l'intermédiaire de médiateurs encore inconnus. Dans ce véritable bain neurochimique, quelle est la substance à effets hypnogènes sur les structures considérées ?

Selon l'hypothèse la plus récente, ce serait la sérotonine, encore qu'on ne connaisse pas, pour le moment, les mécanismes qui la mettent en jeu au début de l'endormissement et pas davantage ceux par lesquels elle est capable de provoquer l'apparition des ondes cérébrales lentes qui permettent d'identifier le sommeil profond.

Même incertitude au sujet de l'apparition des phases paradoxales (celles qui correspondent aux rêves) pendant le sommeil. Il y a toute probabilité que le sommeil paradoxal dépende d'une chaîne de mécanisme mettant en jeu de façon complexe la sérotonine, l'acétylcholine et les catécholamines, mais aucun fait expérimental ne permet de le prouver définitivement.

Transmission

D'autres expériences constituent un élément complémentaire à cette approche scientifique du sommeil.

Elles consistent en une véritable transmission humorale du sommeil d'un animal à un autre. Ou liquide céphalo-rachidien d'un animal endormi est infusé dans l'organisme d'un animal éveillé ; cette infusion provoque alors l'endormissement du second animal.

Les expérimentateurs suisses G. A. Schœnberger et M. Monnier estiment que la substance du liquide céphalo-rachidien responsable de l'endormissement dans ces cas est de nature peptidique pour un poids moléculaire se situant entre 355 et 1 500 ; elle comporte au moins 7 acides aminés différents. Ses découvreurs l'ont appelée provisoirement « facteur hypnogène delta ».

Si l'existence de cette substance n'a pas été mise en doute, les chercheurs lyonnais estiment, pour leur part, que son injection ne provoque pas un véritable sommeil physiologique (janvier 1975).

Insomnies

Si l'on abandonne les hautes sphères de la recherche pour retomber dans la clinique quotidienne, les résultats obtenus sont plutôt encourageants.

À l'heure actuelle, 85 % des insomnies sont bénignes et traduisent toujours un hyperfonctionnement du système d'éveil. Causées le plus souvent par les conditions de vie, ces insomnies, pour lesquelles les médecins emploient l'adjectif bénignes, cèdent le plus souvent à l'administration, le matin, de petites doses de tranquillisants – la suppression de tout barbiturique étant exigée du malade.

Les insomnies graves (10 à 15 %), où l'absence totale de sommeil est vérifiée pendant de longues périodes (au moins un mois) s'expliquent, au contraire, par un hypofonctionnement du système de sommeil. Chez certains de ces malades, un traitement au 5 hydroxytryptophane, précurseur de la sérotonine cérébrale, provoque le retour du sommeil normal, avec la réapparition des phases oniriques.

Dans cette perspective, les troubles du sommeil présentent une certaine ressemblance avec d'autres maladies dont la cause réelle est encore mal connue, mais pour lesquelles la thérapeutique permet néanmoins d'enregistrer des succès durables.

L'INSERM : dix années d'activité

Les dix ans de recherches de l'INSERM sont célébrés en janvier 1975 par plusieurs manifestations officielles. On constate à cette occasion que le public français ignore pratiquement tout de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale.

Souplesse

L'INSERM (il succède en 1946 à l'Institut national d'hygiène créé en 1941 par le gouvernement de Vichy) a une double mission : d'une part, il englobe l'ensemble de la recherche biomédicale, d'autre part, il informe le gouvernement sur l'état de santé de la population française. Organisme d'État, cet institut accueille des chercheurs et des techniciens d'autres organismes (CNRS, universités de médecine et de sciences, Association Claude-Bernard), et laisse son personnel libre d'appartenir à des équipes universitaires du CNRS ou de l'Institut Pasteur.