Enfin, les manipulations vertébrales, la crénothérapie, la thalassothérapie peuvent être prescrites : elles sont parfois efficaces. Quant à l'acupuncture, selon le professeur de Sèze, elle ne doit être ni formellement déconseillée ni ouvertement conseillée.

À la lumière de ces quelques exemples, glanés à Kyoto et à Paris, on apprécie l'état de la rhumatologie mondiale en 1974 : à la marée montante des maladies rhumatismales, elle oppose une jetée thérapeutique efficace. Ce n'est pas la victoire, mais une stabilisation qui équivaut à une demi-victoire...

Chirurgie des coronariens : premier bilan

Le premier pontage aorto-coronarien avait été pratiqué en 1967 par R. Favaloro et son équipe de la Cleveland Clinic. Cette année, une série de communications, congrès et travaux statistiques (Entretiens de Bichat, sept.-oct. 1973 ; réunion de spécialistes à Paris, janv. 1974) permet de dresser un premier bilan de ce traitement chirurgical de la maladie coronarienne.

Court-circuit

L'intervention consiste à court-circuiter la ou les parties rétrécies de l'artère par un morceau de veine (généralement un fragment de la veine saphène interne, prélevé au début de l'intervention). Une extrémité du greffon est abouchée à l'aorte ascendante, l'autre est implantée dans l'artère en aval de la lésion. Dès lors, le sang se remet à irriguer normalement la zone du myocarde, que l'obturation de la coronaire risquait de nécroser à court ou à moyen terme.

Cette opération est devenue possible grâce à une technique d'observation radiocinématographique et radiographique, la coronarographie, mise au point en 1962 par le docteur Stones, et qui permet de situer exactement les lésions des artères nourricières du myocarde.

Le pontage aorto-coronarien est particulièrement indiqué dans les angines de poitrine dites « invalidantes », qui résistent au traitement médical. L'une des plus répandues est l'angor de Prinzmetal, qui se manifeste par des crises survenant au repos, à horaire volontiers fixe, souvent avec syncopes et vertiges.

À ces indications s'ajoutent les cas de patients ayant fait un infarctus et qui continuent à souffrir ; les infarctus à répétition ; les syndromes pré-infarctoïdes (chez certains sujets coronariens, le pontage constituerait une chirurgie prophylactique).

Résultats

D'après les statistiques publiées, cinq points paraissent établis :
– mortalité opératoire variant de 3 à 15 p. 100 des cas, selon les équipes et la sélection des malades ;
– amélioration fonctionnelle avec disparition des douleurs angineuses dans 75 p. 100 des cas ;
– avec un recul de quatre ans, taux de survie de plus de 75 p. 100. Selon certains travaux anglo-saxons, on peut espérer une survie de cinq ans dans 90 p. 100 des cas si une seule artère est touchée ; les chances sont moindres si plusieurs artères sont atteintes ;
– résultats d'autant meilleurs que les patients sont plus jeunes. On opère rarement après 65 ans ;
– le greffon peut s'oblitérer à son tour ; une réintervention est alors possible.

Quelques cardiologues contestent l'efficacité du pontage. Selon le professeur J. David Bristow, de l'université de Portland (Oregon), il y aurait peu de différence entre les taux de mortalité chez les cardiaques ayant subi l'intervention et chez ceux qui l'ont refusée. Deux ans après l'intervention, 25 p. 100 des greffons seraient obstrués. Quelques années seront encore nécessaires pour se faire une opinion définitive sur une technique qui, en sept années, a soulagé des dizaines de milliers d'angineux dans le monde.

L'homme malade de la ville : mythe ou réalité ?

Phénomène majeur au XXe siècle, l'urbanisation commence à être bien connue des sociologues : en Europe, un homme sur trois vit dans une ville de plus de 20 000 habitants. Le phénomène s'amplifiera avec l'explosion démographique attendue avant le XXIe siècle ; il vaudra à la planète d'être peuplée de six milliards d'êtres humains.

En France, vers 1830, 78 % de la population vivaient dans les villages ; vers 1927, la population rurale est réduite à 50 % ; actuellement, elle ne dépasse pas 29 % ; encore faut-il préciser que le pourcentage de la population active vivant du travail de la terre n'est plus que de 16 %.