À la fin de l'année 1973, on identifie une hormone baptisée GIH (growth inhibiting hormone). Elle diffère un peu des précédentes en ce que sa fonction n'est pas de stimuler, mais au contraire d'inhiber la production par l'hypophyse de l'hormone de croissance ou hormone somatotrope (growth hormone ou GH).

Une branche particulière de la science des hormones, la neuroendocrinologie, va donc s'efforcer d'identifier les substances hormonales produites par le cerveau (on pense qu'il en existe cinq ou six autres en plus de celles qui ont été trouvées depuis quatre ans) et d'élucider leur mode d'action. La sécrétion des hormones cérébrales par l'hypothalamus est réglée par au moins trois sortes de facteurs :
– des stimulations chimiques générales, comme les variations du taux de glucose dans le sang ;
– des circuits de rétroaction (feed back), qui règlent la production des hormones hypothalamiques en fonction du taux d'hormones des glandes cibles en circulation dans le sang. Par exemple, la sécrétion de TRH s'arrête quand le taux d'hormones thyroïdiennes dans le sang atteint un certain seuil ;
– des stimulations psychologiques venant de l'écorce cérébrale (émotions, stress, stimulations visuelles, réflexes conditionnés).

Psychisme

Cette dernière catégorie de facteurs met en évidence les liens étroits qui unissent le fonctionnement des glandes endocrines à l'activité du système nerveux central. Il est probable, d'ailleurs, que les sécrétions de l'hypothalamus ne sont pas les seules substances à action hormonale produites dans le cerveau. L'hypothalamus lui-même dépend plus ou moins de substances, telles que la sérotonine, qui sont élaborées par des neurones. Ainsi la vie psychique et la vie hormonale semblent former un ensemble très complexe d'interactions dont quelques-unes seulement sont connues ou entrevues.

Thérapeutique

En raison de leur très faible teneur dans l'organisme, la TRH et la LRH avaient d'abord été isolées en quantités infimes et au prix d'un incroyable luxe de moyens : cinq millions de cerveaux de moutons pour 1 milligramme de la première et deux millions de cerveaux de porcs pour la seconde.

Mais leur composition chimique se révéla assez simple : ce sont des peptides, composés respectivement de trois et de dix acides aminés. On les produit maintenant par synthèse, ce qui permet de les introduire dans l'arsenal thérapeutique. La TRH pourrait être utilisée dans des troubles de la thyroïde ; elle agit aussi, de façon non expliquée, contre certaines dépressions nerveuses graves. La LRH ouvre la voie à une nouvelle technique anticonceptionnelle joignant la fiabilité à l'innocuité.

Quant à la GIH (quand on l'aura synthétisée) on en attend un traitement contre l'acromégalie (croissance exagérée des extrémités, souvent accompagnée de gigantisme) et peut-être contre le diabète.

En France, l'INSERM soutient la recherche dans ce domaine en finançant l'équipe lyonnaise du professeur Mornex, qui s'attache particulièrement à l'étude des boucles de rétroaction.

Cancer et ADN

Pour établir l'origine virale d'un cancer, il faut démontrer que les virus impliqués sont bien la cause du mal ; leur inoculation provoque la maladie.

Des raisons éthiques évidentes interdisent d'en faire l'expérimentation chez l'homme, mais elle est courante sur l'animal. L'équipe du biochimiste américain S. Spigelman (Columbia University) publiait en septembre 1973 une série d'observations qui relancent ce problème et semblent réfuter l'hypothèse d'une transmission verticale (héréditaire) de la leucémie.

Hybridation

Plutôt que de rechercher directement les virus dans les tissus cancéreux, cette équipe a mis au point des techniques d'analyses très sûres, capables de déceler d'infimes analogies entre les acides nucléiques de certains virus et ceux des tissus étudiés. Le procédé se fonde sur la faculté d'appariement, ou d'hybridation, que possèdent des brins complémentaires d'ADN ou d'ARN lorsqu'ils sont mis en présence dans certaines conditions.

Une fraction des acides nucléiques extraits d'un organe peut ainsi s'hybrider à l'acide nucléique d'un virus connu. Ces tests prouvent l'existence, dans les tissus, soit du virus, soit de ses acides nucléiques incorporés dans les cellules des tissus, voire dans les acides nucléiques de l'hôte.