Wang Hong-wen serait le gendre de l'épouse du président, Chiang Ching, dont l'ambition est parfois critiquée.

D'un âge non précisé (entre 35 et 45 ans), Wang Hong-wen est un simple membre du parti, ouvrier de la filature de coton no 17 de Chang-hai, lorsque la révolution culturelle éclate en 1966. Dès janvier 1967, il participe à la fondation du quartier général des rebelles révolutionnaires et devient très vite vice-président du comité révolutionnaire de la plus grande métropole chinoise. Dès le 9e congrès, en 1969, il est élu au présidium et entre au comité central. Ses responsabilités nationales, reconnues, ne font que s'accroître. En 1970, il dirige la délégation chinoise envoyée en Albanie. En août 1973, à la tribune du 10e congrès, il présente un rapport vigoureux et très personnel sur la réorganisation du parti, laissant supposer qu'il prend en main l'appareil. Alors, Le Quotidien du peuple publie pour la première fois sa photo en vedette ; il apparaît à la droite de Mao, Chou En-lai étant à la gauche. Sa vertigineuse ascension, Wang Hong-wen la doit à ses brillantes qualités, à ses origines prolétariennes, à l'orthodoxie de ses convictions, à l'efficacité de son action contre l'influence de Liou Chao-chi, grande à Chang-hai, sur le prolétariat industriel et les syndicats. Il la doit aussi, dit-on, à la part personnelle qu'il aurait prise à la dénonciation et à l'écrasement du complot Lin Piao.

Critiques

Dès l'automne 1973, Mao lui-même lance et entretient une idée dont Chou En-lai souligne « la grande portée historique » ; pour mieux exorciser l'influence posthume de Lin Piao, il est associé dans une même condamnation au philosophe Confucius, mort depuis vingt-cinq siècles. Confucius qui prêchait vertus et bienveillance, mais aussi conservatisme, respect du pouvoir établi, restauration des rites et des traditions.

Habile coup double qui justifie mieux la chute du héros d'hier et rappelle que l'antique sagesse, facteur d'équilibre pendant plus de deux millénaires, est devenue, depuis la chute de l'empire, un obstacle au progrès. Car, malgré les critiques des révolutionnaires répétées depuis plus d'un demi-siècle, malgré la gigantesque vague des pensées de Mao Tsé-toung qui visait à remplacer les vieux préceptes par de nouveaux, la « mauvaise herbe » confucéenne pousse encore. Son sarclage vise Lin Piao et, du même coup, toutes les vieilles ornières : paternalisme et bureaucratisme au sein du parti, enseignement revenu à des méthodes contestées par une écolière de douze ans à laquelle Le Quotidien du peuple ouvre ses colonnes, retour au déviationnisme économiste de Liou Chao-chi, notamment à T'ien-tsin et Chang-hai, où cadres et ouvriers s'affrontent.

Pour « encourager l'activisme », certains responsables « néo-capitalistes » reviennent aux « stimulants matériels », aux primes de rendement, etc. Sur tous les fronts, une « guerre populaire » téléguidée du sommet combat « la marée révisionniste ». À partir de juin 1974, les murs de Pékin et d'autres villes se couvrent d'affiches manuscrites (dazibao), que les étrangers (contrairement à ce qui se passait en 1966 et 67) peuvent regarder, copier, photographier. Elles révèlent, pourtant, des incidents graves dans plusieurs provinces : Sseutchouan, Hou-nan, Hei-long-kiang entre autres. On parle de 200 morts au Kiang-si. Elles dénoncent le droitisme, l'économisme néo-capitaliste, la volonté de saboter la production ou même de fomenter un coup d'État de dirigeants provinciaux dont le nom est cité et dont certains sont, curieusement, de nouveaux promus du 10e congrès. Ainsi Hua Kuo-feng, no 1 du parti dans le Hou-nan et membre du bureau politique depuis quelques mois. La vague de critiques atteint Pékin, où sévissent encore, paraît-il, des partisans de Lin Piao. Comme en 1966, Mao lâche les chiens. Il provoque et échauffe, au moins pour un temps, une vague de contestation gauchiste pour rappeler à ses gouverneurs que les directives viennent de Pékin.

Économie

Pas plus que la première, cette nouvelle révolution culturelle n'empêche la Chine de développer une économie qui amène les experts étrangers à prévoir, avant la fin du siècle, l'avènement d'une grande nation industrielle indépendante. Pendant les neuf premiers mois de 1973, son commerce avec le Japon augmente de 79 %. Elle lui vend même du pétrole et lui en vendra plus encore si, comme on le croit, les réserves de la mer Jaune comptent parmi les plus importantes du monde. Atout politique majeur au début de la grande crise de l'énergie.