Le 8, le vice-président qualifie de « mensonges éhontés » les faits invoqués contre lui, faits qui remontent à une époque où il était gouverneur du Maryland.

Le 21, il accuse des fonctionnaires du ministère de la Justice d'être à l'origine des fuites délibérées sur le déroulement de l'enquête qui est ouverte à son sujet, et demande à l'attorney général Elliott Richardson de prendre les mesures nécessaires pour que le secret de l'instruction ne soit plus bafoué.

En septembre, Agnew confère à trois reprises avec le président Nixon. Ce dernier lui réaffirme son soutien, dément faire pression sur lui pour l'amener à démissionner, mais admet ne lui avoir prodigué aucun encouragement.

Le 25, Agnew propose à la Chambre des représentants de mener elle-même l'enquête sur les accusations dont il est l'objet. Le président Carl Albert refuse de donner suite à cette demande.

Le 29, Agnew réaffirme à Los Angeles, devant la conférence des femmes du parti républicain, qu'il restera à son poste même s'il est inculpé et dénonce de nouveau les fuites abondantes dont il se dit victime et qui violent, selon lui, « les principes judiciaires fondamentaux » du pays.

Le 3 octobre, un tribunal fédéral lui donne satisfaction sur ce point et cite à comparaître les responsables de plusieurs organes de presse.

Le 10, Agnew annonce, de façon tout à fait inattendue, qu'il démissionne. Un compromis est intervenu en effet entre ses avocats et le ministère de la Justice, aux termes duquel le prévenu ne conteste pas une fraude fiscale qui lui vaut, sans autre forme de procès, une amende de 10 000 dollars. En échange, il évite une peine de prison pour dissimulation de revenus non déclarés en 1967. « Jamais, affirme Agnew, je ne me suis enrichi aux dépens de l'intérêt public. »

Gerald Ford, 60 ans, député du Michigan, chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants depuis 1965, est alors désigné par Nixon pour succéder à Agnew. Sa nomination est confirmée le 27 novembre par le Sénat (à la majorité de 92 voix contre 3), puis, le 6 décembre, par la Chambre des représentants (par 387 voix contre 35). John Rhodes (Arizona) remplace Gerald Ford à la tête du groupe républicain de la Chambre basse.

Septembre

Le 5, Nixon convoque de nouveau les journalistes. Il est nécessaire, dit-il, de rétablir la confiance dans le gouvernement, confiance qui a été éprouvée par les « insinuations, les fuites, les calomnies, les ricanements, les commentaires malveillants de la presse ».

Le 6, le président fait appel de la décision du juge Sirica.

Le 13, la cour d'appel propose une solution de conciliation : Nixon et Cox choisiraient ensemble les bandes qui pourraient être transmises au grand jury.

Le 19, ce compromis est rejeté par le président, qui n'entend pas abandonner « ses devoirs et prérogatives constitutionnels ».

Le 24, les avocats de Nixon affirment que la mise en accusation du président est le seul moyen constitutionnel de l'obliger à répondre devant la justice des accusations qu'on pourrait porter contre lui.

Octobre

Le 19, Nixon propose à son tour un compromis dans l'affaire des bandes : un sénateur démocrate du Missouri, John Stennis, pourrait écouter les enregistrements. La commission, elle, n'aurait accès qu'à un compte rendu écrit par le président et dont Stennis pourrait confirmer la fidélité. Cette solution est acceptée par Ervin. Mais Nixon ordonne par ailleurs à Cox d'interrompre les poursuites judiciaires engagées pour la livraison des bandes.

Le 20, Cox refuse et annonce qu'il va intenter une action contre le président pour entrave au cours de la justice et outrage à magistrat. Nixon demande alors à son attorney général, Elliot Richardson, de révoquer Cox. Richardson, qui a promis au Congrès, lors de sa propre désignation, de veiller à la parfaite indépendance du procureur spécial, préfère démissionner.

Le ministre adjoint de la Justice, William Ruckelshaus, qui refuse lui aussi de transmettre l'ordre de limogeage de Cox, est démis de ses fonctions.

Nixon nomme le solicitor general (conseiller juridique du gouvernement fédéral) Robert Bork attorney general par intérim. Bork révoque Cox.