Quant à la teneur de l'air de la capitale en oxyde de carbone, émis par les automobiles, elle a baissé, entre 1962 et 1970, de 6 microgrammes par mètre cube.

En avril 1973, le ministère de l'Environnement reconnaît que la teneur de l'air de Paris en dioxyde de soufre (SO2) a augmenté au cours des deux dernières années. Cette augmentation est due au fait que les fuel-oils domestiques, comme les fuels lourds, ont vu croître leur teneur en soufre. Jusqu'à une date récente, les fuels brûlés dans la banlieue parisienne provenaient d'Algérie ; ils étaient nettement moins riches en soufre que ceux du Moyen-Orient qui sont maintenant utilisés.

Selon l'OMS (l'Organisation mondiale de la santé), le dioxyde de soufre est l'un des polluants majeurs de l'atmosphère : à forte dose, il irrite les yeux et les poumons. Les autres polluants sont les particules en suspension (suie, poussières, ciment, qui proviennent aussi bien du chauffage que de l'industrie), l'oxyde de carbone et le plomb des gaz d'échappement. L'action du rayonnement solaire sur ces gaz provoque des oxydants qui peuvent provoquer de l'asthme.

L'automobile est particulièrement mise en accusation, en dépit de quelques améliorations. Depuis septembre 1972, une automobile mise en vente émet deux fois moins de gaz polluants qu'une voiture de même puissance construite il y a dix ans. D'ici à 1974, le taux actuel d'émissions polluantes à l'échappement doit être réduit de 20 %, notamment par la diminution de la teneur en plomb de l'essence.

Cependant, les constructeurs automobiles contre-attaquent. Aux États-unis, l'Agence pour la protection de l'environnement fixe des normes sévères, dites Clean Air Act, pour limiter la pollution par les automobiles. General Motors, Ford et Chrysler demandent, en mars 1973, que ces mesures soient atténuées, et finissent par obtenir leur report à 1975. Elles consistent en la pose sur les voitures de systèmes de purification éliminant presque totalement les matières polluantes des gaz d'échappement.

Détections

Pour surveiller les usines, des réseaux d'alerte à la pollution de l'air doivent être installés d'ici cinq ans dans les régions où une certaine vigilance se justifie : zones de grande concentration industrielle, usines et complexes polluants et zones à forte densité d'habitation. Un premier réseau, installé à Rouen, entre en service en 1973. D'autres, à Fos et au Havre, sont à l'étude.

De nouveaux moyens sont découverts par les chercheurs de l'Établissement d'études et de recherches météorologiques de Magny-les-Hameaux (EERM) pour mesurer la pollution. Désormais, il est possible, avant même de construire une usine, de savoir où et comment ses cheminées risquent d'intoxiquer les environs. La maquette de la future usine est plongée dans un liquide dont les couleurs se modifient sous l'influence des liquides polluants émis par les cheminées.

Mais détecter la pollution ne veut pas dire la vaincre. En 1972, plusieurs projets d'arrêtés prévoient différentes mesures de lutte : limiter l'indice de noircissement des fumées et le rejet des particules, réduire les poussières et les suies issues des ramonages. D'ici à 1978, la teneur en soufre des fuels domestiques devrait passer de 0,7 à 0,3 %. Pour l'instant, la seule évaluation de la qualité de l'air officiellement établie en France est celle de l'oxyde de carbone des parkings souterrains.

Profit

Quant au principe pollueur-payeur, il ne semble pas encore entré dans les mœurs. La plupart des industries cherchant avant tout le profit ne sont guère tentées d'investir des capitaux dans des installations anti-polluantes.

Le 23 mars 1973, en Allemagne fédérale, le tribunal administratif de Duisburg condamne le groupe Thyssen à la suite de la plainte d'une association d'habitants. Ceux-ci accusaient le nouveau haut fourneau de la firme, le plus grand d'Europe, d'être trop polluant et trop bruyant. Thyssen devra limiter la production de son monstre de façon à réduire le bruit et les retombées de poussière.

Ces mesures feraient baisser la production du haut fourneau de 10 000 à 7 000 t par jour. Le groupe Thyssen semble peu enthousiaste pour les appliquer, d'autant plus qu'elles sont techniquement difficiles à réaliser.