Cependant, l'État a accepté que les compresseurs de chantier – dont le bruit est insupportable – continuent à fonctionner comme aujourd'hui jusqu'en 1977. Des mesures trop rigoureuses freineraient les exportations, et la France est pour le moment en avance dans la réglementation. Désormais, ce problème particulier sera étudié à l'échelle européenne.

« Nous vivons dans des caisses de résonance. La maison, la rue, le ciel vibrent partout de sons discordants. Le monde devient une grosse caisse qui se remplit de bruit au fur et à mesure qu'il se vide de sens », écrivent Ariel Alexandre et Jean-Philippe Barde dans Le temps du bruit, qui tente de jeter les bases d'une politique globale de lutte contre cette nuisance.

On connaît maintenant les méfaits du bruit sur le sommeil et la santé de l'homme ; selon certains médecins, il est à l'origine de 60 % des hospitalisations psychiatriques. À Nanterre, à La Courneuve, des locataires ont tiré sur des adolescents trop bruyants. Des solutions techniques relativement simples permettraient d'adapter le progrès aux exigences de nos oreilles, affirment les techniciens. Mais une politique antibruit efficace coûtera cher. Et nul ne sait encore qui en paiera le prix.

L'abus des cosmétiques

Les Français découvrent brutalement, avec l'affaire du talc Morhange, que les cosmétiques peuvent être dangereux et souvent inutiles. Vingt-sept bébés meurent intoxiqués par ce qui semblait être le plus anodin des produits courants.

Hexachlorophène

La poudre de talc (silicate naturel de magnésium) est inerte. Mais les examens pratiqués à Paris, le 19 août 1972, au Centre antipoison Fernand-Widal, révèlent dans certains échantillons du talc en question la présence, à une concentration de 6 %, d'un antiseptique : l'hexachlorophène. Erreur de composition ou de dosage ? Toute la lumière n'a pas encore été faite. Des années passeront sans doute avant qu'analyses, rapports d'experts et enquêtes permettent de désigner les responsables de cette tragédie.

Bactéricide connu depuis une trentaine d'années, breveté sous le nom de G-II, l'hexachlorophène doit être manié avec prudence ; une dose trop élevée en fait un poison. Employé dans de très nombreuses poudres pour bébés, lotions après rasage, pâtes et élixirs dentifrices, désodorisants (il tue en particulier les bactéries aérobies et, de ce fait, supprime les mauvaises odeurs de la transpiration). Il rend d'appréciables services en dermatologie, dans les infections staphylococciques en particulier. La peau – même intacte – absorbe 3 % de la dose d'hexachlorophène placé à son contact ; il passe dans le sang et se fixe sur les tissus du système nerveux. Aux États-Unis, des accidents graves survenus chez des nourrissons et des grands brûlés ont été signalés dès 1970. Sous la pression des unions de consommateurs, la Food and Drug Administration (organisme officiel chargé de la surveillance des produits alimentaires et des médicaments) a procédé à des tests sur des rats et sur des personnes volontaires. On a ainsi découvert que l'utilisation quotidienne de deux ou trois produits courants peut provoquer une concentration d'hexachlorophène égale (proportionnelle aux poids respectifs) à celle qui est cause de lésions cérébrales graves chez le rat. Dès février 1972, le taux de l'hexachlorophène est limité à 0,1 % dans les cosmétiques, compte tenu de l'emploi abusif qui peut en être fait.

En France, le ministère de la Santé décide (un peu tard) de fixer le taux à 1 %. Pour utiles qu'elles soient, ces mesures n'écartent pas les risques d'accident, car la composition des produits de beauté et de soins corporels ne figure pas sur les emballages, en raison du secret de fabrication.

Les techniques

Disque à images longue durée et inusables

La compétition pour la conquête du marché de la vidéonie, c'est-à-dire des enregistrements télévisuels à usage domestique, se trouve bouleversée par l'apparition d'un outsider.

En septembre 1972, Philips présente son disque VLP (video long playing).

Teldec

Parmi les procédés jusqu'ici sur les rangs, il y avait déjà un disque, le Teldec de Telefunken et Decca (Journal de l'année 1970-71). Semblable à un microsillon ordinaire à lecture par pointe, il possède une gravure plus fine, en spirale plus serrée (environ douze fois) et une vitesse de rotation nettement supérieure (1 500 tours à la minute, au lieu de 33). Par rapport aux techniques rivales, le Teldec présentait certains avantages :
– richesse en informations ; à surface égale, il emmagasine dix fois plus de signaux que le système EVR (electro video recording, film-images lu par un faisceau électronique) et cinquante fois plus que le système VCR (video cassette recording, à bande magnétique) ;
– fabrication industrielle par pressage ; elle est plus rapide et plus économique que la duplication des films ou bandes. Son seul inconvénient : une durée maximale d'enregistrement de l'ordre de cinq minutes seulement, contre trente ou soixante avec les cassettes EVR ou VCR ; handicap majeur quand le domaine commercial privilégié de la vidéonie est celui de spectacles, supportant mal d'être coupés en petites tranches.

Laser

Avec une durée de trente à quarante-cinq minutes pour une face, le VLP Philips, par sa conception originale, élimine entre autres cet inconvénient. S'il est encore disque (en plastique métallisé), il n'est plus microsillon.