Sur ce dernier point, une enquête est actuellement en cours dans 11 villes de France, afin de rechercher dans quelle mesure le recours à des examens systématiques comportant un interrogatoire, un examen radiologique et un examen spirométrique simple peut faciliter ce dépistage précoce qui constitue l'une des armes les plus efficaces contre l'extension de la bronchite chronique. Les résultats de cette enquête sont attendus pour 1974.

Le vaccin antigrippal tous azimuts

Le docteur Claude Hannoun (Centre national de la grippe à l'Institut Pasteur) annonçait, le 6 février 1973, la mise à la disposition du public d'un vaccin antigrippal tous azimuts qui doit protéger les populations contre les épidémies des années à venir.

Saluée avec un enthousiasme un peu excessif, cette découverte ne constitue pas une surprise totale pour les spécialistes : elle s'inscrit dans une série de travaux et de constatations faites dans quelques unités de recherches virologiques. Dans la conquête que représente ce vaccin idéal, l'équipe de l'Institut Pasteur a battu d'une bonne longueur les chercheurs américains et britanniques.

Sélection

Le virus grippal (100 millimicrons de diamètre) présente des mutations à intervalles réguliers – tous les dix ou quinze ans. Entre-temps, il varie légèrement, mais il lui faut quelques années de ces métamorphoses insensibles avant de présenter un variant typable.

Les incessantes variations du virus s'expliquent par le fait qu'en cas d'épidémie une population s'immunise spontanément, et relativement vite dans sa plus grande partie, contre la souche virale qui l'attaque. Elle constitue donc un milieu sélectif pour la prolifération de nouveaux variants, puisqu'elle impose au virus de changer sa constitution antigénique, c'est-à-dire sa personnalité, pour pouvoir survivre et continuer ses ravages. Le virus est condamné à se modifier au gré des défenses immunitaires de ceux qu'il attaque.

D'autre part, toute nouvelle souche virale, si elle est différente de la précédente, est également toujours dominante sur cette précédente : cette dominance immunologique explique qu'un vaccin fabriqué avec une souche actuelle ne peut, en aucun cas, totalement protéger contre la souche à venir. Un vaccin antigrippal est donc toujours à la traîne : en retard d'un virus, sur celui de demain.

Avance

Afin de tourner cette difficulté, l'équipe de l'Institut Pasteur est partie d'une idée simple : comme le mécanisme de ces variances du virus grippal est connu, il suffit de reproduire à l'avance in vitro ce qui va se produire dans la nature ultérieurement, afin d'obtenir en laboratoire le virus probable de la prochaine épidémie.

Aidés par un Australien, le docteur Fazekas, de Saint-Groth, les chercheurs français ont réussi à obtenir, à partir du virus Hongkong responsable de l'épidémie de 1968, une série de mutants : dès 1971, ils étaient en mesure d'identifier celui de la souche dite anglaise, qui ne fit effectivement son apparition qu'en 1972 ! Le laboratoire avait pu devancer la nature.

Protection

Poursuivant leurs travaux, ils aboutirent à une souche virale encore plus avancée, dont ils ont tout lieu de croire qu'elle sera le successeur de la souche anglaise. C'est à partir de cette souche qu'a été fabriqué le nouveau vaccin. Les spécialistes prévoyaient que des vaccinations de masse effectuées avec ce produit à l'automne 1973 protégeraient les sujets traités contre tous virus grippaux attendus jusqu'en 1978.

Mais si l'année 1978, en bouclant un cycle du virus grippal, marque la fin d'une époque pour celui-ci, que risque-t-il de se passer ensuite ?

Répondre à cette question est très difficile. Deux hypothèses sont envisagées : ou bien la grippe sera, du fait de ce vaccin, définitivement vaincue comme d'autres grandes maladies épidémiques ; ou bien une mutation fera apparaître une nouvelle famille virale et il faudra tout recommencer, à moins que les savants devancent cette mutation in vitro en pistant le virus et soient capables, en 1977, de sortir le vaccin efficace contre le mutant de 1979 !

Adjuvant

Dans une autre perspective de la lutte contre la grippe, le docteur Maurice R. Hillemann (Westpoint, Pennsylvanie) déclarait devant le Symposium international de standardisation biologique (Monaco, mars 1973) qu'une firme pharmaceutique américaine produirait prochainement une nouvelle sorte de vaccin contre la grippe, contenant un adjuvant à base d'huile d'arachide, dit adjuvant 65, qui, pour des raisons purement physiques de dispersion des sites du liquide vaccinal, a la propriété de renforcer et d'élargir la réponse en anticorps des sujets vaccinés.