Très vite, L. Cosgrave prouve qu'il va poursuivre la politique ulstérienne de son prédécesseur : dès le 8 mars, il rencontre E. Heath à Londres. Le Claudia, un cargo chypriote transportant 5 tonnes d'armes pour l'IRA, est arraisonné le 28 mars au large des côtes sud-est de l'Irlande par la marine de la république.

Le 30 mai, les élections présidentielles portent à la succession du vieux chef historique Eamon De Valera Erskine Childers, un protestant, d'origine anglaise, ancien vice-Premier ministre de Lynch. C'est un succès pour le Fianna Fail et peut-être une promesse de coopération avec les protestants de l'Ulster. E. De Valera termine le 24 juin son second mandat présidentiel. C'est la fin d'une époque héroïque et tumultueuse.

Islande

Reykjavik. 210 000. 2. 1,4 %.
Économie. PNB (70) 2 445. Production (69) : G 122. Énerg. (*70) : 4 186. C.E. (70) : 30 %.
Transports. (*70) : 41 000 + 6 200.  : 126 000 tjb. (*70) : 1 745 849 000 pass./km.
Information. (70) : 5 quotidiens ; tirage global : 94 000. (70) : 62 000. (70) : 38 000. (66) : 11 900 fauteuils ; fréquentation : 2,3 M. (70) : 71 000.
Santé. (68) : 271. Mté inf. (70) : 13.
Éducation. (68). Prim. : 27 356. Sec. et techn. : 21 584. Sup. : 1 302.
Institutions. République indépendante le 27 juin 1944. Constitution de 1944. Président de la République : Kristjan Eldjarn, reconduit dans ses fonctions le 1^er août 1972. Premier ministre : Olafur Johannesson.

La guerre de la morue

Trois navires de la marine islandaise quittent Reykjavik, le 27 août 1972, pour une destination inconnue. En fait, avec cinq jours d'avance, ils vont se poster aux points stratégiques de la nouvelle zone de pêche située par l'Islande à 50 milles marins de ses côtes. Ils se heurteront à une flotille de chalutiers allemands et britanniques.

C'est un nouvel épisode de la guerre de la morue. Déjà, en 1958, l'Islande avait porté de 4 à 12 milles marins sa zone de compétence exclusive en matière de pêche. Son intention de procéder à une nouvelle extension à partir du 1^er septembre 1972 – pour préserver la communauté internationale de l'épuisement des richesses naturelles si elles sont mises en coupe réglée sans discernement et parce que le poisson constitue 85 % des exportations du pays – provoque une requête de la RFA et du Royaume-Uni devant la Cour internationale de La Haye. Allemagne et Grande-Bretagne obtiennent satisfaction – bien que leur contingent de poisson soit réduit respectivement de 120 000 à 119 000 t et de 180 000 à 170 000 t – mais l'Islande récuse la compétence de la Cour de La Haye.

Le 19 mai, le conflit prend une tournure plus sérieuse, avec la décision de Londres d'envoyer la Royal Navy protéger ses chalutiers. Les incidents se multiplient. L'Islande transpose alors le conflit sur le plan diplomatique. Pour faire pression sur l'OTAN et les États-Unis, elle demande officiellement, le 25 juin, la révision du traité bilatéral de défense signé avec les États-Unis en 1951, et le départ des forces américaines de la base islandaise de Kevlavick.

Le Kirkjufell

Le 23 janvier à 2 heures du malin, les 5 500 habitants de la ville de Vestmannaeyjar (la cinquième ville d'Islande, située sur l'île d'Heimaey dans l'archipel des Vestmann) étaient brusquement réveillés par de violentes explosions, de vives lumières et de petites secousses du sol : un volcan venait de naître sur le flanc nord-est du vieil Helgafell, un volcan dont la plus récente éruption remontait à plus de 6 000 ans.

Évacuation

Il y eut d'abord une fissure longue d'environ 1 500 m, orientée nord-est-sud-ouest, dans laquelle 15 ou 20 bouches actives projetaient dans l'air des fontaines de laves incandescentes et des cendres volcaniques. Le troisième jour de l'éruption, l'activité se concentra sur une seule bouche, donnant ainsi naissance à un nouveau cône volcanique baptisé Kirkjufell (la Montagne de l'église, car il était situé sur l'emplacement d'une chapelle).

La réaction des autorités islandaises fut remarquable. Dans la matinée même du 23 janvier, tous les habitants de Vestmannaeyjar étaient évacués par avions et par bateaux, sans panique. Seuls restaient sur l'île 500 ou 600 sauveteurs volontaires.