Cela fit l'effet d'une bombe, malgré les conversations entreprises près d'une année plus tôt à Panmunjom entre représentants des Croix-Rouges des deux Corées, en vue de trouver une formule pour les retrouvailles des familles séparées par les événements entre le Nord et le Sud. Depuis la déclaration commune du 4 juillet, les rencontres des deux commissions plénières ont lieu alternativement à Séoul et à Pyongyang, selon un rythme variable mais continu.

En même temps que se poursuivent les conversations qui ont soulevé de grandes espérances d'un côté comme de l'autre de la ligne de démarcation néanmoins toujours aussi hermétiquement close, les deux États prennent des mesures intérieures destinées, apparemment, à rendre moins difficile l'intégration, lorsque la poire sera mûre... En Corée du Nord, à la fin de décembre 1972, a lieu l'élection des députés à l'Assemblée suprême. Cent pour cent des électeurs inscrits se présentent aux urnes, 100 % votent pour les candidats du Parti du peuple, le parti du maréchal Kim Il Sung. À la première session de la cinquième législature qui suit immédiatement les élections, Kim Il Sung est élu président de la République, en vertu de la nouvelle Constitution socialiste. La précédente Constitution datait du 9 septembre 1948. Objet du changement de Constitution (dont le trait principal est de créer une présidence de la République) : légaliser les changements survenus dans les diverses branches de l'activité nationale et internationale.

Pour les observateurs, le souci de Kim Il Sung est de rapprocher le cadre juridique du Nord de celui du Sud. Le 15 avril, une très grande fête nationale se déroule à l'occasion du soixantième anniversaire de Kim Il Sung.

Sur le plan des relations internationales, on souligne que depuis une année 13 pays étrangers ont reconnu le gouvernement de Pyongyang et établi des relations diplomatiques. Au total, la Corée du Nord entretient des relations diplomatiques avec 57 pays, sans compter les délégations commerciales, comme en France, et les bureaux d'information.

Dans le domaine économique, le gouvernement annonçait officiellement en janvier 1973 que les objectifs du plan sexennal 1971-1976 étaient déjà atteints ou dépassés en plusieurs domaines. Concernant l'irrigation et l'électrification, tous les projets étaient réalisés à 100 %. Kim Il Sung, « jetant les bases solides d'une technique socialiste destinée à alléger la peine des travailleurs », avançait trois révolutions techniques :
– effacer la différence entre le travail pénible et le travail léger ;
– effacer la différence entre le travail industriel et le travail agricole ;
– libérer les femmes en allégeant leurs tâches ménagères.

Freinage

En Corée du Sud, pendant la même période, le troisième plan de cinq ans était mis en action, avec un taux de croissance économique fixé à 9 % pour l'année 1972, réalisant une moyenne annuelle de 8,6 % pour l'ensemble de la période quinquennale. Ce qui représente un freinage léger par rapport aux chiffres de la période antérieure (entre 1967-1971, le taux de croissance annuel était de 11,4 %).

À Séoul, deux semaines environ avant la déclaration conjointe du 4 juillet, le président Park Chung Hee demandait, le 14 juin, à la 7e conférence ministérielle du Conseil de l'Asie et du Pacifique, organisation jusque-là délibérément anticommuniste : « Qu'un plus grand nombre de pays se joignent à nos efforts quelles que puissent être les différences existant dans leurs idéologies ou leurs systèmes politiques... »

Constitution

Le 17 octobre 1972, le président Park Chung Hee proclamait la loi martiale pour mettre en œuvre une réforme des structures destinée à permettre la poursuite du dialogue Sud-Nord tout en faisant face à l'évolution rapide de la situation internationale. Certains articles de la Constitution sont suspendus, l'Assemblée nationale dissoute et toutes les activités politiques sont pratiquement interrompues. Soulignant que « nous devons procéder d'urgence au rajustement de nos institutions politiques afin que le dialogue difficile entre le Nord et le Sud puisse être soutenu efficacement », le président Park Chung Hee a rappelé que la Constitution avait été instaurée durant la période de la guerre froide, dans le cadre de la confrontation bipolaire entre l'Est et l'Ouest, quand un dialogue entre Corée du Nord et Corée du Sud était impensable.

Référendum

Une nouvelle Constitution pour les réformes revitalisantes, soumise au référendum national, était approuvée massivement le 22 novembre avec 91,5 % de suffrages favorables. Entrée en vigueur le 27 décembre 1972, elle institue une Conférence nationale pour la réunification, de 2 000 à 5 000 délégués élus au suffrage direct. Cette conférence devient le garant de la souveraineté nationale. D'autre part, les pouvoirs du président sont renforcés, tandis que se trouve introduit le système démocratique direct, par voix de référendum. À l'intérieur du pays, l'accent est mis sur le mouvement Seamaeul Undong, destiné à atténuer puis à supprimer les différences entre les villages et les villes et à stopper l'urbanisation excessive : la capitale Séoul (un million d'habitants en 1940) a dépassé les 6 millions d'habitants au milieu de l'année 1973.

État des émirats arabes unis

Abou Dhabi. 200 000. 2.
Économie. Énerg. (*70) : 806.
Institutions. État fédéral indépendant le 2 décembre 1971. Chef de l'État : cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyane, souverain d'Abou Dhabi. Chef du gouvernement : cheikh Maktoum ben Rached al-Maktoum, prince héritier de Dubaï. (Membres de la fédération : Abou Dhabi, Dubaï, Chardja, Foudjeira, Adjman, Om el-Kaywayn, Ras el-Kheima.)
Abou Dhabi – l'un des États les plus riches du monde avec un revenu annuel par habitant de 20 000 F – s'affirme comme le pays dominant la jeune Fédération. Son armée intervient pour régler des conflits frontaliers ou tribaux (notamment dans la principauté de Foudjeira, été 1972). Grâce à ses revenus pétroliers Abou Dhabi a lancé un plan d'industrialisation d'une grande ampleur. Dubaï, pour sa part, consolide sa position comme centre commercial de la Fédération ; 600 millions de francs sont investis, depuis janvier 1973, dans l'amélioration des installations portuaires. Le président de la Fédération multiplie les contacts avec l'étranger ; rapports avec les États arabes, mais aussi avec la France ; par exemple : un consortium pétrolier est créé (51 % des parts pour la Compagnie française des pétroles) et l'achat de 12 Mirages est négocié.

Formose

T'ai-pei. 13 800 000. 384. 2,6 %.
Économie. PNB (70) 389. Production (70) : G 198 + A *139 + I 312. Énerg. (*70) : 925. C.E. (70) : 26 %.
Transports. (*70) : 6 212 M pass./km, 2 631 M t/km. (*70) : 49 500 + 49 000.  : 1 322 000 tjb. (*70) : 954 001 000 pass./km.
Information. (69) : 1 428 000. (68) : 193 000. (67) : 734 000 fauteuils ; fréquentation : 868,1 M. (70) : 403 000.
Santé. (69) : 4 353. Mté inf. (70) : 17.
Éducation. (69). Prim. : 2 428 041. Sec. et techn. : 1 028 752. Sup. : 184 215.
Institutions. République (réfugiée dans l'île de T'ai-wan [Formose] après la victoire communiste de 1949). Président de la République : Chang Kaï-chek, réélu le 21 mars 1972 pour la cinquième fois. Premier ministre : Tchiang Ching-kuo. Élections législatives, municipales et provinciales du 23 décembre 1972 : succès du parti nationaliste (Kouomintang).

Inde

New Delhi. 550 370 000. 165. 2,1 %.
Économie. PNB (69) 94. Production (70) : G 129 + A *117 + I 139. Énerg. (*70) : 191. C.E. (69) : 4 %.
Transports. (69) : 113 382 M pass./km, 128 248 M t/km. (*70) : 606 100 + 507 500.  : 2 478 000 tjb. (*70) : 3 555 294 000 pass./km.
Information. (69) : 650 quotidiens ; tirage global : *7 687 000. (70) : 11 837 000. (70) : 25 000. (69) : 4 000 000 fauteuils ; fréquentation : 2 190 M. (70) : 1 175 000.
Santé. (67) : 110 884.
Éducation. (65). Prim. : 49 499 000. Sec. et techn. : 7 650 102. Sup. : 1 054 273.
Institutions. République fédérale, indépendante le 26 janvier 1950. Constitution de 1950. Président de la République : Varahgiri Giri, élu le 16 août 1969, succède au Dr Zakir Hussein, décédé. Premier ministre : Mme Indira Gandhi.

Trois menaces : sécheresse, séparatisme et crise économique

Une mauvaise mousson, une inflation sans précédent, une renaissance de l'agitation sociale et politique, remettent en cause le développement de l'Inde et l'autorité d'I. Gandhi, qu'avait affermie sa victoire de 1971 sur le Pakistan.