– Au-delà du contenu des revendications, les syndicats sont surtout à la recherche d'une stratégie. La CGT s'en tient à une formule classique : à la base, des débrayages suffisants pour créer un climat, mais limités pour ne pas risquer d'être débordée par la gauche et pour ne pas effrayer les électeurs ; au sommet, un vaste rassemblement unitaire regroupant partis, syndicats et toutes les organisations démocratiques sur la base d'un programme commun. La CFDT a, depuis 1968, découvert l'action dans les entreprises ; le syndicat ne doit être qu'un incitateur et se mettre au service des groupes spontanés qui se révèlent à eux-mêmes au fil de l'action. Il n'est évidemment pas sûr que si une crise majeure surgissait la CFDT serait à elle seule capable de l'encadrer. Mais la CGT, de son côté, sait que sa stratégie ne peut aboutir que si l'union de la gauche vient constituer un prolongement politique à son agitation sociale raisonnable. Les deux démarches sont complémentaires. C'est pourquoi les deux confédérations sont condamnées à collaborer, même si elles ne le souhaitent plus.

La formation professionnelle permanente

Essentielle pour le développement économique et social, la formation continue, instituée par la loi du 16 juillet 1971 (Journal de l'année 1970-71), devient une réalité en 1972.

Cinq décrets, parus le 11 décembre 1971, constituent une véritable charte, qui précise les modalités de l'application de la loi et articule cette réforme autour de deux notions principales : les salariés ont un nouveau droit : celui de s'absenter durant les heures de travail pour recevoir une formation ; les employeurs ont une double obligation : celle de laisser s'absenter leurs salariés sous certaines conditions et celle de participer au financement de cette formation.

Le financement est assuré par l'État et les entreprises. Désormais :
– Les entreprises employant au moins 10 salariés doivent verser une contribution de 0,8 % du montant des salaires payés au cours de l'année 1972. Cette contribution augmentera progressivement pour atteindre 2 % en 1976 ;
– Ce financement des actions de formation alimente indifféremment les actions de formation dans ou hors l'entreprise ; il peut se faire également par une participation à un Fonds d'assurance formation.

Trois formules

Les actions de formation professionnelle se tiennent normalement dans des locaux distincts des lieux de production. Cependant, un enseignement pratique peut se tenir dans l'entreprise, à condition qu'il y ait un personnel enseignant qualifié, un plan de formation, une appréciation des résultats obtenus, et qu'un rapport soit remis au comité d'entreprise.

Lorsque les actions de formation professionnelles sont organisées en dehors des entreprises, les employeurs peuvent passer des conventions avec des organismes professionnels ou interprofessionnels. Les organismes qui se chargent de cette formation reçoivent non seulement les versements des employeurs, mais aussi une aide de l'État.

Une troisième formule est offerte aux employeurs : le financement des fonds d'assurance formation, qui regroupent les versements de plusieurs entreprises ou groupements de salariés. Définis contractuellement par les employeurs et les salariés, ils sont destinés uniquement à la formation. Ils peuvent être de deux types : fonds d'assurance formation des travailleurs salariés et fonds d'assurance formation des travailleurs non salariés.

Le droit au congé

Désormais, tout au long de sa vie active, le salarié peut, s'il le désire, effectuer des stages de formation professionnelle. Ce droit n'entraîne ni la rupture du contrat de travail ni une diminution du congé annuel ou de l'ancienneté.

Ces stages, obtenus sur une simple demande adressée à l'employeur un ou deux mois à l'avance, tiennent compte de l'ancienneté (2 ans au minimum et 6 mois seulement pour les salariés de moins de 20 ans) et de l'effectif maximal des travailleurs pouvant en bénéficier sans que la production de l'entreprise en soit affectée. Ils durent un an au maximum (stages à temps plein) ou 1 200 heures (stages à temps partiel) ; davantage, s'il s'agit d'un stage de promotion. Un délai minimal d'un an doit s'écouler entre deux stages.

La rémunération

La rémunération des stagiaires n'est pas obligatoire ; seules les dispositions contractuelles en décident. Cependant, une aide de l'État joue, que le stagiaire soit ou non rémunéré contractuellement. Dans le cas où il est rémunéré, c'est un remboursement à l'entreprise du salaire versé. Dans le second cas, l'État aide directement le stagiaire.