Des pièces de bonne qualité vendues par Me Henry Martin à Angers les 10 et 11 juin 1972 (collection du capitaine Hayer, P.-M. Glain, expert) ont été adjugées 3 480 F pour une paire de pistolets fin XVIIIe, 5 600 F pour une paire de pistolets modèle 1816, et 7 500 F pour un coffret de pistolets de duel à percussion second Empire.

Tableaux et dessins anciens

La peinture du XVe au XVIIe poursuit une ascension d'autant plus justifiée que les toiles de qualité « ne sont pas à leur prix », comme le soutiennent les experts. Et cette réflexion prend toute sa valeur devant les cotes trop rapidement atteintes pour des créations contemporaines. L'engouement pour l'op'art, le pop'art ou le mec'art relève davantage d'un calcul spéculatif que de l'amour de l'art. À l'inverse, la lente montée des tableaux anciens est une garantie d'avenir.

Il est possible de trouver d'excellentes toiles des écoles françaises des XVIIe et XVIIIe à sujets mythologiques ou religieux de 1 000 à 5 000 F (Drouot, 29-XI-71). Les tableaux d'histoire, même anonymes, gardent leur attrait : Les Trois-Glorieuses, école française vers 1830, œuvre à l'huile sur bois, s'est payée 6 600 F le 28-IV-72 à Drouot.

– PRIMITIF SIENNOIS DU XVe (28 × 38,5) : 116 000 F. Galliera, 14-III-72.

– ÉCOLE DE MICHEL WOHLGEMUTH (XVe), maître de Dürer : Résurrection (panneau 74 × 59), 110 000 F. Galliera, 7-XII-71.

– LUCAS CRANACH (XVIe), 2 portraits (37,5 × 24,5) : 630 000 F. Galliera, 7-III-72.

– F. BOUCHER, Vénus et les amours, Vénus et Adonis, 2 toiles (265 × 86) : 891 600 F. Galliera, 25-XI-71.

– JOSEPH DUCREUX (peintre oublié du XVIIIe), autoportrait (175 × 90,5) : 215 000 F. Galliera, 25-XI-71.

Les aquarelles et dessins anciens, dont la hausse s'est confirmée, ont connu une augmentation plus nette que la peinture ancienne.

Tableaux modernes

L'impressionnisme de qualité maintient une cote élevée, mais on note un tassement sur les œuvres sans éclat et les toiles post-impressionnistes. Les amateurs regardent désormais davantage la qualité de l'œuvre que la seule signature.

Parmi les valeurs en hausse, les peintres de la fin du XIXe et de la Belle Époque confirment leurs cours, notamment l'école de Barbizon et l'école de Rouen dans le sillage de Boudin. Toulouse-Lautrec bat tous les records avec 1 100 000 F pour une petite danseuse sur un divan rose (Galliera, 26-XI-71).

– COROT, Pont de Mantes (54 × 80), 405 000 F. Galliera, 16-III-72.

– ODILON REDON, pastel (80 × 65) : 580 000 F. Galliera, 16-III-72.

– GUSTAVE MOREAU, Desdémone (panneau 68 × 40) : 300 000 F. Galliera, 16-III-72.

– BONNARD, Après déjeuner (63 × 48) : 385 600 F. Galliera, 8-XII-71.

Les pointillistes, les symbolistes, les fauves et les cubistes consolident leurs cotes, tandis que les surréalistes provoquent des surenchères qui laissent présager de nouvelles hausses.

– LIPCHITZ, L'homme au violoncelle, encre de Chine et gouache (50 × 33) : 29 500 F. Galliera, 24-V-72.

– JUAN GRIS, Arlequin, 1919 (116 × 89) : 605 000 F. Galliera, 28-XI-71.

– DUBUFFET, La montagne rose, 1952 (92 × 122) : 135 000 F. Galliera, 29-V-72.

– CHIRICO, Combat des amazones (66 × 80) : 350 000 F. Galliera, 29-V-72.

– PICASSO, La femme au chien afghan (140 × 114) : 250 000 F. Galliera, 29-V-72.

Mais un des phénomènes les plus remarquables est la mise sur le marché des œuvres d'avant-garde de créateurs contemporains jusqu'alors présentés dans les galeries.

– MIRALDA, Nouveau soldat soldé : 7 000 F. Galliera, 12-III-72.

– CESAR, Compression (boîte d'insecticide) : 5 000 F. Galliera, 12-III-72.

– YVES KLEIN, Éponge peinte en rose : 16 000 F. Galliera, 12-III-72.

Quant à la sculpture du XXe siècle, Laurens maintient une cote élevée, même en petit format : Femme à la draperie (h. 54) : 39 540 F ; de même qu'Archipenko, Figure couchée : 19 770 F ; et Arp, marbre : 26 360 F. Londres, 2-XII-71.

Les cires perdues de Degas sont toujours recherchées : 91 000 F. Galliera, 16-V-72. Les petits bronzes animaliers fin XIXe subissent un tassement. Les bronzes de Daumier sont en recul très net pour avoir été refondus à de trop nombreux exemplaires.

Estampes

L'élargissement du public des amateurs d'estampes a contribué à une hausse de l'ordre de 15 % en un an. Les préférences vont aux œuvres romantiques, au genre fantastique et au surréalisme. Les vues de Paris sont toujours appréciées : une eau-forte de Jacques Callot, représentant le Louvre, s'est enlevée à 1 300 F, et le Palais-Royal, dessiné et gravé par Debucourt (fin XVIIIe), a atteint 11 000 F. Drouot, 15-X-71.